- EAN13
- 9782081261785
- Éditeur
- Flammarion
- Date de publication
- 09/02/2011
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
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La fonction première de l’État moderne est d’assurer la protection de ses
citoyens : de les protéger les uns des autres et de les défendre contre les
adversaires extérieurs. Pourtant, les violences à l’égard des populations
civiles, les génocides, nettoyages ethniques ou massacres organisés sont pour
l’essentiel perpétrés par des États et, dans une large mesure, contre leurs
propres citoyens. Le présent essai montre que ces actes ne sont pas des
accidents contingents, mais des événements inscrits dans la structure même de
l’État. Par un saisissant retournement, ce dernier, ne pouvant plus faire de
l’ennemi extérieur un bouc émissaire, s’est mis à multiplier les ennemis de
l’intérieur. Cet affolement de la raison politique révèle l’échec de son
mécanisme constitutif : le transfert de la violence vers des victimes
acceptables. Ainsi l’ordre politique moderne, censé remplacer le sacrifice
archaïque, repose sur une économie de la violence de même nature, mais
beaucoup moins efficace. Les sacrifices à la nation, à la cause ouvrière ou à
toute cause transcendant l’individu sont, eux aussi, devenus inutiles. La
violence politique s’avère incapable de donner naissance à un ordre stable.
Cette autodestruction du politique est l’un des signes les plus inquiétants de
notre temps.
citoyens : de les protéger les uns des autres et de les défendre contre les
adversaires extérieurs. Pourtant, les violences à l’égard des populations
civiles, les génocides, nettoyages ethniques ou massacres organisés sont pour
l’essentiel perpétrés par des États et, dans une large mesure, contre leurs
propres citoyens. Le présent essai montre que ces actes ne sont pas des
accidents contingents, mais des événements inscrits dans la structure même de
l’État. Par un saisissant retournement, ce dernier, ne pouvant plus faire de
l’ennemi extérieur un bouc émissaire, s’est mis à multiplier les ennemis de
l’intérieur. Cet affolement de la raison politique révèle l’échec de son
mécanisme constitutif : le transfert de la violence vers des victimes
acceptables. Ainsi l’ordre politique moderne, censé remplacer le sacrifice
archaïque, repose sur une économie de la violence de même nature, mais
beaucoup moins efficace. Les sacrifices à la nation, à la cause ouvrière ou à
toute cause transcendant l’individu sont, eux aussi, devenus inutiles. La
violence politique s’avère incapable de donner naissance à un ordre stable.
Cette autodestruction du politique est l’un des signes les plus inquiétants de
notre temps.
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