www.leslibraires.fr
Illuminations
EAN13
9789999998765
Éditeur
NumiLog
Langue
français

Illuminations

NumiLog

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9789999998765
    • Fichier EPUB, avec DRM Adobe
      Impression

      Impossible

      Copier/Coller

      Impossible

      Partage

      6 appareils

      Lecture audio

      Impossible

    2.00
**

Enfance

I

**

Cette idole, yeux noirs et crin jaune, sans parents ni cour, plus noble que la
fable, mexicaine et flamande ;

son domaine, azur et verdure insolents, court sur des plages nommées, par des
vagues sans vaisseaux, de noms férocement grecs, slaves, celtiques.

À la lisière de la forêt – les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent, –
la fille à lèvre d'orange, les genoux croisés dans le clair déluge qui sourd
des prés, nudité qu'ombrent, traversent et habillent les arcs-en-ciel, la
flore, la mer.

Dames qui tournoient sur les terrasses voisines de la mer ; enfantes et
géantes, superbes noires dans la mousse vert-de-gris, bijoux debout sur le sol
gras des bosquets et des jardinets dégelés – jeunes mères et grandes soeurs
aux regards pleins de pèlerinages, sultanes, princesses de démarche et de
costume tyran-niques, petites étrangères et personnes doucement malheureuses.

Quel ennui, l'heure du « cher corps » et « cher coeur ».

**II

**

C'est elle, la petite morte, derrière les rosiers. – La jeune maman trépassée
descend le perron – La calèche du cousin crie sur le sable – Le petit frère –
(il est aux Indes ! ) là, devant le couchant, sur le pré d'oeillets. – Les
vieux qu'on a enterrés tout droits dans le rempart aux giroflées.

L'essaim des feuilles d'or entoure la maison du général. Ils sont dans le
midi. – On suit la route rouge pour arriver à l'auberge vide. Le château est à
vendre ; les persiennes sont détachées. – Le curé aura emporté la clef de
l'église. – Autour du parc, les loges des gardes sont inhabitées. Les
palissades sont si hautes qu'on ne voit que les cimes bruissantes. D'ailleurs
il n'y a rien à voir là-dedans.

Les prés remontent aux hameaux sans coqs, sans enclumes. L'écluse est levée. Ô
les calvaires et les moulins du désert, les îles et les meules.

Des fleurs magiques bourdonnaient. Les talus _le_ berçaient. Des bêtes d'une
élégance fabuleuse circulaient. Les nuées s'amassaient sur la haute mer faite
d'une éternité de chaudes larmes.

**III

**

Au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir.

Il y a une horloge qui ne sonne pas.

Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches.

Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.

Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis, ou qui descend le
sentier en courant, enrubannée.

Il y a une troupe de petits comédiens en costumes, aperçus sur la route à
travers la lisière du bois.

Il y a enfin, quand l'on a faim et soif, quelqu'un qui vous chasse.

**IV

**

Je suis le saint, en prière sur la terrasse, – comme les bêtes pacifiques
paissent jusqu'à la mer de Palestine.

Je suis le savant au fauteuil sombre. Les branches et la pluie se jettent à la
croisée de la bibliothèque.

Je suis le piéton de la grand'route par les bois nains ; la rumeur des écluses
couvre mes pas. Je vois longtemps la mélancolique lessive d'or du couchant.
S'identifier pour envoyer des commentaires.