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Sur la route du Danube

Emmanuel Ruben

Rivages

  • Conseillé par (La librairie des Halles)
    31 octobre 2019

    Suivez Emmanuel dans cette folle cavalcade à la découverte d'une Europe des chemins de traverse , des culs de sac. Partez à la découverte d'un continent autre que celui qui se barricade derrière des barbelés à un rythme effréné.
    Ruben a l'enthousiasme débordant et communicatif et sait comme personne transmettre son savoir, son érudition, son engouement pour une Europe oubliée.
    Un manifeste irrésistible à dévorer!


  • Conseillé par (Librairie La Grande Ourse)
    2 mai 2019

    L'usage de l'Europe

    Remonter le Danube à vélo avec un ami ukrainien est une belle aventure, mais ce qui intéresse Emmanuel Ruben est moins le récit, souvent drôlatique, parfois exalté, de cette équipée qui n'hésite pas à emprunter les chemins de traverse, que la longue méditation qu'elle nourrit sur l'Europe, ce «vieux continent vieillissant».
    Méditation sensible et mélancolique dans la partie «balkanique» du parcours, Roumanie, Bulgarie, Serbie, Croatie, qui sont pour Emmanuel Ruben le cœur battant de l'Europe, où se mêlent les langues, où les minarets rappellent que l'empire Ottoman fait partie de notre histoire à nous Européens, et où les multiples rencontres façonnent l'image d'un humanité diverse, souffrante et pourtant généreuse (la rencontre de Zanko, le trompettiste, et de sa famille de Tziganes sortis d'un film de Kusturica, au coucher du soleil, sur une terrasse dominant le Danube, est la plus poignante).
    Méditation inquiète et désabusée au fur et à mesure qu'on se rapproche d'une Europe «germanique», Hongrie fortifiée de Viktor Orban, où les rencontres se font rares, Autriche aseptisée, et Bavière amnésique où errent ici où là les fantômes du nazisme, où on ne rencontre plus personne.
    Emmanuel Ruben met abondamment l'histoire au service de son propos, depuis l'épopée de Samuel 1er, le tsar qui unifia les Balkans au XIe siècle jusqu'à celle des guerres fratricides qui les déchirèrent dans le dernier XXe siècle, et dont les ruines de Vukovar sont la sinistre trace. Mais il invite aussi, et à chaque moment, la géographie, car il n'oublie pas qu'il a été et est toujours géographe. L' acuité du regard donne au paysages traversés une présence presque palpable, et le goût pour les noms de lieux et leurs sonorités, villes - Odessa, Galaţi, Olteniţa, Baikal, Novi Sad, Esztergom-, et contrées -Dobroudja, Valachie, Voïvodine, Wachau- ajoute à la musicalité d'une écriture ample, dont le déroulé, tantôt apaisé, tantôt fougueux semble épouser celui du fleuve.
    Mélancolie, acuité du regard, musicalité de la langue, humanité. On pense évidemment à Nicolas Bouvier et à "L'usage du monde", ce merveilleux livre dont la lecture en a marqué plus d'un. e. Le voyage de Nicolas Bouvier l’emmenait de Genève et de l'Europe, dont il fuyait l'ennui, vers l'Orient, métaphore d'un monde où apprendre à vivre. Le voyage d'Emmanuel Ruben le ramène, et nous avec lui, vers l'Occident, et la réalité du monde où il nous faut vivre, celui d' une Europe confrontée comme il l'écrit, «non à une crise des migrants, mais à une crise des valeurs», celui d'une Europe qu'il nous faut non plus fuir, mais réinventer, réécrire.

    Jean-Luc.