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Introduction aux civilisations latino-américaines
EAN13
9782200353643
ISBN
978-2-200-35364-3
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
U
Nombre de pages
123
Dimensions
18 x 13 x 0,8 cm
Poids
134 g
Langue
français
Code dewey
980

Introduction aux civilisations latino-américaines

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Dirigé par

Armand Colin

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1?>Qu'est-ce que l'Amérique latine ??>1. Diversité?>Le pluriel de l'expression « les civilisations latino-américaines » manifeste bien la difficulté, sinon à cerner, du moins à justifier la prise en considération d'un ensemble nommé Amérique latine. Qu'est-ce que l'Amérique latine ? Quels traits communs autorisent à ranger dans une même catégorie ce que, naguère, le journaliste Marcel Niedergang a appelé les « Vingt Amériques latines » ?1.1 Sur le plan géographiqueLes cartes géographiques répondent d'emblée que l'on regroupe sous ce terme la plupart des nations situées entre le rio Grande – qui, dans l'hémisphère Nord, sépare les États-Unis du Mexique – et la Patagonie, à proximité du cercle austral. Toutefois, même si les géographes remarquent que la configuration continentale place la plus grande partie de l'ensemble sous l'influence climatique des tropiques, son allongement sur plus de 9 000 kilomètres, entre le 32e parallèle nord et le 56e sud, et sa morphologie diversifiée, des côtes antillaises luxuriantes aux cimes andines, des savanes vénézuéliennes aux déserts côtiers péruviens, créent une diversité régionale qui nie toute unité géographique.1.2 Sur le plan ethnique, sociologique et politiqueLes données ethniques ne sont pas plus homogènes : malgré l'exaltation, par le Mexicain Vasconcelos, par exemple, en 1925, de la race cosmique quepourrait incarner le métis, l'examen de photographies scolaires argentines, mexicaines ou cubaines montrerait une disparité physique probablement plus accentuée en Amérique latine qu'en Asie ou en Afrique. On retrouve cette disparité sur le plan sociologique puisque, partout, émergent des groupes humains dont le modernisme n'a rien à envier aux sociétés occidentales développées sans que, globalement, l'Amérique latine ait pu encore éradiquer des modes de vie qui évoquent, par leur archaïsme, certaines zones rurales africaines ou asiatiques. D'un point de vue politique, enfin, les tentatives de rapprochement inabouties depuis le congrès de Panamá convoqué par le libérateur Simón Bolívar en 1826 jusqu'aux processus d'intégration actuels, ne dissimulent pas une fragmentation qui peut déboucher sur des conflits armés interrégionaux, comme la cruelle guerre frontalière de février 1995 entre le Pérou et l'Équateur.2. Unité?>2.1 Amérique latine versus Amérique saxonneC'est ailleurs, donc, qu'il faut chercher ce qui rassemble une Amérique latine ; l'adjectif « latine » invite à la considérer comme une entité culturelle, qu'une histoire commune a pourvu de traits communs. On sait que, avec l'Afrique et une partie de l'Asie, le sous-continent latino-américain appartient aux régions que les organismes internationaux et les médias ont regroupées sous les termes successifs de pays sous-développés, pays en voie de développement, tiers-monde, Sud, ou aujourd'hui pays émergents pour les plus développés. La plupart de ces pays ont en commun d'avoir été colonisés par les grandes puissances occidentales.La colonisation de l'Amérique dite latine, la plus ancienne, est le fait, on le sait, de l'Espagne – et pour le Brésil du Portugal ainsi que pour Haïti de la France – qui surent tirer profit de la voie ouverte par Christophe Colomb, de la Floride au Chili. Si les explorations de l'Amérique du Nord suivirent de près, sa colonisation ne débuta véritablement qu'au début du xviie siècle, avec les émigrants anglais du Mayflower, et dans un autre contexte. L'histoirede la colonisation forgea ainsi deux Amériques : l'une au nord est saxonne ; l'autre, au sud, est culturellement ibérique – donc latine.La plupart des historiens reprennent les analyses de l'essayiste péruvien du début du xxe siècle, Mariategui, pour montrer comment ces deux processus de colonisation ont profondément marqué les deux sous-continents du sceau de leurs cultures d'origine. Au nord, les premiers colons anglais étaient, pour