Les entreprises et l'égalité femmes-hommes

Le code du travail stipule depuis 2008 qu'"Il incombe à l'employeur de prendre
en compte les objectifs en matière d'égalité professionnelle entre les femmes
et les hommes dans l'entreprise et les mesures permettant de les atteindre".
Malgré une pression croissante de l’opinion publique pour faire avancer
l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, malgré des
contraintes légales accrues pour les employeurs et les engagements successifs
des gouvernements, on enregistre peu de progrès dans ce domaine depuis le
début des années 2000, et ceci dans pratiquement tous les pays du monde. Le
salaire horaire moyen des femmes, toutes professions du secteur privé
confondues, représentait en 2020 84% de celui des hommes en France. Ce rapport
est stable depuis. Cette inertie pose question. Qu’est-ce qui bloque les
progrès ? Quelles politiques seraient plus efficaces ? Est-il possible, et à
quelles conditions, que les politiques d’égalité professionnelle menées dans
les entreprises puissent lever les obstacles constatés et faire avancer la
société vers plus d’égalité entre les femmes et les hommes ? Sans doute, si
elles suivent une démarche en trois temps : il faut 1/ que ces politiques
internes soient testées et validées scientifiquement 2/qu’elles aient prouvé
leur efficacité, à court et à moyen terme 3/que les partenaires sociaux soient
associés dès le début à la réflexion sur la mesure envisagée puis à son
éventuelle généralisation. Economiste, professeure à l’Université Paris
Nanterre (UMR EconomiX 7235), Dominique Meurs est également directrice
exécutive de la Chaire Travail à Paris School of Economics, co-responsable du
programme travail au Cepremap et chercheuse associée à l’Ined. Elle est
notamment l’auteure de Hommes/Femmes, une impossible égalité professionnelle
(Editions rue d’Ulm, 2014).