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La mère noire

Jean-Bernard Pouy, Marc Villard

Gallimard

  • Conseillé par (Le Biglemoi)
    20 juillet 2021

    Deux auteurs, deux styles, deux récits finissant par se rejoindre. Deux cadres aussi: la Bretagne pour Pouy, la Provence pour Villard.
    Davantage qu'un polar à proprement parler, un bon roman d'ambiance.


  • Conseillé par (Librairie Page et Plume)
    19 février 2021

    Les âmes errantes

    La 4ème de couverture ne dit pas grand chose du contenu de ce livre, plutôt du projet, qui mérite d'être souligné.
    Mais l'histoire aussi mérite qu'on lise ce roman.

    La mère noire, c'est Véro, un femme, une mère qui a disparu du jour au lendemain pour sa fille, absente, pour son mari, qui l'attend. Véro a décidé, un jour, de prendre un chemin de traverse, avec Tintin, avec d'autres, un parcours chaotique, à la recherche d'un sens, une âme errante, une poétesse, observant le monde et ses aspérités. Les cabossés de l'âme qu'elle côtoie à l'asile et ceux de la société lors des maraudes du Samu social.
    Ces invisibles, ceux qu'on a longtemps confiné à l'ombre, au silence. Ils renaissent sous les plumes de Pouy et Villard, les ouvriers, les exclus, ceux qui ne rentrent pas dans le moule, ne sont pas assez "forts" pour cette société exigeante qui manque cruellement d'humanité. Un roman qui en déborde, servi par un style moderne, fluide, poétique, où l'on traque le truculent jeu de langage là où l'on ne l'attend pas. Bref, un roman à côté duquel il ne faut pas passer.

    ~~ Aurélie~~


  • Conseillé par (Le Pain des Rêves)
    31 décembre 2020

    Une même histoire vue par deux talentueux écrivains.
    Jean-Bernard Pouy invente Clotilde, une gamine qui semble être de la famille de la Zazie de Raymond Queneau. Elle en a le langage fleuri et l’impertinence. Elle s’inquiète de savoir où est sa mère. Selon son père, qui ne la prend gère au sérieux, "sa mère s’est barrée pour voir le monde", plus précisément "théoriquement, dans un ashram en Inde". Si elle se souvient peu de sa mère, "elle l’aime de loin". Son Papinou a acheté une ancienne gare "désinfectée", en Bretagne "à Coat-Plougonnec". Ils y vont, lui pour être au calme et elle, pour passer son temps avec ses cinq poules. Mais voilà que ce jour-là, la SNCF est en grève et qu’à Coat-Plougonnec, "surprise de taille", un train était garé devant leur gare, "rempli de gueulards, décoré comme une camionnette de la CGT, banderoles, bombages et calicots, sono à fond". Et voilà Papinou et sa Cloclo embarqués dans ce train de manifestants pour un voyage qui va dégénérer...

    Marc Villard prend le relais pour nous conter l’histoire de Véro, la mère de Clotilde, qui n’est pas du tout en Inde mais dans le sud de la France. Ce n’est pas pour voir le monde, qu’elle s’est barrée, c’est parce que la vie lui pesait, "Trop d’habitudes. Trop de tout". Elle part avec un type qui lui propose un braquage qui tourne mal. Véro se cache de tout le monde, vit dans une caravane en Camargue. Quand ça devient trop dur, avant que la peur la détruise, elle consulte un médecin qui l’envoie dans un lieu de vie où elle entame un long et sinueux chemin avant de revenir dans le monde normal, parmi les autres.
    Autant Pouy se lâche et raconte l’histoire de Clotilde et de son père sans économiser les jeux de langue et de mots, prenant un évident plaisir à ses délires, autant Villard utilise un style plus précis, plus "sérieux" cachant ses pointes d’humour, pour décrire les cinq années d’errance de Véro, fouiller sa psychologie et bien tracer son cheminement. L’écart de style des deux comparses vaut le détour.
    Le roman est moins noir que la tonalité générale de la Série Noire dans lequel il est publié. C’est un roman policier efficace, avec sa dose de drame, suffisamment de suspense, même quand l’humour est au premier plan.