la plupart, des familles puritaines poursuivies pour des motifs religieux ; décidées à construire une société nouvelle, elles purent, grâce à leur dynamisme, leur morale du travail, leurs apports de capitaux, implanter des colonies de peuplement fondées sur une agriculture autosuffisante, qui repoussa toujours plus loin vers l'ouest, jusqu'à la réserve ou l'extermination, les populations autochtones irréductibles à leurs formes de vie.Dans l'Amérique ibérique, il en alla autrement ; loin de développer l'esprit d'entreprise, la Reconquête territoriale et religieuse espagnole avait maintenu un esprit de croisade médiévale que les conquérants transportèrent avec eux dans le Nouveau Monde : l'exploit militaire et la conversion des indigènes étaient plus prestigieux que le travail de la terre et, par ailleurs, la découverte de métaux précieux, or puis argent, semblait pouvoir financer ces conquêtes tout en répondant aux ambitions individuelles des colons. La population autochtone représentait alors une réserve indispensable de main-d'œuvre pour l'agriculture et surtout pour le travail des mines ; les femmes indigènes, elles, durent satisfaire les besoins sexuels des conquérants.Si les colonies anglaises du nord s'efforcèrent donc de créer une société nouvelle, à l'écart de l'Angleterre comme des premiers occupants, au centre et au sud, la colonisation se proposait de transporter et de greffer les éléments de culture ibérique sur le terreau autochtone, en reproduisant institutions, modes de pensée et usages, et en tentant, jusqu'à un certain point, d'imposer aux populations indigènes cette camisole de force, par le biais du travail forcé et de l'évangélisation.Ethniquement, le résultat du double processus est connu : selon la formule expéditive, au nord, « le meilleur Indien est l'Indien mort » ; dans toute l'Amérique latine, les descendants des peuples indigènes, eux aussi, ont protesté contre la célébration du cinquième centenaire de 1492, en dénonçant le génocide dont furent victimes leurs ancêtres. Il est vrai qu'historiens et démographes ont mis en évidence une chute démographique brutale, au xvie siècle : dans les Antilles, la population indigène fut anéantie en une génération ; auMexique actuel, selon les Nord-Américains Borah et Cook, elle serait passée de 25 ou 11 millions avant 1519 – suivant les estimations – à 1 375 000 en 1595. Les causes en furent les guerres de conquête, certes, mais aussi le régime de travail imposé et surtout, croit-on aujourd'hui, la déstabilisation des sociétés et des cultures, et l'importation involontaire d'infections microbiennes inconnues sur le continent et contre lesquelles les Indiens ne disposaient pas d'anticorps. Mais le besoin qu'avaient les colons de main-d'œuvre empêcha que leur disparition fût délibérément programmée.En revanche, les débats auxquels a donné lieu la célébration du cinquième centenaire ont amené bien des intellectuels latino-américains à revendiquer une identité métisse, culturelle sinon biologique, mais féconde en prolongements, et ainsi à réhabiliter le processus qui l'a rendue possible, la rencontre de deux mondes, qui, selon eux, fait toute la spécificité de l'Amérique latine. C'est donc bien l'Histoire, l'organisation du peuplement, de la colonisation matérielle et culturelle qui, à l'échelle du sous-continent, a doté d'un certain nombre de caractéristiques communes l'Amérique dite latine.2.2 NommerL'expression Amérique latine rappelle donc la colonisation et, de ce fait, est mal perçue par les intéressés qui ne s'y reconnaissent pas ; elle est d'ailleurs récente et marquée politiquement. Mais, depuis sa découverte, le continent n'a pas cessé d'être dépouillé de son identité propre par le regard ethnocentriste des Européens, qui ne l'ont nommé que pour le réduire à eux-mêmes.Le désir de Colomb d'atteindre l'Asie par l'ouest perpétua l'erreur géographique et fit qu'on désigna longtemps ce continent sous le terme d'Indes ou d'Indes occidentales, faisant ainsi de ses premiers habitants des Indiens. La perspective géographique du colonisateur espagnol le fit baptiser Ultramar– mais on s'efforça aussi d'y reproduire l'Espagne par la toponymie : Nouvelle-Espagne, Nouvelle-Galice, Nouvelle-Grenade, et bien des villes coloniales du sous-continent ont été baptisées des nom...
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