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Venise à double tour

Jean-Paul Kauffmann

Équateurs

  • Conseillé par (La Procure)
    26 avril 2019

    Un délice !

    Qui n’a jamais rêvé de vivre à Venise ?
    Jean-Paul Kauffmann s’y installe pendant quelques mois où il réussit à déverrouiller les portes des églises jamais ouvertes.
    Loin de la place Saint-Marc et de ses touristes, nous découvrons avec le meilleur guide une Venise intime, poétique, mystique et exaltante.


  • Conseillé par (Librairie Page 36)
    27 mars 2019

    A la recherche d’une image imprécise, d’un souvenir diffus, l’auteur s’installe à Venise pour tenter d’y visiter les églises fermées.
    Après beaucoup d’attentes, d’espoirs déçus, de rendez-vous manqués, il y parvient enfin. On retient son souffle, on frémit sur le pas de la porte, impatient.
    On souffre de la désolation d’un lieu abandonné ou ruiné, on imagine un autel, une architecture baroque splendide, une toile d’un peintre méconnu. Cette quête révèle bien des surprises et des lieux s’ouvrent par inadvertance. L’atelier où Le Tintoret peignit son gigantesque paradis, un jardin d’Eden, enclos privé, que peu eurent la chance de pénétrer. Accompagné de textes d’écrivains ou d’un célèbre psychanalyste qui magnifièrent Venise, Jean-Paul Kauffmann nous fait partager ses réflexions intimes.
    Trouve-t-on jamais ce que l’on cherche ?


  • Conseillé par
    6 avril 2019

    Une allégorie émouvante et passionnante de l'enfermement

    ‘Venise à double tour’ – Jean-Paul Kauffmann
    Équateurs Littérature

    Si vous comptez parmi les nombreux amoureux de Venise (dite la ‘Sérénissime’) et que vous avez lu avec plaisir les ouvrages publiés ces dernières années par Jean-Paul Kauffmann, vous ne pourrez pas ne pas lire son tout dernier opus publié récemment aux Équateurs Littérature.

    Jean-Paul Kauffmann nous propose de l’accompagner dans sa quête toute personnelle à Venise où il s’installe plusieurs mois en compagnie de son épouse dans l’appartement prêté par une amie proche ; appartement situé dans le quartier de la Giudecca avec une vue imprenable sur les Zattere et la pointe de La Salute. Les connaisseurs apprécieront !

    Nous comprenons très rapidement – et ce n’est pas une surprise pour les fidèles lecteurs et admirateurs émus des pérégrinations de Jean-Paul Kauffmann aux Kerguelen, à Sainte Hélène, en Courlande, sur les bords de la Marne – que ce n’est pas l’objet (objectif) de sa quête qui importe le plus à l’auteur, mais la quête elle-même, le cheminement sur la voie du Tao, la réconciliation avec son passé, la poursuite de sa reconstruction, de sa réhabilitation, de sa résurrection presque.

    Victimes à Beyrouth, en 1985, pendant la Guerre du Liban, d’un enlèvement par le Hezbollah, Jean-Paul Kauffmann, ses camarades Michel Seurat (mort en détention faute d’avoir reçu les soins qu’exigeait son état de santé), Marcel Fontaine et Marcel Carton ont subi trois longues années d’enfermement dans les geôles de leurs ravisseurs.

    Journaliste de profession, Jean-Paul Kauffmann s’est mué, après sa libération chèrement obtenue, en un écrivain talentueux, à la démarche rare, à l’émotion à fleur de peau, à fleur de plume – pourrions-nous le dire –, pudique, humble, discret, passionné, en recherche de la Beauté et qui nous invite très simplement à l’accompagner dans sa thérapie (post-traumatique) par l’écriture.

