Frapper l'épopée

Encore une fois un roman passionnant d' Alice Zéniter qui se penche sur l' histoire de la Nouvelle Calédonie. Une histoire coloniale enfin racontée par le peuple autochtone. Tass, après avoir étudier et travailler en France sur sa terre natale. Un roman essentiel pour mieux comprendre l' actualité de cet archipel finalement méconnu.

Après quelques années en métropole, Tass revient à Nouméa où elle enseigne le français. Elle s’attache particulièrement à 2 de ses élèves, des jumeaux qui un jour ne viennent plus en cours. Elle tente alors de les retrouver. Alice Zeniter s’évade en Nouvelle Calédonie et nous la suivons ! Dans les pas de ses personnages, découvrez cette île, ses paysages, ses cultures, son histoire. Un gros coup de cœur pour ce roman le plus dépaysant de cette rentrée.
Valérie

Tass, une jeune calédonienne revient de Paris après une rupture amoureuse. Elle reprend un job de prof remplaçante à Nouméa. Dans sa classe, des jumeaux kanaks, qui vont l'embarquer dans la spirale de l'histoire calédonienne contemporaine. La narratrice nous fait vivre, presqu’en direct, le violent choc de cultures, celle des kanaks, celle des descendants de bagnards et celle des européens plus fraîchement arrivés. Malgré les nœuds impossibles à enlever, Tass entrevoit des éléments qui pourraient constituer sa propre histoire. Alice Zeniter réussit, dans ce roman, à apporter un bel éclairage sur ce qui se passe aujourd'hui dans ce lieu d'outre mer. Elle a un grand talent. Benoît

Une histoire au passé, présent et futur à travers l'écriture remarquable d'Alice Zeniter pour tenter de comprendre la Nouvelle Calédonie, territoire français "trop loin et trop cher" dont l'histoire houleuse fait encore parler d'elle aujourd'hui ...
Intense !

Tass est de retour sur son "caillou", cette fois-ci pour de bon. Ce qui la rattachait à la métropole s'est terminé brutalement, la laissant entre la dépression post rupture et la joie de rentrer chez elle.
Mais voilà, la question qui se pose en Nouvelle-Calédonie, c'est bien celle du "chez soi". Chez qui est-on vraiment sur ce bout du monde colonisé? Qui est légitime pour dire "chez moi"?
Alice Zeniter ne cherche pas à répondre à cette question. Avec délicatesse, elle tisse l'histoire complexe et multiple qui a forgé l'île. Dans le regard de Tass, descendante de bagnard algérien, dans celui de Un Ruisseau activiste de l'"empathie violente" et ceux de NEP et FidR, se dessine la complexité, à la fois évidente et contradictoire, de relier des êtres dans un destin commun dont ils sont les héritiers involontaires.
Une très belle lecture.
Faustine

Le roman se déroule en Nouvelle Calédonie. Le personnage principal, Tass, est né sur l’archipel. Après avoir vécu une décennie en métropole, elle retourne vivre sur son île natale. Elle va y exercer le métier de professeur de français dans un lycée. Parmi ses élèves, des jumeaux Kanak l’intriguent. Elle ne comprend pas pourquoi ils provoquent en elle un tel intérêt. Mais le jour où ils ne se présentent plus en cours, Tass décide de partir à leur recherche. Cette initiative lui permettra d’aller au bout d’une quête qui lui appartient, alors longtemps mise en sommeil : celle de ses origines. En allant à la découverte de celles-ci, elle comprendra l’importance de sa place dans l’Histoire de la Nouvelle Calédonie. Car comment, à l’orée d’une éventuelle indépendance, on se positionne lorsqu’on n’est ni un Kanak, ni un descendant de colon ? Il existe une troisième voie issue d’une population multiple, venue des quatre coins du globe. La Nouvelle Calédonie était une colonie pénitentiaire. Des gens y ont été amenés de force, dont des forçats algériens et l’un deux est l’ancêtre de Tass. Parallèlement à l’histoire de cette dernière, nous suivons un groupe d’indépendantistes Kanak composé de trois personnes. L’esprit de leur lutte est tout aussi intrigante que géniale : elle repose sur l’empathie violente. Les actions menées sont donc des actions non violentes, pensées sur un temps long et qui ont pour but « de troubler l’évidence du chez soi », de faire comprendre que la colonisation provoque un sentiment de dépossession. En remontant le fil des origines de Tass et en mettant en scène un groupe d’indépendantistes Kanak, Alice Zeniter nous raconte subtilement l’Histoire de l’archipel et nous montre à quel point le spectre pénitentiaire et colonial pèse encore sur la Nouvelle Calédonie. Un roman magnifique et édifiant où la part romanesque est aussi forte que la part de l’essai.

