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En moi le venin

Philippe Hauret

Jigal

  • Conseillé par
    23 octobre 2019

    De livre en livre, Philippe Hauret s'affirme comme un auteur de roman noir sûr. Son premier m'avait laissé dubitatif ("Je vis, je meurs"), les deux autres m'avaient davantage agréé ("Que Dieu me pardonne" et "Je suis un guépard"). Franchement, là, son "En moi le venin" est excellent. Tous les ingrédients sont réunis en son sein pour un résultat très convaincant. Une ville de banlieue – ou de province – dirigée par un maire depuis vingt ans, un type qui ne cherche qu'à garder sa place grâce à un immobilisme qui ne sied plus aux habitants ; iceux en proie aux difficultés de la vie : chômage, divorces, fins de mois qui arrivent de plus en pus tôt, jeunes à la dérive, drogue, alcool, ... Un ambitieux, Maxence, le candidat à la mairie, qui promet en sachant qu'il ne pourra pas faire la moitié de ce qu'il avance, dans l'air du temps, malheureusement : "Les gens avaient toujours tendance à glorifier les forts en gueule et les mystificateurs. Il fallait promettre plus de travail et moins d'allocations, plus de profit et moins de taxes, plus de sécurité et moins de tolérance. Les opinions populistes gagnaient du terrain partout en Europe, une aubaine pour les candidats aux idées courtes." (p. 66) Un patron de bar qui rêve de régner sur le monde de la nuit de la ville. Une chargée de communication ambitieuse et un pauvre mec, ex-flic, paumé, qui revient pour cause de deuil.

    C'est noir, très noir et il faut bien chercher les quelques lueurs d'espoir. C'est également un roman qu'on ne lâche pas, l'ambiance est glauque, sombre, désespérée. Elle m'a happé de bout en bout. Un roman qui pourrait bien, comme moi, vous tenir éveillé tard juste pour ne pas avoir à le refermer avant sa dernière page.