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Auteurs et illustrateurs répondent à nos questions autour de leur dernier livre. Découvrez leurs livres de chevet, leurs conseils de lectures, et plongez dans les coulisses de leur travail.

Entretien avec...

La librairie l'Esperluète à Chartres se situe dans une maison très ancienne dont on dit qu'elle a vu passer Henri IV le jour de son sacre. Elle s’étend sur 2 étages et 500 m2 avec pas moins de 50 000 références.

 

Le rayon BD de la librairie compte environ 3000 références (manga, comics, bd adultes, bd jeunesse et roman graphique) et connait une forte progression depuis deux ans.

Gersende est responsable du rayon, elle nous livre ici ses trois plus gros coups de cœur de la rentrée.

 

La Couleur des choses de Martin Panchaud, éditions Çà et là.

« Simon, 14 ans et rondouillard, est le bouc-émissaire tout désigné de son quartier. Un jour qu'il mise toutes les économies de son père sur le cheval gagnant d'une célèbre course hippique, Simon gagne une petite fortune. Mais Simon est mineur et ne peut toucher la somme du ticket gagnant. Dès lors tout va de mal en pis... Il faudra un Deus Ex-Machina dans la pure tradition de l'Absurde pour dénouer ce joyeux bazar.

Entre drame familial et comédie à la South Park, la Couleur des Choses repousse les limites du roman graphique en racontant une histoire intégralement en vue aérienne à l'aide de pictogrammes et des techniques d'infographie pour notre plus grand délice. A ne surtout pas manquer. »

 

Le Bel Alex de Julia Reynaud, éditions Casterman

« Faut-il correspondre aux canons de la beauté pour rencontrer l'amour? Jeune musicien, Noah sent que pour garder celle qu'il aime, il doit changer de physique et ressembler à son idole. Dès lors c'est l'engrenage infernal: achat de produits coûteux, obsession du poids, sport à outrance, glorification de la perfection, le tout amplifié par les réseaux sociaux. En courant après une apparence parfaite, Noah court le risque de tout perdre, en commençant par lui-même...

Julia Reynaud nous livre ici un récit intimiste où une histoire d'amour devient toxique lorsque la réalité et le fantasme s'inversent. L'auteure déplace intelligemment les injonctions faites aux femmes sur le corps idéal pour montrer en quoi les hommes en sont aussi les victimes et comment les écrans deviennent des instruments de pression sociale. Un propos contemporain servi par un dessin tout aussi moderne. »

 

Journal inquiet d'Istanbul de Ersin Karabulut, éditions Dargaud

« Turquie, fin des années 80. Le jeune Ersin rêve des super-héros européens et américains. Ce qu'il veut, quand il sera grand, c'est être dessinateur de BD. Mais avec des parents qui veulent le voir devenir ingénieur et un pays où les pressions sociales et politiques deviennent de plus en plus fortes sur fond de montée de l’islamisme politique, le choix d'un carrière artistique s'avère difficile. »

Entre autobiographie humoristique et analyse socio-politique de la Turquie, le "Journal inquiet d'Istanbul" mène aussi une vraie réflexion sur les risques du métier de caricaturiste et le rôle du dessin de presse dans un contexte où la liberté d'expression n'est jamais acquise.

Drôle et instructif, le "Journal inquiet d'Istanbul" contribue, tout comme "Persepolis" et "l'Arabe du Futur" avant lui, à mieux nous faire comprendre une région du monde tiraillée par des antagonismes politiques et sociétaux profonds.