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Dans l'histoire du corps en Occident, une réflexion particu- lière est accordée à l'invention du corps chrétien. Un corps de chair, qui deviendra dès les débuts du christianisme le lieu privilégié des institutions du pouvoir, des pratiques, des discours et des croyances. D'un côté, " le corps est l'abominable vêtement de l'âme ", dit Grégoire le Grand, mais, d'un autre côté, " le corps est le tabernacle du Saint Esprit ", écrit saint Paul. À la différence des traditions hel- lénistiques, platoniciennes surtout et stoïciennes, qui op- posent l'âme et le corps et qui ne voient dans le corps qu'une prison de l'âme ou son tombeau, le corps chrétien invente la chair comme un lieu paradoxal de division, de rupture, de chute et en même temps d'unité, de réparation et de salut. L'invention du corps chrétien, c'est l'invention des liens entre le corps et l'histoire, la chair et le temps, pour l'écri- ture d'une histoire du corps en Occident. Trois thèmes sont au coeur de ce livre : les antinomies de la chair, les appari- tions de la chair, les destinées de la chair. Docteur en philosophie et en sciences des religions, Serge Margel est chercheur au Fonds national suisse de la recherche scientifique. Il tra- vaille depuis plusieurs années sur les liens entre la philosophie, la théo- logie et la métaphysique, et sur le concept de religion dans l'histoire de l'occident. Il vient de publier La mémoire du présent. Saint Augustin et l'économie temporelle de l'image aux Éditions Hermann.
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