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Auteurs et illustrateurs répondent à nos questions autour de leur dernier livre. Découvrez leurs livres de chevet, leurs conseils de lectures, et plongez dans les coulisses de leur travail.

Entretien avec...

À propos de l'auteur : Dimitri Rouchon-Borie est né en 1977 à Nantes. Il est journaliste spécialisé dans la chronique judiciaire et le fait divers. Il est l’auteur de Au tribunal, chroniques judiciaires (La Manufacture de livres, 2018). Le Démon de la Colline aux Loups est son premier roman.

À propos du livre : Le Démon de la Colline aux Loups est un premier roman. C’est surtout un flot ininterrompu d’images et de sensations, un texte étourdissant, une révélation littéraire.

 

On imagine que l’histoire que vous racontez dans ce livre trouve sa source dans les chroniques judiciaires que vous écrivez pour “Le Télégramme”. Pourquoi avez-vous décidé de raconter cette histoire ?

D. R. B. - C’est peut-être le fruit de la rencontre entre une part d’inconscient et cette empathie que je m’efforce de mettre au service des chroniques judiciaires, depuis de nombreuses années. Ce livre se nourrit forcément également de toutes les émotions, les silences, toutes les nuances perçues dans les salles d’audience, sans que l’exercice journalistique ne permette vraiment de les restituer avec justesse. C’est sans doute ce manque-là que j’ai cherché à combler en écrivant le livre. Je suis parti à la rencontre d’un enfant, qui exprimerait pour tous les autres, ce que c’est que d’être un humain malmené, toujours au bord de l’asphyxie intérieure.

 

Votre roman raconte l’horreur, il n’est pas que cela, mais comment expliquez-vous un tel succès auprès des lecteurs et des libraires pour un roman si sombre ?

D. R. B. - Le Démon de la Colline aux loups n’est pas un récit gratuit de violence. C’est la confession d’un personnage absolument candide, qui ne cherche pas à faire d’effet. Ni à faire trembler, ni à émouvoir. Il est naturellement dans une inconscience déstabilisante. Et son langage particulier emmène le lecteur au plus près de ce qu’il vit. On n’a donc pas affaire à une violence banalisée, mise à distance. On a affaire à une horreur incarnée, et qui nous cueille alors qu’on a déjà installé une empathie forte pour ce personnage. Parce qu’au fond, les faits divers, les séries, ou des polars, sont beaucoup plus violents que ça. La violence du Démon, c’est celle d’une lutte à mort contre le mal absolu.

Quels genres de livres lisez-vous ? Pensez-vous que certains ont pu vous influencer dans votre écriture ?

D. R. B. - Je me rends compte que je lis peu, depuis que j’écris. Il y a une question de disponibilité, de manque de temps, mais aussi d’état d’esprit. Je n’arrive pas à me concentrer sur la lecture parce que j’ai envie d’écrire. En revanche, j’ai beaucoup lu. Des classiques, qui m’ont ouvert les portes de la littérature, enfant. De la poésie et du théâtre. Et puis de la philosophie, pour mes études. Et enfin du roman noir.

 

Quels sont les livres qui vous ont le plus marqués ?

J’ai repensé il y a peu aux chocs que j’ai eu en lisant Atala de Chateaubriand, Phèdre de Racine et la trilogie LLoyd Hopkins de James Ellroy. J’ai aussi un souvenir ému de l’Enéide. J’ai adoré la littérature japonaise de Abé Kôbô.

 

Quel rapport entretenez-vous avec les libraires et les librairies ? Y a-t-il des adresses que vous fréquentez régulièrement ?

D. R. B. - Quand j’étais tout petit, j’allais avec mes parents à la librairie Coiffard de Nantes. Cette librairie a nourri mon imaginaire autour du livre de façon incroyable. Les boiseries, l’éclairage… Je me souviens de la collection Les cahiers rouges, chez Grasset, que je ne me lassais pas de contempler. Etudiant, à Nantes également, je suis allé aussi chez Vent d’Ouest, une caverne d’Ali Baba pour mes livres de philo. Puis à Paris, chez Gibert, à Besançon aux Sandales d’Empédocles. En Bretagne, je suis impressionné par ces libraires qui s’installent parfois dans de toutes petites communes, et qui font un travail incroyable. Le bel Aujourd’hui, à Tréguier, ou le Marque page à Quintin sont de beaux exemples. Je dois aussi dire que je lis régulièrement des Mangas, et j’ai la chance de profiter d’une excellente librairie à Saint-Brieuc !

 

Entretien réalisé par Maya Albert, Leslibraires.fr