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Aide EAN13 : 9789999998925
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Jétais à Paris en 18... Après une sombre et orageuse soirée dautomne, je
jouissais de la double volupté de la méditation et dune pipe décume de mer,
en compagnie de mon ami Dupin, dans sa petite bibliothèque ou cabinet détude,
rue Dunot, n°33, au troisième, faubourg Saint-Germain. Pendant une bonne
heure, nous avions gardé le silence ; chacun de nous, pour le premier
observateur venu, aurait paru profondément et exclusivement occupé des
tourbillons frisés de fumée qui chargeaient latmosphère de la chambre. Pour
mon compte, je discutais en moi-même certains points qui avaient été dans la
première partie de la soirée lobjet de notre conversation ; je veux parler de
laffaire de la rue Morgue, et du mystère relatif à lassassinat de Marie
Roget. Je rêvais donc à lespèce danalogie qui reliait ces deux affaires,
quand la porte de notre appartement souvrit et donna passage à notre vieille
connaissance, à M. G..., le préfet de police de Paris.
Nous lui souhaitâmes cordialement la bienvenue ; car lhomme avait son côté
charmant comme son côté méprisable, et nous ne lavions pas vu depuis quelques
années. Comme nous étions assis dans les ténèbres, Dupin se leva pour allumer
une lampe ; mais il se rassit et nen fit rien, en entendant G... dire quil
était venu pour nous consulter, ou plutôt pour demander lopinion de mon ami
relativement à une affaire qui lui avait causé une masse dembarras.
Si cest un cas qui demande de la réflexion, observa Dupin, sabstenant
dallumer la mèche, nous lexaminerons plus convenablement dans les ténèbres.
Voilà encore une de vos idées bizarres, dit le préfet, qui avait la manie
dappeler bizarres toutes les choses situées au delà de sa compréhension, et
qui vivait ainsi au milieu dune immense légion de bizarreries.
Cest, ma foi, vrai ! dit Dupin en présentant une pipe à notre visiteur, et
roulant vers lui un excellent fauteuil.
Et maintenant, quel est le cas embarrassant ? demandai-je ; jespère bien
que ce nest pas encore dans le genre assassinat.
Oh ! non. Rien de pareil. Le fait est que laffaire est vraiment très
simple, et je ne doute pas que nous ne puissions nous en tirer fort bien nous-
mêmes ; mais jai pensé que Dupin ne serait pas fâché dapprendre les détails
de cette affaire, parce quelle est excessivement _bizarre_.
Simple et bizarre, dit Dupin.
Mais oui ; et cette expression nest pourtant pas exacte ; lun ou lautre,
si vous aimez mieux. Le fait est que nous avons été tous là-bas fortement
embarrassés par cette affaire ; car, toute simple quelle est, elle nous
déroute complètement.
Peut-être est-ce la simplicité même de la chose qui vous induit en erreur,
dit mon ami.
Quel non-sens nous dites-vous là ! répliqua le préfet, en riant de bon
coeur.
Peut-être le mystère est-il un peu _trop_ clair, dit Dupin.
Oh ! bonté du ciel ! qui a jamais ouï parler dune idée pareille.
_
La Lettre volée.
_
jouissais de la double volupté de la méditation et dune pipe décume de mer,
en compagnie de mon ami Dupin, dans sa petite bibliothèque ou cabinet détude,
rue Dunot, n°33, au troisième, faubourg Saint-Germain. Pendant une bonne
heure, nous avions gardé le silence ; chacun de nous, pour le premier
observateur venu, aurait paru profondément et exclusivement occupé des
tourbillons frisés de fumée qui chargeaient latmosphère de la chambre. Pour
mon compte, je discutais en moi-même certains points qui avaient été dans la
première partie de la soirée lobjet de notre conversation ; je veux parler de
laffaire de la rue Morgue, et du mystère relatif à lassassinat de Marie
Roget. Je rêvais donc à lespèce danalogie qui reliait ces deux affaires,
quand la porte de notre appartement souvrit et donna passage à notre vieille
connaissance, à M. G..., le préfet de police de Paris.
Nous lui souhaitâmes cordialement la bienvenue ; car lhomme avait son côté
charmant comme son côté méprisable, et nous ne lavions pas vu depuis quelques
années. Comme nous étions assis dans les ténèbres, Dupin se leva pour allumer
une lampe ; mais il se rassit et nen fit rien, en entendant G... dire quil
était venu pour nous consulter, ou plutôt pour demander lopinion de mon ami
relativement à une affaire qui lui avait causé une masse dembarras.
Si cest un cas qui demande de la réflexion, observa Dupin, sabstenant
dallumer la mèche, nous lexaminerons plus convenablement dans les ténèbres.
Voilà encore une de vos idées bizarres, dit le préfet, qui avait la manie
dappeler bizarres toutes les choses situées au delà de sa compréhension, et
qui vivait ainsi au milieu dune immense légion de bizarreries.
Cest, ma foi, vrai ! dit Dupin en présentant une pipe à notre visiteur, et
roulant vers lui un excellent fauteuil.
Et maintenant, quel est le cas embarrassant ? demandai-je ; jespère bien
que ce nest pas encore dans le genre assassinat.
Oh ! non. Rien de pareil. Le fait est que laffaire est vraiment très
simple, et je ne doute pas que nous ne puissions nous en tirer fort bien nous-
mêmes ; mais jai pensé que Dupin ne serait pas fâché dapprendre les détails
de cette affaire, parce quelle est excessivement _bizarre_.
Simple et bizarre, dit Dupin.
Mais oui ; et cette expression nest pourtant pas exacte ; lun ou lautre,
si vous aimez mieux. Le fait est que nous avons été tous là-bas fortement
embarrassés par cette affaire ; car, toute simple quelle est, elle nous
déroute complètement.
Peut-être est-ce la simplicité même de la chose qui vous induit en erreur,
dit mon ami.
Quel non-sens nous dites-vous là ! répliqua le préfet, en riant de bon
coeur.
Peut-être le mystère est-il un peu _trop_ clair, dit Dupin.
Oh ! bonté du ciel ! qui a jamais ouï parler dune idée pareille.
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La Lettre volée.
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