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14

Jean Echenoz

Les Éditions de Minuit

  • Conseillé par (Fontaine Luberon)
    20 novembre 2012

    La guerre de 14, un sujet éculé ? Jean Echenoz relève le défi avec brio et 120 pages suffisent à plonger le lecteur dans ce que fut la Grande guerre. A vrai dire dès les premières pages, le ton est donné : une description fidèle et sobre pour resituer le contexte, le son du tocsin et nous y voilà. Echenoz c'est avant tout un style inimitable !
    Pour l'heure les destins croisés d'Anthime, de Charles, de Blanche la bien-aimée et de quelques autres sont tout ce qui importe. Un merveilleux moment de lecture.


  • Conseillé par (Librairie La Galerne)
    15 octobre 2012

    Echenoz, c’est un style, un rythme, une distance, une retenue et de l’humour aussi. La magie de "14" c’est qu’en quelques mots tout est dit. Ce texte très court est incroyablement précis ; la restitution de cette époque, fidèle et romanesque. C’est remarquable !


  • Conseillé par (Librairie l'Esperluète)
    10 octobre 2012

    L'art du maître

    Après trois biographies littéraires, Jean Echenoz revient au roman, et c'est pour nous donner le livre d'un maître. Avec ce texte très court, il évoque la grande guerre dans son ensemble, ce qui l'a précédée, ce qui l'a suivie, dans une forme aussi sobre que son titre. Comme toujours avec Echenoz, on a l'impression de pouvoir raconter l'histoire en quelques mots, et comme d'habitude il nous fait voir ce que voient les personnages, et vivre dans leur temps. C'est son sortilège, vous n'avez que quelques lignes pour y échapper.


  • Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
    31 août 2012

    Un nouveau texte de Jean Echenoz est toujours une belle surprise de lecture. Comme Courir et Ravel, ses précédents romans, 14 est d'une belle singularité.
    1914, Anthime Sèze est appelé à combattre l'ennemi, une sorte de promenade dans la liesse générale qui ne doit durer que quelques semaines, au pire quelques mois... Blanche, elle, attend Charles. Mais c'est Anthime qui revient, quittant l'épouvantable front à la faveur d'une belle blessure.
    Les mots glissent et s'interpellent, Jean Echenoz joue avec la langue, sublime ses personnages simples, humains, et solidaires. Au cœur de la Grand guerre, il nous gratifie d'un texte presque léger par un humour élégamment distillé.


  • Conseillé par
    13 octobre 2012

    Comme en 14 !

    Comme d’autres attendent, fébriles les oreilles tendues, la dernière galette de Frédéric François ou d’Adamo, moi, lecteur fiévreux l’oeil pendu sur l’horizon vitré des librairies, je scrute le dernier pot de beurre de mon cher Echenoz.

    L’écrivain désinvolte et désabusé à l’écriture «court-métrée».
    A la Jacques Tati.

    Comme dans «Je m’en vais.» (Prix Goncourt 1999) ou «Courir», Echenoz filme l’éphémère, tourne la manivelle de la parodie, concasse le cocasse, poussent ces personnages dans les orties du décor et rire au coin des mots, pince, sans rire, le lecteur.
    Et puis chez Echenoz les mots sont méticuleux : on respire des atomes d’air, on pénétre et on insémine, on a des habitus et les chiens sont homothétique à leurs maîtres.
    Echenoz est un maniaque.

    1914. En Vendée. On est un samedi.
    Anthime roule en bicyclette et entend sonner à l’unisson les cloches des villages vendéens.

    «Le tocsin, vu l’état du monde, signifiait à coup sûr la mobilisation.»

    Anthime et ses camarades de pêche et de bistrot se retrouvent à la caserne.
    Les hommes. Au front.
    Padioleau le boucher, Bossis l’équarisseur, Arcenel le bourrelier.
    Ils sentent déjà le cadavre et l’on se voit retarder sa lecture pour les garder en vie.
    Chaque page tournée va les précipiter dans le bourbier des tranchées.

    «Padioleau, de ce fait, s’est retrouvé nageant follement dans sa capote cependant que Bossis ne pourrait jamais plus, le temps qui lui restait à vivre, s’adapter à ce pantalon.»

    Et puis il y a Blanche. La femme. A l’arrière.
    L’amie de Marcel Tendron. Celui qui reçoit le prix Goncourt pour «Le Peuple de la mer», devant «Le Grand Meaulnes» d'Alain-Fournier et «Du côté de chez Swann» de Marcel Proust.
    L’ami de la famille.

    Blanche la Pénélope tricote un enfant et attend.

    Quand reviendront-ils les hommes ?

    La guerre de 14-18.
    Cet opéra sordide et puant déjà décrit, écrit mille fois est ici (dé)joué par Echenoz qui va même jusqu’à couper un bras à Anthime, aidé par un éclat d’obus «en forme de hache polie néolithique».
    Cendrars est passé par là.
    Cendrars, l’homme à la main coupée, qui écrivait : «Les poilus étaient découragés. Ce va et vient était bien la plus grande saloperie de cette guerre, et la plus démoralisatrice, et il ne manquait qu'une sirène à l'entrée des boyaux - une sirène et une horloge et un système de contrôle à poinçon qui leur aurait délivré une fiche et un petit portillon de fer à fermeture automatique - pour rappeller aux pauvres bougres leur boulot à l'usine, sans rien dire des blessés qui croyaient en être quittes, et qui remontaient, et qui remettaient ça, à l'usine de la mort, une fois, deux fois, trois fois, quatre jours en première ligne, quatre jours dans les cantonnements à l'arrière.»

    On ne quitte pas cette guerre comme ça...

    Un conseil d’ami : lisez Echenoz !