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Sabre, Roman

Emmanuel Ruben

Stock

  • Conseillé par (Librairie La Grande Ourse)
    16 septembre 2020

    Eloge de la géopoétique

    La Grande Ourse a une tendresse particulière pour Emmanuel Ruben, qui est le premier écrivain que la librairie ait accueilli, peu de temps après son ouverture 2015. Nous l'avions de nouveau reçu pour « Sur la route du Danube », récit d'une odyssée à vélo le long du grand fleuve européen, en même temps que méditation un brin mélancolique sur le devenir de la dite Europe, qui nous avait ébloui.
    Avec « Sabre » Emmanuel Ruben revient au roman, ou du moins aux apparences du roman : un narrateur, Samuel Vidouble, qui était déjà présent dans « La ligne des glaces » ; un point de départ à la narration : un sabre, jadis accroché dans la salle à manger des grands parents, et mystérieusement disparu, le soir des obsèques du grand père ; un fil narratif : une enquête sur les traces de ce mystérieux objet, qui nous fait remonter dans l'histoire familiale, jusqu'au XVIIIe siècle, à la Révolution et aux guerres napoléoniennes, autour du personnage d'un hypothétique ancêtre, Victor Vidouble de Saint Pesant, hobereau émigré du dauphinois, errant dans l'Europe du Nord jusqu'à la Prusse orientale et au pays baltes.
    Le fil évidemment s'effiloche bien vite, où plutôt se mêle, et s’emmêle, à des fragments autobiographiques, à des réflexions géopolitiques (qui se souvient de l'opération Sabre, menée par l'Armée française au sahel en 2012 ?), à des anecdotes historiques (qui savait que le grand philosophe Emmanuel Kant a donné des cours de géographie à l'Université royale de Koenigsberg ?), à des souvenirs de lectures. « Sabre » affirme la liberté de l'écrivain à s'écarter des chemins tout tracés, et à en inventer d'autres : « J'inventerai donc, dit le narrateur. On invente toujours en racontant, et il faut imaginer beaucoup, mentir énormément, pour qu'elle nous revienne, la prétendue, la sacro-sainte vérité ». Comme tout roman digne de ce nom Sabre invente un monde auquel on finit par croire, le temps de la lecture, et même après, ce qui n'est pas rien.
    On voyage beaucoup dans Sabre, on voyage dans l'histoire, on voyage dans la littérature, et, Emmanuel Ruben n'étant pas géographe pour rien, on voyage dans la géographie. Mais, comme il l'avait brillamment développé lors de la rencontre à La Grande Ourse autour de « Sur la route du Danube », à la géographie il faut ajouter une dimension poétique, à la géopolitique opposer une géopoétique. « Sabre » est une démonstration magistrale de géopoétique : délectation de la musicalité des noms de lieux (ah ! la Courlande, ah ! Ultima Thulé), égarement dans des lieux imaginaires, (l'archipel de Taraconta, au milieu de la Baltique, qu'on ne voit que les jours de beau temps), descriptions rêvées de lieux réels, parmi lesquels Dieppe, qu'Emmanuel Ruben connaît bien : Dieppe, son « château de conte de fées, avec des poivrières, des échauguettes(...)», Dieppe émergeant du brouillard « comme si elle était née de la Manche, détachée de la France, cernée de falaises éblouissantes comme des icebergs (...) et le centre de gravité de cette ville, ou sa capitainerie, ce serait l'hôtel Aguado, lequel semble enjamber la mer tel un transbordeur, lorsqu'en venant de la terre on la voit la-bas, la mer, horizon gris suspendu à tout ce gris béton (...) »
    On voyage beaucoup dans « Sabre » donc, et comme on le voit, on rêve aussi beaucoup, et ce n'est pas rien. Laissons-nous embarquer !

    Jean-Luc


  • Conseillé par (Librairies de Port Maria)
    20 août 2020

    Le souvenir d'un sabre dans la salle à manger des grands-parents lance le narrateur dans un récit du 18ème à nos jours.
    D'une écriture vive, érudite et documentée, l'auteur nous entraîne dans une quête où l'histoire de France est racontée à travers le prisme des légendes familiales, revues par les différentes protagonistes de la famille Vidouble. Le tout rappelant le baron de Münchhausen.
    Emmanuel Ruben se régale, et nous aussi.