Alice Zéniter nous revient avec un roman teinté d'exotisme, au cœur de la Nouvelle-Calédonie. Dans ce petit morceau de France à l'autre bout de la terre, son héroïne se démène pour trouver un sens à sa vie et à son histoire familiale. Un passionnant récit multiformes, qui évoque les enjeux des peuplements et des migrations dans cette île où les peuples premiers peinent à retrouver leur place légitime. Sujet ô combien intéressant et actuel !

Librairie La Promesse de l'Aube

Une plongée dans l'histoire complexe de la nouvelle Calédonie à travers le regard de Tass, jeune femme revenue définitivement de métropole où elle n'a finalement jamais pu s'installer vraiment. Elle reprend peu à peu sa vie , son métier de professeure sur cette ile qui l'a vue naitre. Mais quelque chose d'elle ne cesse de s'interroger sans qu'elle comprenne tout d'abord ce qu'elle cherche. Peu à peu, elle ouvre vraiment les yeux . Alice Zeniter nous entraine dans un récit où passé, présent se mêlent à la recherche d'un avenir pour Tass, la Kanaky, le Caillou, la Nouvelle-Calédonie. Un roman puissant, une écriture comme toujours remarquable.

Avec son talent romanesque habituel, Alice Zeniter nous plonge cette fois dans l'histoire tourmentée de la Nouvelle Calédonie et de ses relations complexes avec la métropole.

Alice Zeniter situe l'action de ce nouveau roman en Nouvelle-Calédonie et cela peut surprendre d'autant qu'il y a ce télescopage avec l'actualité récente.

C'est donc avec beaucoup d’intérêt et de curiosité que je me suis plongée dans sa lecture.
Nourrie de ses propres recherches après plusieurs mois passés sur place, l'autrice nous immerge dans une histoire follement romanesque et empreinte du passé colonial de cet archipel.
A travers les personnages d'une professeure des écoles et de deux de ses élèves kanak, elle nous immerge dans une culture peuplée de dieux et de légendes.

Un bonheur de lecture à savourer avec délectation.

Après quelques années passées en France, la narratrice retourne en Nouvelle-Calédonie. Inquiète de la disparition de deux de ses élèves, elle part à leur recherche et va remonter le fil de l'Histoire de l'île et la violence de sa colonisation.
Coup de cœur !

Un texte remarquable sur le déracinement et l'histoire du peuple Kanak à travers le personnage d'une femme, Tass, qui revient habiter en Nouvelle-Calédonie après dix ans d'exil métropolitain. Lorsque deux élèves de sa classe disparaissent dans un climat politique déjà tendu, elle va prendre des risques pour les retrouver, ce qui fait évidemment écho à la situation actuelle.

