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Auteurs et illustrateurs répondent à nos questions autour de leur dernier livre. Découvrez leurs livres de chevet, leurs conseils de lectures, et plongez dans les coulisses de leur travail.

Entretien avec...

À propos du livre : « Ma mère s’emmerdait, elle m’a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s’est vengée. »

Florida est le troisième roman d'Olivier Bourdeaut

 

Comment est née l’idée de votre roman ?

O. B. - En regardant bêtement un documentaire sur les mini-miss à la télévision. Dans un premier temps, il y a le divertissement, c'est clownesque, puis au bout de vingt minutes cela devient grotesque. Et lorsque le documentaire s'est arrêté, j'ai ressenti un léger malaise et une immense compassion pour ces jeunes filles. C'est en conservant ce malaise que j'ai décidé, il y a sept ans, de consacrer un roman à ce phénomène.

 

Lorsque l’on évoque le phénomène des “mini-miss” aux États-Unis, on pense forcément au film “Little miss sunshine” sorti en 2006. Qu’avez-vous pensé de ce film et vous a-t-il influencé ?

O. B. - Pour être honnête, j'ai vu ce film il y a bien longtemps. Je n'en garde pas un souvenir précis. Je crois me souvenir néanmoins que les concours de mini-miss y étaient évoqués avec tendresse. Il ne m'a absolument pas inspiré pour le roman.

Vous décrivez un monde cruel, fermé, dans lequel les enfants sont sacrifiés et subissent les “rêves” que leurs parents ont projetés sur eux. C’est aussi un livre sur la vacuité, on ne ressort pas indemne de cette lecture. Comment vous êtes-vous senti en terminant ce livre et en quittant ce personnage d’Elisabeth ?

O. B. - J'ai ressenti un immense vide en achevant ce roman. J'ai fait grandir Elizabeth dans ma tête pendant sept ans. C'est beaucoup. J'ai vécu avec elle, je lui ai parlé, je l'ai aimée. Jamais un de mes personnages n'avait autant existé. Je suis heureux de la retrouver pour la promotion. Désormais elle n'existe plus seulement dans ma tête mais dans celles des lecteurs.

 

Le style de ce roman est très différent de celui de votre grand succès “En attendant Bojangles”. Était-ce pour coller à votre personnage ? Aviez-vous envie de vous renouveler ?

O. B. - Je pense que c'est le sujet qui détermine le style. La poésie rimée, l'élégance convenaient parfaitement au début de la folie douce de Bojangles. Pour Florida il s'agit d'un univers poisseux, violent, dérangeant, le style devait s'adapter. C'est le carnet intime d'une jeune fille qui est mal dans sa peau. Elle y crache tout ce qu'elle a sur le cœur, sur le corps.

 

Quelles sont vos lectures du moment que vous pourriez conseiller à nos lecteurs ? Ainsi que votre ou vos livres de chevet ?

O. B. - J'ai lu dernièrement la Maison d'Emma Becker, j'ai beaucoup aimé ce texte. J'ai adoré Le bûcher des vanités de Tom Wolfe, c'est un roman brillant.

Pour les romans que je relis régulièrement il y a Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde. Il y a également Petit déjeuner chez Tiffany de Truman Capote.

 

Quel rôle ont les libraires dans votre parcours de lecteur puis d'écrivain ?

O. B. - Et bien, c'est une excellente question. J'ai vécu un phénomène étrange avec les librairies lorsque j'étais jeune. Peut-être était-ce dû à mon statut de cancre, mais quand je rentrais dans une librairie j'avais le sentiment de ne pas être à ma place, d'être un usurpateur qui se fait passer pour ce qu'il n'est pas. Je lisais énormément pourtant. Je me rendais souvent chez Coiffard à Nantes, une grande librairie, un lieu superbe avec des boiseries et j'avais le sentiment de rentrer dans un musée ou une cathédrale. J'ai le souvenir, et c'est encore le cas parfois, que je marchais religieusement les mains derrière le dos. Bref tout cela est assez étrange. Désormais mes romans sont en vitrine chez Coiffard, j'ai toujours du mal à y croire.

 

Entretien réalisé par Maya Albert, Leslibraires.fr