1, Les Livres de la Terre Fracturée T.01 - La Cinquième Saison, La Cinquième Saison

Cette trilogie est un petit bijou de la littérature imaginaire, à mi-chemin entre science-fiction et fantasy.
À la fois roman d'apprentissage et d'aventures, nous suivons sur un petit bout de leur destin trois personnages féminins luttant pour survivre et trouver leur place dans un monde post-apocalyptique, monde se résumant à un continent devenu unique, où séismes et éruptions volcaniques font la loi et menacent à tout instant la civilisation d'anéantissement. C'est dans ce contexte d'une terre ravagée, cette "cinquième saison", que N.K. Jemisin bâtit un univers à l'imagination fertile et géniale, nous en dévoilant toute la richesse et la subtilité par petites touches au fil de la narration, sans jamais perdre le lecteur.
Les Livres de la Terre fracturée est une œuvre éblouissante, lumineuse, poétique et d'une profonde sensibilité, qui marie avec art dépaysement et réflexion.

Souvent, la Terre est secouée de tremblements dévastateurs et la civilisation doit survivre à des hivers impitoyables. Seuls les orogènes, des humains doués d'un pouvoir immense, peuvent dompter ces catastrophes naturelles. Pourtant, ils sont traqués, tués ou soumis.

Trois orogènes, héroïnes brisées, torturées, perdues mais terriblement puissantes : Essun, dont le fils a été tué et la fille enlevée par son mari ayant découvert son pouvoir et ceux de leurs enfants, en quête de vengeance. Syénite, jeune femme à qui l'on a appris à contrôler ses pouvoirs, soumise, à qui la vie n'appartient pas vraiment et qui peu à peu, va remettre le système en question. Et enfin Damaya, une petite fille abandonnée par sa famille lorsqu'ils découvrent sa véritable nature aux mains d'un Gardien devant l'amener au Fulcrum, où on lui apprendra à canaliser ses pouvoirs.
Un univers cataclysmique, sans espoir, dans lequel évolue ces trois héroïnes bouleversantes et terriblement attachantes.

D’après les récits historiques de la lithomnésie, si le Père Terre n’inventa pas la vie à sa surface, il la considéra toutefois avec intérêt et lui fournit les meilleures conditions pour qu’elle se développât. Ceci dura jusqu’à ce que l’humanité, ou plutôt sa partie montrant un don particulier, ne lui retirât sa fille. Depuis, il voue à l’espèce humaine une haine infinie et éternelle.
Cette haine, c’est la Cinquième Saison, des cataclysmes à l’échelle du continent qui mettent en péril tout ce qui respire, parfois pendant des décennies ; et ce don, c’est l’orogénie, la faculté d’apaiser les volcans, de détourner les séismes… et de les provoquer. En tant que responsables de la Cinquième Saison, les orogènes sont rejeté·es, souvent tué·es, dès que leur don se manifeste – dès que leur malédiction devient apparente, souvent dans l’enfance.
Or vous êtes orogène ; vous êtes Essun, mère de deux enfants ; et non seulement on vient de vous enlever votre fille, mais on a tué votre fils.
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Voilà pour le contexte. Ce roman suit trois personnages d’âges différents, toutes dotées d’orogénie, une faculté à peine tolérée par la société tant qu’elle est utile – pour éviter un séisme, par exemple. Ces trois personnages ont donc en commun de se voir assigner une identité – gèneuses – et traiter, même parmi leurs proches, par le prisme de cette identité. Mais l’orogénie n’est évidemment pas qu’un handicap, et ce qui est conçu par l’ensemble de la société comme une malédiction peut être mobilisé pour rendre le monde meilleur (il en a besoin).
Ajoutez à cela qu’il n’y a pas dans cet ouvrage une page superflue, et que tout semble étudié et réfléchi pour former un univers d’une cohérence granitique, et vous comprendrez que Jemisin ait obtenu le prix Hugo pour chaque tome de cette trilogie, un palmarès unique.