    Jean-Paul Kauffmann se fixe pour cette fois à Venise l’objectif qui peut paraître incongru de réussir à se faire ouvrir – par les autorités compétentes (encore faut-il savoir lesquelles le sont officiellement ?) – les nombreuses églises de Venise toujours consacrées mais définitivement fermées au public, vidées le plus souvent de leurs très riches trésors artistiques (peintures, sculptures) pour cause de vétusté, de manque d’entretien (trop coûteux) et de raréfaction des vocations (et des prêtres et des paroissiens).

    Commence alors une quête, une pérégrination de plusieurs mois qui nous amène à redécouvrir un Venise intime, celui des quartiers que ne fréquentent pas les hordes de touristes de plus en plus nombreux, en compagnie de Jean-Paul Kauffmann et de ceux de ses auteurs préférés qui ont eux aussi aimé Venise et écrit sur Venise : Paul Morand, Roland Barthes, Jean-Paul Sartre et Philippe Sollers bien sûr (auteur du ‘Dictionnaire amoureux de Venise’ entre autres) pour ne citer qu’eux.

    Jean-Paul Kauffmann rencontre des difficultés insoupçonnées dans cette quête très particulière et il nous a semblé que son récit le plus récent est peut-être celui où les affres de ce que l’auteur a subi au Liban il y a trente ans sont à l’évidence les plus prégnantes.

    Le titre qu’a choisi Jean-Paul Kauffmann pour cet ouvrage suffirait à lui seul à le confirmer s’il en était besoin : Venise (enfermé) à double tour !

    Comment ne pas voir en effet dans cette quête difficile, complexe, semée d’obstacles divers et parfois insurmontables, empêchée de progresser par des intermédiaires incontournables mais peu fiables, une allégorie de ce qu’a vécu le prisonnier Jean-Paul Kauffmann et surtout des délicates négociations que les autorités françaises ont dû mener auprès d’intermédiaires locaux dont il était infiniment difficile de s’assurer de la fiabilité et pour découvrir à plusieurs reprises que l’auteur et ses codétenus avaient été précipitamment emmenés par leurs geôliers dans une nouvelle cache, une nouvelle cave, quelque part dans la banlieue de Beyrouth.

    Autant d’églises que Jean-Paul Kauffmann réussit finalement, très difficilement à se faire ouvrir par la seule personne en possession des clefs et pour mieux constater que le lieu a été vidé de ses trésors : la ‘cellule’ est vide et les ‘prisonniers’ ont été déplacés en un lieu autre …

    Invitée dans l’émission consacrée par Laure Adler (‘L’heure bleue’) sur France Inter à Jean-Paul Kauffmann et à son livre ‘Venise à double tour’, Florence Aubenas a livré un témoignage poignant et extrêmement émouvant.

    Elle aussi journaliste, elle aussi enlevée et enfermée pendant plusieurs mois (en Irak), elle a trouvé les mots les plus justes pour nous dire comment elle lisait, appréhendait les ouvrages de Jean-Paul Kauffmann, après avoir vécu cette même expérience violente, douloureuse.

    Personne n’est mieux placé que Florence Aubenas bien évidemment pour percevoir la justesse de ce que nous dit Jean-Paul Kauffmann, le sens de sa démarche très personnelle, l’importance pour lui de cette quête continuelle d’une réparation inatteignable peut-être, son besoin absolu d’écriture, de littérature, de liberté, de Beauté.

    Au travers de ces belles et rares pérégrinations, Jean-Paul Kauffmann nous dit quelque part la même chose que Philippe Lançon dans ‘Le Lambeau’. La lecture, la peinture, la musique ont seules la capacité de tenir à distance respectable les douleurs, les démons du passé et jouent un rôle primordial dans ce très long chemin vers la reconstruction.

    À le lire attentivement, il nous semble que Jean-Paul Kauffmann, âgé aujourd’hui de 74 ans, n’est toujours pas arrivé au bout de ce long chemin.

    Le sera-t-il un jour prochain ? Nous le saurons en découvrant et en lisant les nouveaux ouvrages que Jean-Paul Kauffmann, nous l’espérons, publiera dans les années à venir.

    Jérôme Périgne
    (02.04.2019)