C'est en 2019 lors d'un voyage en Nouvelle-Calédonie qu'Alice Zeniter à l'idée d'un roman. En 2022, elle retourne pour l'écrire sur cette île lointaine, à 18 000 kilomètres de la France, à plus d'une journée de voyage en avion.
À cause de cet éloignement et comme de nombreux métropolitains, Alice Zeniter ne connaissait pas la Nouvelle-Calédonie, elle s'est documentée, ce qui lui permet de pouvoir décrire toute la complexité de cette île et de ses habitants, l'impact de la colonisation..
Après des années d'absence et une rupture amoureuse avec un métropolitain, Tass revient sur le Caillou pour enseigner le français. Elle revient sur son île, là où sont ses racines. Mais elle a quelques difficultés à trouver sa place.
Elle dont la mère est métropolitaine, est-elle blanche ou métis ? Car on peut être "Blanc-blanc, pour distinguer les Blancs-uns des Blanc-autres, des Blancs pas blancs" ou "pur métis". Quelle est son identité ?
L'enseignante se prend d'intérêt pour deux lycéens, Pénélope et Célestin. Elle trouve celui-ci très beau, jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'ils ont le même visage puisqu'ils sont jumeaux. Elle réalise que le regard que l'on porte sur les gens, sur les choses est un regard construit qui n'est pas toujours exact. Tass a choisi d'étudier L'île des esclaves de Marivaux, puisqu'il n'y a pas d'écrivain kanak. Les deux jeunes reprochent à Marivaux d'avoir "un rêve si petit, alors qu’il aurait pu créer n’importe quoi sur cette île imaginaire".
Les deux jumeaux s'absentent du lycée. Ils rejoignent un trio de jeunes kanaks indépendantistes. Enfants des villes, pourront-ils vivre "en brousse" comme des kanaks ? S'ils gagnent l'indépendance, puisqu'ils ne parlent pas la langue, qu'ils ne connaissent pas la coutume, ils ne sauront plus habiter sur leur terre et vivront comme des Blancs. Ce qui jette un doute sur la possibilité d'une indépendance gagnée par les kanaks. Inquiète, Tass part à leur recherche.
Le trio pratique "l'empathie violente". Il s'agit de déranger des objets dans les maisons, ou de dépenser des sommes dérisoires avec la carte bancaire dérobée, pour troubler les volés, pour leur faire ressentir que la dépossession est absurde, "Car les Blancs ne nous ont pas pris nos terres parce qu’ils en avaient besoin : ils les ont prises pour en faire un bagne ! Ils sont arrivés ici et ils ont dit : c’est un paradis, nous en ferons une colonie pénitentiaire".
À la recherche des jumeaux, Tass vivra une expérience curieuse, parfaitement irrationnelle, qui lui fera prendre conscience de ses origines. Dans son œuvre, c'est la première fois qu'Alice Zeniter recourt au merveilleux.
Lors de son premier voyage dans l'île, l'autrice a appris que des Arabes, surtout des Algériens, dont des Kabyles originaires de villages proches de celui de ses arrières grands-parents, ont été envoyés au bagne. Elle a retrouvé la liste de ces 2106 bagnards. "Peut-être sommes-nous cousins" lui ont dit des descendants. Cette proximité inattendue colore le personnage de Tass.
Alice Zeniter réussit l'exploit de faire comprendre la complexité de la Nouvelle-Calédonie dans un texte documenté sans jamais quitter le genre romanesque. Elle le fait sans négliger les parti-pris politiques, le positionnement de la France, sans négliger le côté douloureux de cette histoire. Son écriture est tour à tour sérieuse, précise, questionnante, légère, avec des pointes d'humour. La lecture est agréable, c'est presque un page-turner !
Admirable.

Quel titre, Frapper l’épopée, le nouveau roman de Zeniter Alice ! Toujours la même langue, généreuse, exigeante et même « chatoyante », tant elle envoûte, mais aussi voix dérangeante, empreinte de révolte, souvent à peine estompée, pour découvrir ce territoire français du bout du monde et son histoire, La Nouvelle Calédonie.
Ce roman est exigeant et engagé qui ne cède ni à une écriture facile ni à un sujet consensuel. Même si Alice Zeniter change de continent, elle interroge la colonisation et ses conséquences dans un pays aux multiples influences culturelles, entre Asie et Australie, avec son ancien centre pénitentiaire aux ramifications jusque dans l’histoire actuelle. Un roman encore très réussi !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/08/17/alice-zeniter-frapper-lepopee/