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Les larmes oubliées de la Vologne
Format
Broché
EAN13
9782809802313
ISBN
978-2-8098-0231-3
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
POLITIQUE, IDEE
Nombre de pages
200
Dimensions
1 x 1 x 1 cm
Poids
336 g
Langue
français
Code dewey
363.25

Les larmes oubliées de la Vologne

De

Archipel

Politique, Idee

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Et, pour le Canada,
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Montréal, Québec, H3N 1W3.

ISBN 978-2-8098-0231-3

Copyright © L'Archipel, 2009.

La vengeance est une parodie de justice,
grimaçante et obscène ...

À la mémoire de Bernard, mon mari assassiné,
À mes enfants, Sébastien, Jean-Bernard, Neige et Laura,
À la mémoire de ma mère, Jeanine,
À mon frère Lucien,
À ma sœur Marie-Thérèse
et à la mémoire de son mari Jean-Claude,
À ma sœur Francine et à son mari Denis,
À ma nièce Myriam,
À mon frère Lucien.

Sommaire

Page de titre
Page de Copyright
Dédicace
POUR MÉMOIRE
1 - UNE VENGEANCE AVEUGLE

POUR MÉMOIRE

Dans la soirée du mardi 16 octobre 1984, vers 21 h 30, le corps d'un petit garçon sans vie est repêché dans les eaux glacées de la Vologne, une rivière des Vosges qui serpente dans les vallons des environs d'Épinal.

C'est précisément à hauteur du bourg de Docelles que la macabre découverte est faite par un villageois. Le corps flotte, retenu par des branchages à hauteur d'une passerelle qui enjambe le cours d'eau, non loin de la caserne des pompiers.

Une vision d'épouvante saisit ces derniers, accourus en hâte après l'alerte donnée par le villageois. Immédiatement, ils se rendent compte que le garçonnet n'est pas mort accidentellement. Il a été victime d'un meurtre.

Les poignets et les chevilles de la petite victime sont ligotés par de la cordelette blanchâtre dont les nœuds faits de deux boucles en croisillons ne sont pas très serrés. Son bonnet de laine blanc rayé de bleu est enfoncé jusqu'au menton comme si son monstrueux assassin avait voulu fuir son regard innocent en lui ôtant la vie. L'anorak bleu et le pantalon de velours vert sont gonflés par l'eau qui s'y est engouffrée, ajoutant à cette vision une sensation d'hallucination.

Le premier à examiner le corps est le médecin de Docelles, le Dr Petit. D'après ses constatations, l'enfant ne porte aucune trace de violence ; il situe le décès vers 18 heures.

Le lendemain, après l'autopsie pratiquée par le Pr de Ren, médecin légiste, et le Dr Pagel, l'heure du décès est avancée d'environ quarante-cinq minutes, soit 17 h 15. Dans leur rapport, on peut lire le détail de l'horreur absolue.

Selon eux, l'enfant a été jeté vivant dans l'eau froide de la Vologne, il n'est pas mort par strangulation, mais par l'effet conjugué d'un début d'asphyxie propre à l'immersion, suivi d'un phénomène d'hydrocution.

D'après le témoignage d'une habitante du village, Mme Josiane Guyot, le corps de l'enfant aurait pu être repéré plus tôt. Vers 17 h 30, elle emprunte la passerelle enjambant la rivière et aperçoit, à peu près à l'endroit où le petit cadavre a été découvert, une forme ballonnée bleu foncé, retenue par des pierres en bordure du cours d'eau. Trompée par la lumière du jour qui décline, elle pense qu'il s'agit d'un sac plastique.

Très vite, le nom de l'enfant est connu. Il s'appelle Grégory Villemin. Il a quatre ans. Dès lors, dans le cœur de ses parents, Christine et Jean-Marie Villemin, jeune couple proche de la trentaine, l'angoisse cède la place à l'effroyable. Ce qu'ils redoutaient tant depuis la disparition de leur fils de leur domicile, un chalet sur les hauteurs de Lépanges-sur-Vologne à quelques kilomètres de Docelles, est arrivé.

Après avoir récupéré Grégory chez sa nourrice vers 16 h 50, Christine Villemin l'a laissé, dit-elle, jouer seul sur un tas de gravillons devant son domicile, vers 17 h 15. Tandis que l'enfant s'active avec ses petites pelles et un seau, la mère pénètre chez elle pour faire du repassage. Elle ne peut surveiller son fils de l'intérieur, les volets sont clos. Tout en repassant, elle écoute la radio. Ce n'est que vers 17 h 30, lorsqu'elle ouvre la porte pour appeler Grégory, qu'elle découvre qu'il n'est plus là. Prise de panique, elle saute dans sa voiture, une R5, et retourne chez la nourrice, pensant que son fils a pu s'y rendre seul. Il n'y est pas. L'abominable reste à venir.

