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Sortilèges au musée de cire
Format
Poche
EAN13
9782012000582
ISBN
978-2-01-200058-2
Éditeur
Hachette
Date de publication
Collection
Bibliothèque verte (1329)
Dimensions
18 x 11 x 0,9 cm
Poids
108 g
Langue
français

Sortilèges au musée de cire

De

Hachette

Bibliothèque verte

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e9782012033375_cover.jpge9782012033375_pagetitre01.jpgTABLE1. Une étrange rencontre
Alain VenisseAprès avoir été pendant plus de vingt ans un homme d'images (essentiellement photographe de plateau pour le cinéma), Alain Venisse est revenu en 1994 à ses premières amours, la littérature fantastique. Auteur d'une dizaine de romans populaires dans ce genre, il se tourne actuellement vers la jeunesse avec succès. Depuis dix ans, Alain Venisse vit dans le Midi, près de Cannes.Couverture illustrée
par Jean-Philippe Chabot© Hachette Livre, 2000.43, quai de Grenelle, 75015 Paris.978-2-012-03337-51UNE ÉTRANGE RENCONTRELa joue contre la vitre du train, Yann regardait défiler le paysage.Des champs, des prés, de petits villages avec leurs clochers pointus, des maisons ou des fermes que la distance rendait semblables à des jouets. Spectacle plaisant, mais monotone à la longue. Depuis qu'il avait fini son roman, Yann s'ennuyait. Il soupira, en songeant au trajet qui restait encore à parcourir.Et pas la plus petite B.D. à se mettre sous les yeux, pas le moindre magazine ! En acheter ? Il n'avait pas eu le temps. Mais était-ce sa faute s'il était arrivé à la gare au dernier moment et avait dû sauter directement dans le wagon ? Enfin, oui... quand même un peu : l'organisation n'avait jamais été son fort ! Et puis comment se dépêcher quand le soleil brille, que l'air est doux, et que tout vous incite à une douce paresse ?N'empêche que ce train, il n'aurait voulu le rater pour rien au monde. N'était-ce pas le début des grandes vacances ? Ne rentrait-il pas chez lui, après une longue année scolaire en pension ?À l'idée de revoir sa famille, son cœur cognait dans sa poitrine. Vivre loin des siens, c'est dur pour un garçon de douze ans. Il en voulait encore à ses parents de l'avoir ainsi expédié à l'autre bout de la France.Une décision sans doute difficile. Son père l'avait prise parce que cette école en région parisienne était l'une des meilleures dans le domaine du rattrapage scolaire. Et aussi un peu pour punir Yann de ses médiocres résultats qui l'avaient contraint à redoubler.Chez les Couderc, on ne plaisantait pas avec l'éducation. Avec le reste non plus, d'ailleurs !« Si tu me ramènes de meilleures notes, avait déclaré la voix paternelle avant son départ, je pourrai réviser mes positions. Ta chance est entre tes mains, mon garçon :à toi de la saisir ! »On appelle ça manier la carotte et le bâton. Et le plus beau... c'est que ça avait marché !Effet des cours intensifs ? Prise de conscience ? Ou plus simplement, crainte d'une autre année d'exil ? En tout cas, les moyennes de Yann avaient remonté en flèche. Succès mérité, d'ailleurs : dans ce milieu fermé, à l'écart des tentations, le garçon avait travaillé beaucoup plus dur. Le bagne, peut-être... mais pas pour rien. Le livret scolaire enfoui dans son sac à dos en était la preuve.Pas celui d'un génie surdoué, non. Juste celui d'un collégien courageux et assidu, avec à la clé les encouragements... à deux points seulement des félicitations !Bref un livret que, pour la première fois de sa vie, Yann brûlait d'impatience de montrer à ses parents. Papa lui-même n'y trouverait rien à redire.Tyrannique, M. Couderc ? Non. Sévère ? Oui. Équitable aussi, il fallait le reconnaître.On a rarement les parents dont on rêve. Ceux de Yann, pourtant, ne manquaient pas de qualités. Peut-être même en avaient-ils trop ! Trop sérieux, trop organisés, trop méthodiques. Toujours efficaces et tirés à quatre épingles, jamais pris au dépourvu. Suffisamment irréprochables, en somme, pour complexer un garçon tel que lui, avec ses dispositions pour la rêverie, le désordre ou la gourmandise. Ce n'était quand même pas sorcier : le droit de ne pas être parfait, voilà tout ce qu'il demandait ! Parfois, il enviait