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Aide EAN13 : 9789999997430
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Mina de Vanghel naquit dans le pays de la philosophie et de limagination, à
Koenigsberg. Vers la fin de la campagne de France, en 1814, le général
prussien comte de Vanghel quitta brusquement la cour et larmée. Un soir,
cétait à Craonne, en Champagne, après un combat meurtrier où les troupes sous
ses ordres avaient arraché la victoire, un doute assaillit son esprit : un
peuple a-t-il le droit de changer _la manière intime et rationnelle suivant
laquelle un autre peuple veut régler son existence_ _matérielle et morale_ ?
Préoccupé de cette grande question, le général résolut de ne plus tirer lépée
avant de lavoir résolue ; il se retira dans ses terres de Koenigsberg.
Surveillé de près par la police de Berlin, le comte de Vanghel ne soccupa que
de ses méditations philosophiques et de sa fille unique, Mina. Peu dannées
après, il mourut, jeune encore, laissant à sa fille une immense fortune, une
mère faible et la disgrâce de la cour, ce qui nest pas peu dire dans la
fière Germanie. Il est vrai que, comme paratonnerre contre ce malheur, Mina de
Vanghel avait un des noms les plus nobles de lAllemagne orientale. Elle
navait que seize ans ; mais déjà le sentiment quelle inspirait aux jeunes
militaires qui faisaient la société de son père allait jusquà la vénération
et à lenthousiasme ; ils aimaient le caractère romanesque et sombre qui
quelquefois brillait dans ses regards.
Une année se passa ; son deuil finit, mais la douleur où lavait jetée la mort
de son père ne diminuait point. Les amis de madame de Vanghel commençaient à
prononcer le terrible mot de _maladie de poitrine_. Il fallut cependant, à
peine le deuil fini, que Mina parût à la cour dun prince souverain dont elle
avait lhonneur dêtre un peu parente.
En partant pour C..., capitale des États du grand-duc, madame Vanghel,
effrayée des idées romanesques de sa fille et de sa profonde douleur, espérait
quun mariage convenable et peut-être un peu damour la rendraient aux idées
de son âge.
Que je voudrais, lui disait-elle, vous voir mariée dans ce pays !
Dans cet ingrat pays ! dans un pays, lui répondait sa fille dun air pensif,
où mon père, pour prix de ses blessures et de vingt années de dévouement, na
trouvé que la surveillance de la police la plus vile qui fut jamais ! Non,
plutôt changer de religion et aller mourir religieuse dans le fond de quelque
couvent catholique !
Koenigsberg. Vers la fin de la campagne de France, en 1814, le général
prussien comte de Vanghel quitta brusquement la cour et larmée. Un soir,
cétait à Craonne, en Champagne, après un combat meurtrier où les troupes sous
ses ordres avaient arraché la victoire, un doute assaillit son esprit : un
peuple a-t-il le droit de changer _la manière intime et rationnelle suivant
laquelle un autre peuple veut régler son existence_ _matérielle et morale_ ?
Préoccupé de cette grande question, le général résolut de ne plus tirer lépée
avant de lavoir résolue ; il se retira dans ses terres de Koenigsberg.
Surveillé de près par la police de Berlin, le comte de Vanghel ne soccupa que
de ses méditations philosophiques et de sa fille unique, Mina. Peu dannées
après, il mourut, jeune encore, laissant à sa fille une immense fortune, une
mère faible et la disgrâce de la cour, ce qui nest pas peu dire dans la
fière Germanie. Il est vrai que, comme paratonnerre contre ce malheur, Mina de
Vanghel avait un des noms les plus nobles de lAllemagne orientale. Elle
navait que seize ans ; mais déjà le sentiment quelle inspirait aux jeunes
militaires qui faisaient la société de son père allait jusquà la vénération
et à lenthousiasme ; ils aimaient le caractère romanesque et sombre qui
quelquefois brillait dans ses regards.
Une année se passa ; son deuil finit, mais la douleur où lavait jetée la mort
de son père ne diminuait point. Les amis de madame de Vanghel commençaient à
prononcer le terrible mot de _maladie de poitrine_. Il fallut cependant, à
peine le deuil fini, que Mina parût à la cour dun prince souverain dont elle
avait lhonneur dêtre un peu parente.
En partant pour C..., capitale des États du grand-duc, madame Vanghel,
effrayée des idées romanesques de sa fille et de sa profonde douleur, espérait
quun mariage convenable et peut-être un peu damour la rendraient aux idées
de son âge.
Que je voudrais, lui disait-elle, vous voir mariée dans ce pays !
Dans cet ingrat pays ! dans un pays, lui répondait sa fille dun air pensif,
où mon père, pour prix de ses blessures et de vingt années de dévouement, na
trouvé que la surveillance de la police la plus vile qui fut jamais ! Non,
plutôt changer de religion et aller mourir religieuse dans le fond de quelque
couvent catholique !
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