Ce même jour, à 17 h 32 précises, Michel, le frère cadet de Jean-Marie Villemin, reçoit un coup de téléphone terrifiant : « Je te téléphone car ça ne répond pas à côté. Je me suis vengé du chef et j'ai kidnappé son fils. Je l'ai jeté dans la Vologne. Sa mère est déjà en train de le chercher, mais elle ne le retrouvera pas. Ma vengeance est faite. »

En indiquant « cela ne répond pas à côté », la voix anonyme fait allusion à Monique et Albert Villemin, les grands-parents de Grégory qui habitent le pavillon voisin et qui sont effectivement absents. La voix du corbeau est parfaitement maquillée, et l'oncle de Grégory est incapable de dire s'il s'agit d'une femme ou d'un homme.

Une demi-heure avant cet appel, une lettre adressée à Jean-Marie Villemin est glissée dans la boîte de la Poste de Lépanges-sur-Vologne. Il en prend connaissance le lendemain, encore sous le choc. C'est un chapelet de monstruosités : « J'espère que tu mourras de chagrin, le chef. Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils, voilà ma vengeance, pauvre con. »

Qui est donc l'assassin de cet enfant de quatre ans ? Un déséquilibré mental ? Un monstre vouant une haine morbide aux parents ? Une relation ? Un proche ? Une seule chose est sûre : l'assassin connaît la famille de sa victime.

Les uniques indices en possession des enquêteurs sont ceux qui ont été trouvés à proximité de l'endroit supposé où le corps de l'enfant a été jeté à l'eau : un flacon d'insuline vide et une seringue. Des empreintes de pneus sont également relevées sur le chemin menant à la rivière. D'après les constatations, il s'agit de pneumatiques de petite cylindrée, type Renault 5.

Selon les premières vérifications, la voiture aurait fait un brusque demi-tour, creusant des ornières dans la terre encore humide de la pluie tombée la veille. Des traces de bottes et de talons de chaussures de femme sont également détectées. C'est avec ces minces éléments que l'enquête débute. Et avec elle « l'affaire Grégory ». Elle va devenir l'énigme policière la plus obscure de la seconde moitié du XXe siècle. Toutes les passions de l'âme y sont réunies pour en faire une tragédie hors du commun : amour, passion, jalousie, haine, délation, trahison... vengeance.

La mort du petit Grégory est, hélas – on ne le découvrira que peu à peu –, la conséquence tragique du climat délétère qui règne sur ce petit coin de France. Tout a commencé trois ans auparavant, en septembre 1981, avec l'apparition du « corbeau de la Vologne ».

Pendant ces trois années, le corbeau va persécuter tous les membres de la famille Villemin et quelques autres habitants de la vallée par des lettres et des appels téléphoniques anonymes, véhiculant plaisanteries de très mauvais goût et menaces de mort. Des plaintes contre X sont déposées à la gendarmerie pour harcèlement et menaces. Des enregistrements de la voix du corbeau sont réalisés sur cassette... Aucun examen en phoniatrie ne parviendra jamais à définir avec précision la nature de la voix. Une évidence apparaît cependant très vite : le corbeau est un proche des Villemin. Il connaît trop de secrets concernant la famille. Trop d'habitudes de leur quotidien aussi.

Côté magistrature, le dossier d'instruction du crime de Grégory est confié à un jeune magistrat de trente-deux ans, en place depuis peu au palais de justice d'Épinal. Il s'appelle Jean-Michel Lambert. C'est son premier « gros dossier ». Il va devenir la hantise de sa vie, le tourment indéfectible de sa conscience. La presse le baptise le « petit juge », et sa silhouette devient familière à tous.

L'enquête est confiée à la gendarmerie et dirigée par un jeune capitaine, lui aussi depuis peu en poste dans les Vosges. Étienne Sesmat arbore un visage d'intellectuel juvénile sous l'austérité du képi. Les hiérarchies de l'un et de l'autre souhaitent une issue rapide à cette enquête. Aux yeux de l'opinion publique, bouleversée par la mort de cet enfant, la justice doit prouver sa diligence et sa c...
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