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  • Conseillé par (Fontaine Villiers)
    23 août 2018

    Où il est question de: géométrie, astronomie, cartographie, cadastre, navigation, histoire, archéologie, mythologie- et vélo! Remarquant par hasard des coïncidences dans l'emplacement de certains sites (tous ces Mediolanum...), l'auteur se plonge dans une étude approfondie qui livre des résultats étonnants. Ayant lui-même du mal à y croire et afin de vérifier sur place, il traverse la Gaule (pardon, la France) dans tous les sens à bicyclette.
    Sa thèse est convaincante. Elle propose non seulement une grille d'interprétation inédite du paysage français, et de l'ouest de l'Europe, mais elle ouvre l'accès à un domaine que l'on croyait à jamais perdu: une partie de l'enseignement et des pratiques des druides.
    Les Celtes (dont l'auteur souligne qu'il s'agit de culture et de langue et non d'une ethnie) sont arrivés relativement tard dans l'Europe occidentale, habitée depuis des dizaines de millénaires, et bien sûr, ils ont hérité des strates de croyances indigènes. Le catalyseur de ce que décrit l'auteur aurait été la rencontre de la mathématique grecque et de la spécificité celte.

    Les Celtes ne conservaient pas les choses sacrées par écrit, et les « lignes de solstice» dont il est question dans ce livre en étaient. Il fallait tout apprendre par coeur. Dans la Gaule romanisée puis christianisée ce savoir a disparu.
    Et la Bretagne insulaire et l'Irlande?
    Dans la grande île, dont la partie romanisée correspond, en gros, au Pays de Galles et à l'Angleterre actuels, c'est surtout le sud, proche de la Gaule et relativement peuplé, qui livre des résultats probants. Au nord, l'actuelle Écosse, la population était éparse et l'influence « centrale » gauloise légère mais il y a quand-même des indices, plus vagues, du système.
    Quant à l'Irlande, qui n'a jamais été romanisée (voir le passage amusant page 133) et christianisée seulement au cinquième siècle, pourquoi ce savoir n'y a-t-il pas été conservé ? L'île était très loin et moins développée qu'une Gaule fécondée par le contact permanent avec les Méditerranéens (Carthaginois, Grecs, Étrusques, Romains), et l'implantation du Christianisme fut radicale. Ce qui n'a pas empêché tel prosélyte de livrer, malgré lui, de précieux indices sur les hauts lieux pré-chrétiens. L'emplacement de ceux-ci (dont certains précédaient l'arrivée des Celtes) paraît confirmer la thèse de l'auteur. Toutefois, les druides confrontés par le futur Saint Patrick ne semblent pas avoir eu le niveau de leur prédécesseurs gaulois et britanniques.*
    Cela dit, l'auteur idéalise sans doute les druides. Sous sa plume, on a parfois l'impression qu'il s'agit de vénérables professeurs de la grande tradition anglaise, déambulant sous les 'clochers rêveurs' d'Oxbridge.
    Même le lecteur non convaincu par l'interprétation de l'auteur aura eu les yeux ouverts sur une autre façon de raconter l'histoire, voire sur une histoire « autre ».
    Une érudition formidable portée avec légèreté et humour. Stimulant, fascinant et très agréable à lire.
    *Pour l'anecdote, en irlandais moderne le mot "draoi" veut dire druide, bien sûr, mais aussi magicien ou sorcier. Et le terme dérivé "draíocht" signifie magie, et nullement savoir ou science...


  • Conseillé par (Librairie Grangier)
    19 janvier 2018

    Graham Robb est un inlassable arpenteur de la France dont il connaît l'histoire bien davantage que la plupart de nos compatriotes. Ce livre est l'occasion d'évoquer l'héritage celte, dont la civilisation fut bien plus brillante que ce que suggèrent les écrits romains qui nous sont parvenus : l'auteur démontre ainsi avec quantité d'arguments comment les druides ont déterminé les lieux sacrés et d'habitation majeurs en suivant les méridiens et l'axe des solstices. Une lecture vivante de la cartographie antique et de ce qu'elle nous a légué.