www.leslibraires.fr

Une planète dans la tête

Sally Gardner

Gallimard Jeunesse

  • Conseillé par (L'Autre Monde)
    23 avril 2016

    Le voyage dans la lune

    Standish vit dans une nation autarcique, en guerre avec toutes les autres, et qui veut leur imposer sa suprématie. Cela ne vous rappelle rien ? Loin des univers dystopiques habituels, ce roman, et la couleur rouge omniprésente, rappellent étrangement la Guerre Froide et l'URSS. D'ailleurs, cette nation ne veut-elle pas prouver sa supériorité en effectuant le premier alunissage ? Dans tout ça, Standish ne va pas se contenter de survivre, il veut changer les choses, et la disparition de son meilleur ami, Hector, va le pousser à passer à l'action.
    Standish fait figure de anti-héros à côté d'Hector, qui est décrit comme "beau, le dos droit, les cheveux blond foncé et les yeux verts". Il est aussi rebelle, et son insolence n'a d'égale que son intelligence. Mais c'est Standish, qui rêve de planètes imaginaires qu'il croit pouvoir atteindre avec un vaisseau en papier mâché, qui va tout changer. Standish loue souvent l'intelligence des autres face à sa propre inintelligence. Mais il n'est pas bête, on ne lui a juste jamais rien appris. Il comprend seul ce qui se passe à l'intérieur du palais où l'on cache la plus grosse supercherie de l'Histoire. Il comprend déjà quand Hector lui ment. Il comprend depuis le départ de ses parents.
    C'est un roman sensible, qui fait réfléchir, et qui nous fait respirer au rythme de ses personnages, nous emmène dans un autre monde et nous fait "sentir" la vie. Ce n'est pas sans rappeler une citation de Ray Bradbury, expliquant ce qu'est un bon livre : "Pour moi, ça veut dire texture. Ce livre a des pores. Il a des traits. Vous pouvez le regarder au microscope. Sous le verre vous trouverez la vie en son infini foisonnement. Plus il y a de pores, plus il y a de détails directement empruntés à la vie par centimètre carré de papier, plus vous êtes dans la "littérature". C’est du moins ma définition. Donner des détails. Des détails pris sur le vif. Les bons écrivains touchent souvent la vie du doigt. Les médiocres ne font que l’effleurer. Les mauvais la violent et l’abandonnent aux mouches." Une Planète dans la tête a de la vie en lui.