Newman face aux religions de l'humanite

Relire aujourd'hui la Grammaire de l'assentiment, dans le dialogue entre hommes diversement religieux d'une manière qui échappe à toute facilité, c'est appeler à la table d'une conversation du cœur et de l'intelligence un esprit génial, dont bien des vues ont anticipé sur celles qui, aujourd'hui, nous donnent le goût de vivre dans une société pluraliste. En réactualisant ce texte, le Père de Margerie nous oblige à nous reporter aux conditions qui furent celles du Moyen Age : société plurielle, décentrée, multiculturelle. Comme Newman eût aimé ce recours aux sources de notre pensée occidentale, sans rien omettre de leurs tonalités juive, chrétienne, musulmane, et, il faut ajouter, byzantine ! Le grand théologien y justifie la foi des humbles et y donne aux personnes cultivées des raisons de rester elles-mêmes des humbles de la foi. Par delà les monothéismes, la conception religieuse de Newman, ou plutôt l'esprit qui l'anime, devrait permettre une " rencontre du bouddhisme et de l'Occident " autrement plus prometteuse que l'exotisme de pacotille qui semble souvent de mise aujourd'hui. L'oriental n'est pas à l'aise dans les syllogismes. Newman non plus. Mais sa volonté de rigueur dans l'amour de la vérité offre une voie sûre pour un dialogue qui, évitant toute confusion, autorise à espérer beaucoup. Puissent surtout les jeunes, que Jean-Paul II ne cesse d'appeler à mieux pénétrer leur propre culture en se rendant capables d'accueillir celle des autres, suivre le chemin escarpé qui leur est ici offert. Mgr Olivier de Berranger