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Les derniers des branleurs

Vincent Mondiot

Actes Sud

  • Conseillé par (Fontaine Victor Hugo)
    17 juin 2020

    Diamant brut

    "Parfois, les émotions sont trop compliquées pour les mots."
    A priori, ce n'est pas le cas de Vincent Mondiot, qui nous offre un véritable déluge d'émotions avec Les derniers des Branleurs.
    Le roman s'ouvre sur une scène de violence policière pendant une manifestation. La caméra recule. Derrière la vitre du Burger King, Chloé filme avec son portable, ricane avec ses deux meilleurs amis Minh Tuan et Gaspard, ce dernier lui suggérant de rajouter un filtre "oreilles de chien". Le ton est donné.
    Nous sommes en février, à quatre mois du bac, et nos trois compères se foutent de tout, passent leur temps à sécher, à boire, à fumer du shit et à foutre la merde en soirée. Ils ne voient pas l'intérêt de passer le bac et ont comme projet d'avenir de se lever le lendemain (sans gueule de bois si possible) et de vivre en boucle cette routine si rassurante et réconfortante. Les insultes sont leur moyen de communication préféré, et les petits noms affectueux du type tête de bite font partie de leur quotidien. Puis, un quatrième personnage se rajoute à la tribu :il s'agit de Tina, réfugiée congolaise, discrète et bonne élève. Le courant passe instantanément, et la jeune fille va peut-être réussir à faire prendre conscience à ses nouveaux amis que tout n'est pas trop tard.
    Ce roman est exceptionnel, je n'ai pas peur d'utiliser ce mot.
    La plume de l'auteur est tour à tour contemporaine, singeant à la perfection les échanges de nos têtes brûlées, poétique et profonde, lorsque l'on creuse un peu pour découvrir ce qui se cache derrière cette désinvolture manifeste. Il en ressort une comédie lumineuse, d'une tendresse désarmante, un portrait brillant de cette génération un peu perdue qui n'attend pas grand chose de l'avenir, car ce qui compte, finalement, c'est le présent.
    J'aurais été tellement heureuse de découvrir ce roman à 15 ans, je pense que je le trimballerais partout avec moi, il serait corné, annoté dans tous les sens. Non content de nous offrir ce condensé d'émotions, l'auteur nous gratifie, à quasiment chaque page, de petites notes de son cru, sur un ton faussement encyclopédique et véritablement hilarant.
    A lire de TOUTE URGENCE à partir de 15 ans.