Le Club des enfants perdus

Armand porte un amour inconditionnel à sa fille devenue jeune femme, Miranda. Elle se remet d'une longue période de dépression dont personne n'a bien compris la cause. Dans cette première moitié du roman, Armand raconte cette relation père-fille depuis sa naissance, son mariage et autres passions qui s'imbriquent dans sa vie de comédien reconnu. En seconde partie, Miranda prend la parole. Beaucoup d'aspects de son être semblent échapper à son entourage, même à ce père si attentionné. Elle lui révèle alors que depuis longtemps, une créature étrange lui rend visite la nuit et ne la laisse dormir que si elle consent à ses attentes ...

Des confidences ambiguës aux phénomènes étranges, est-ce la réalité, la raison, ou notre perception qui déraille ? C'est sans doute ce qui rend le roman si envoutant.

Un texte fascinant, éminemment romanesque. Il met en scène deux voix. Celle d'Armand, un célèbre acteur de théâtre, bon vivant et charismatique, mariée à Birke, une femme magnifique et fantasque, elle aussi comédienne. La seconde voix est celle de Miranda, la fille d'Armand et de Birke. C'est un personnage introverti qui appartient au club des enfants perdus. Le duo père/fille est au cœur du roman. La mère est un personnage opaque, ne figurant pas parmi les narrateurs. Cela offre au roman une tonalité plus resserrée et énigmatique, ajoute de la complexité à la dynamique familiale que Rebecca Lighieri met en place. Comme dans les précédents textes de l'auteure, la famille est centrale. Mais cette fois-ci, elle n'est pas monstrueuse ou gravement défectueuse. Elle est certes névrotique mais elle est aimante ou, à défaut, respectueuse. C'est l'histoire d'un couple parental flamboyant qui, sans se l'avouer pleinement, écrase leur enfant unique, alors réservé et timide. Mais sous ses dehors très ordinaires, Miranda cache des talents inaboutis, un savoir occulte et surnaturel. Son père assiste à quelques événements paranormaux, perçoit l'étrangeté de sa fille qu'il aime profondément mais ne comprend pas. Il questionne son comportement, nous raconte ce qu'il voit d'elle, cultivant ainsi son mystère jusqu'à ce qu'elle entre en scène et nous transporte dans un univers déstabilisant. Le processus narratif est génial, l'histoire captivante. Sans dévoiler le mystère, il faut comprendre que le club des enfants perdus, abrite les enfants qui ont un excès d'empathie, une hypersensibilité. Ce sont des êtres qui sont hyper connectés au vivant et cela les diminue, les affecte. ils appartiennent à une jeune génération, grignotée par des troubles anxiogènes, voire psychiques. Rebecca Lighieri la dessine avec brio et originalité, à travers le personnage de Miranda, nom issu d'une pièce de Shakespeare. C'est l'autre plaisir de ce roman, alors imprégné de références théâtrales et d'un corpus folklorique qui alimentent l'atmosphère féerique puis surnaturel de l'histoire.

Armand est un père aimant, épanoui et attentionné. Avec son épouse Birke, femme à l'insolente beauté, ils forment un couple branché, radieux et équilibré. Miranda, leur fille, semble avoir grandi à l'ombre de ces deux êtres lumineux et renvoie une image bien grise. L'un après l'autre, Armand, le "bon vivant", puis Miranda, la "mal vivante", déclament leur monologue, deux confessions, peintures réalistes et extralucides, pour constater quels étranges étrangers nous restons, en dépit des liens du sang et de l'amour qu'on se porte. Mais Miranda, elle, a un pouvoir, et va nous éclairer sur ce fascinant club, celui des enfants qui ne savent que faire du lourd fardeau de leur âme, vouée à une solitude éternelle. Un texte envoûtant d'une hallucinante beauté, une poésie sur le fil du drame qui convoque nos voyages intérieurs et nous laisse à bout de souffle.

Armand (le père) et Miranda (la fille) sont les deux voix narratrices des mêmes événements d'une histoire différente. Miranda, petite fille toute singulière, a traversé une dépression puis rencontre un jeune homme. Elle va mieux et elle est très déterminée. Ses parents, deux grands comédiens ont toujours appréhendé Miranda différemment.
Mais le feu couve, le passé et le refoulé se tiennent prêts...
Difficile d'en dire plus sur ce roman redoutable, Rebecca Lighieri est l'une de nos grandes écrivaines.
Un grand coup de cœur !

L'une des autrices les plus clivantes de ces dernières années nous livre un nouveau roman, toujours plus dérangeant, décalé, étrange, irritant... Que j'ai littéralement dévoré et adoré ! Elle n'a pas peur de gratter là où ça fait mal, de casser les codes ni de nous faire détester ses personnages. Ça remue en dedans et ça fait un bien fou !

Chaque roman de Rebecca Lighieri représente quasiment un rapt tant ils sont machiavéliquement impossibles à lâcher et nous plongent dans un état d'avidité compulsive !
Son nouveau roman ne fait pas exception à la règle et nous hypnotise par ses personnages énigmatiques et leurs mobiles les plus secrets...
Une lecture crue, sombre et addictive !

Miranda, fille d'Armand et de Birke, un couple de théâtreux ensorcelant et diabolique, n'est pas comme les autres. Afin d'échapper à ses cauchemars, elle décide régulièrement de traverser le miroir.
Un récit puissant et diabolique ! Excellent !

Comme à chacun de ses romans, l’autrice nous plonge dans une famille qui dénote. Des parents acteurs, un père un peu trop sûr de lui, et une jeune adolescente qui n’est peut-être pas ce qu’elle prétend être. Rebecca Lighieri nous happe et nous entraîne dans les profondeurs insoupçonnées de l’être humain. A ceux que la noirceur ne rebute pas.

Flamboyant. Armand et Birke sont de ces coups-là. Comédiens érudits, ils alternent les grands rôles du répertoire. Les années passent, le temps ne laisse aucune empreinte sur leur corps. Leur sexualité ne cille jamais. L'appétit est là dans toute son acception.
Légère ombre au tableau : leur fille Miranda qu'ils adorent au demeurant, ne brille pas par son extravagance ni par son audace. Elle leur semble même un peu terne dans ses frusques trop grandes et un peu moches. Et comble du désarroi, aucune passion ne l'anime.

C'est par la voix de son père Armand que nous faisons la connaissance de Miranda et de leurs vies respectives. Le ton est assuré et peu sujet à équivoque. Armand parle de sa femme Birke, qu'il adule, de lui-même qu'il apprécie beaucoup, du théâtre et de Miranda, avec qui il entretient une relation tendre et aimante...bien que critique.

Survient alors dans une deuxième partie bien distincte, le point de vue de Miranda. Nous voilà propulsé dans la psyché complexe de cette jeune fille. Et bien sûr, c'est une découverte totale. Cette fille là ne ressemble en rien au portrait dessiné par son père. Et c'est brutal.

Ce roman a cette particularité propre à certains romans denses et alambiqués : celui de vous agripper et de ne plus vous lâcher. Le style et la forme y contribuent fortement. La fluidité et la précision de la langue, le ton direct et cru. Les thématiques nombreuses. La parentalité et ses affres, la transmission de ses névroses (à plus ou moins haute dose) Ici le narcissisme exacerbé du père et de la mère semble bien avoir influer sur le comportement de leur fille, mais bien sûr pas que...les pistes d'un tel échec sont multiples et méandreuses…

Un roman hypnotique à bien des égards, cruel et fichtrement glaçant.