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  • Conseillé par (Fontaine Haussmann)
    17 septembre 2012

    Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

    Il s'agit d'un homme. Cet homme est un génie. Un génie auréolé d'or à travers toute l'Italie et bien au-delà encore. On ne lui refuse rien. Le sultan de Constantinople a besoin de ses services, il le convoque. Michel Ange, puisqu'il s'agit de lui, ne peut refuser, d'autant que son rival, Léonard de Vinci a échoué. Sa mission, construire un pont sur la Corne d'or. Michel Ange découvre alors un pays, sa culture, sa danse, sa poésie, tous ses sens sont en eveil, il est emmerveillé. Michel Ange le génie est aussi et avant tout un homme, un homme sensible dans toute sa simplicité et son innocence.   Un roman plein de charme basé sur un fait historique méconnu, les dessins originaux du pont sont dans le livre.  


  • 22 mars 2011

    Prix Goncourt des lycéens en 2010

    Le style est ciselé, lyrique, poétique et il nous emporte en deux mots sur les rives de l’histoire avec une facilité déconcertante :

    « Je sais que les hommes sont des enfants qui chassent leur désespoir par la colère, leur peur dans l’amour ; au vide, ils répondent en construisant des châteaux et des temples. Ils s’accrochent à des récits, ils les poussent devant eux comme des étendards ; chacun fait sienne une histoire pour se rattacher à la foule qui la partage. On les conquiert en leur parlant de batailles, d’éléphants, de rois et d’êtres merveilleux ; en leur racontant le bonheur qu’il y aura au-delà de la mort, la lumière vive qui a présidé à leur naissance, les anges qui leur tournent autour, les démons qui les menacent, et l’amour, l’amour, cette promesse d’oubli et de satiété. » (p.66)

    - Tel un poète, Michel Ange veut sublimer le monde, lui apporter de la beauté pour que la nuit ne triomphe pas. Ce n’est pas seulement un pont qu’il souhaite construire, mais une véritable œuvre d’art inscrite dans l’éternité. La vie et ses contingences auront raison de ses projets…

    - Michel Ange est saisi dans l’immédiateté de son histoire personnelle mais aussi de la grande Histoire. Le fait d’ancrer ce court récit dans une réalité historique apporte un souffle de magie supplémentaire aux instants fugaces saisis dans la vie de cet homme illustre.

    - La légèreté de ce petit roman me laisse penser qu’il ne me laissera pas une impression durable…


  • Conseillé par
    15 octobre 2010

    J'avais envie d'aimer ce roman qui joue sur les ambivalences: Constantinople qui est à la frontière de l'Orient et de l'Occident, Michel-Ange qui se laisse séduire par la beauté d'une femme androgyne, son amour pour la beauté mais son impossibilité d'aimer un être. Mathias Enard aime les mots, il le dit et ça se sent. Mais finalement, je me rends compte en lisant son roman que je préfère les phrases à la précision des mots.

    En lisant ce livre, j'ai eu l'impression d'entendre une interview de Mathias Enard: les mots sont précis, les phrases bien construites mais il y a aussi un côté pompeux qui m'agace. Les personnages m'ont laissée de marbre et j'ai regretté qu'on ne nous fasse pas davantage découvrir Constantinople. Heureusement, pour Mathias Enard, mon avis est, comme souvent, minoritaire et il est dans la deuxième sélection du prix Goncourt. Personnellement, je ne parierais pas sur lui mais plutôt sur Naissance d'un Pont que je n'ai pas aimé non plus mais qui a un vrai style. Et décidément, j'ai du mal avec ces romans qui inventent un pan de vie d'un personnage célèbre.


  • Conseillé par
    31 août 2010

    Dans cette rentrée littéraire, le livre de Mathias Enard attire l’œil. D’abord en raison de son titre, pour le moins surprenant. Puis par la beauté de sa couverture qui donne des envies de voyage et de méditation au crépuscule. Que cachent donc ces mystères bleus?

    S’appuyant sur quelques indices tangibles : l’invitation d’un sultan, quelques lettres, l’esquisse d’un projet de pont, une dague exposée dans une vitrine et la biographie d’un poète, Mathias Enard laisse aller son imagination et déroule une histoire originale. Il raconte, en effet, en de courts chapitres, les quelques semaines que Michel-Ange a passées, en 1506, à Constantinople. Bravant la colère et la puissance du pape Jules II qui a froissé son orgueil, l’artiste se rend, en effet, en terre musulmane à l’invitation du sultan Bajazet. Ce dernier rêve de faire construire par le sculpteur un pont sur la Corne d’Or.
    Michel-Ange, homme de la Renaissance, découvre les beautés de Constantinople : Sainte-Sophie, la bibliothèque du Sultan, les jeux de lumière dans les bâtiments, l’écriture arabe, la musique et la danse… Cherchant d’abord à s’imprégner de l’atmosphère, il parcourt la ville en compagnie d’un interprète et d’un poète que le vizir a mis dans ses pas. S’ensuivra une amitié étrange, des hésitations, une trahison et le miracle de la création.

    Très bien écrit, ce livre a pour lui l’originalité de son sujet, l’équilibre qu’il parvient à produire entre fiction et réalité, à la manière de ce pont qu’on imagine enjamber le Bosphore et le personnage de Michelangelo, célèbre déjà mais pas encore au point que l’on sait, dont la personnalité, tout en demi-teintes, affleure sous les mots. Seul défaut : sa brièveté! Eh oui, on commence à peine à s’attacher aux personnages que l’épilogue déjà apparaît…