l'ambiance plus décontractée qui régnait dans d'autres familles. Chez son ami Baptiste, par exemple, ou bien chez sa copine Alicia.Alicia... Brune et jolie, le même âge que lui. Comme elle lui avait manqué, durant ces longs mois, malgré les lettres qu'ils avaient échangées !Dans le pré, en contrebas de la voie, paissait tranquillement un troupeau de vaches blanches et brunes. Puis ce fut un pont métallique enjambant une rivière que le train attaqua dans un bruit de roues syncopé.Un autre son, plus discret, le ramena aux choses concrètes. Son estomac gargouillait pour crier famine. Ce qui, vu ses habitudes alimentaires, se reproduisait à intervalles rapprochés.Avec un soupir, Yann ouvrit son sac à dos et en tira un gros paquet soigneusement enveloppé. Une fois déplié, le papier révéla deux énormes hamburgers, accompagnés d'une boîte de Coca et de plusieurs barres de chocolat.Le hamburger... quelle invention géniale ! Rien de commun avec les menus tristement diététiques du collège. Ni avec l'alimentation familiale scientifiquement équilibrée. Sûr que M. Couderc n'aurait pas approuvé pareille collation !Avec une moue, Yann tâta les deux bouées qui commençaient à se former de chaque côté de son abdomen. Un peu moins de jeux vidéo et un peu plus de sport ne lui ferait pas de mal. Bah, autant en profiter une dernière fois, avant que ses parents le remettent au régime. Et puis n'avait-il pas mérité une petite compensation, après ces trois trimestres de labeur acharné ?Pourtant, avant de mordre à belles dents le régal défendu, il ne put s'empêcher de jeter à la ronde un coup d'oeil furtif. Précaution superflue, d'ailleurs, il était seul dans son compartiment.Mais une voix, encore lointaine, dérangea son festin à peine commencé.« Contrôleur ! Vos billets, s'il vous plaît... »Pas moyen de manger tranquille !« Ça va, ronchonna Yann pour lui-même. On s'en occupe, y'a pas le feu ! »La bouche pleine, il replaça provisoirement son repas dans son emballage, s'essuya les doigts avec une serviette en papier, et fouilla son blouson. Un carnet d'adresses, un yo-yo, un peigne couleur fluo et un couteau suisse s'étalèrent successivement devant lui. Mais pas le document recherché.L'inspection de son sac ne se révéla guère plus fructueuse. Excepté pour une trousse de toilette, une mini-console de jeux, et divers paquets de chewing-gums, dont il n'avait rien à faire dans l'immédiat.C'était quand même un peu fort ! Où avait-il bien pu fourrer ce satané billet ?Il devait y avoir du monde dans les autres compartiments, car les portes s'ouvraient, des voix échangeaient quelques banalités avec le préposé. À mesure qu'approchait son pas, l'agacement gagnait le jeune étourdi.Rien dans les poches ni du pantalon, ni de la chemise. Ne restait plus que sa valise. D'un bond, il se jucha sur la banquette et voulut la descendre du porte-bagage où il l'avait hissée, quelques heures plus tôt. Mais la précipitation est mauvaise conseillère. Emportée par son poids, elle lui échappa soudain, et alla percuter le sol où elle s'ouvrit, en répandant son contenu.Chemisettes, pantalons, chaussettes, etc. : tout par terre, quel déballage ! Et bien sûr, toujours aucune trace du fameux ticket.Furieux, Yann poussa un juron qui lui aurait valu les réprimandes paternelles. Pourquoi ce genre de chose n'arrivait-il qu'à lui ? Devait-il accuser la fatalité... ou bien sa propre négligence ? Sans compter une bonne dose de maladresse, qui lui avait déjà joué plus d'un tour.« Bonjour, monsieur, bonjour, madame, je peux voir vos titres de transport ?... Merci, et bon voyage. »Cette fois, cela venait de l'autre côté de la cloison.Surpris à voyager comme un vulgaire resquilleur... voilà ce qui attendait Yann. La honte ! Et aussi une forte amende, qui ne serait guère appréciée à la maison. Profitant de ce que l'employé de la S.N.C.F. était encore chez ses voisins, il fit coulisser la portière et passa son nez dans le couloir. Désert, pour l'instant. Mais que faire ? En profiter pour courir se réfugier dans les toilettes ? Sûrement pas. La ruse était trop classique pour ne pas être immédiatement éventée.
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