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Ceux du Nord-Ouest

Zadie Smith

Gallimard

  • Conseillé par (Fontaine Victor Hugo)
    14 mai 2014

    Zadie Smith nous livre ici le portrait de quatre personnages, quatre êtres humains ayant grandi dans les quartiers malfamés de Londres et pour qui misère est synonyme de vie.

    Alors qu'ils se sont côtoyés puis désirés, qu'ils ont connu les mêmes misères, qu'ils ont souffert les mêmes violences, Nathalie, Nathan, Félix et Leah ont atteint ce stade où les destinées après s'être unies, s'opposent.
    Aujourd'hui chacun a dépassé la quarantaine, certains ont réussi socialement, d'autres sont toujours plongés dans les affres du quotidien. Et pour eux, la prospérité de leurs x-compagnons de route est difficile a accepté.
    Nathalie fait partie de ses personnages qui ont réussi. Devenue une avocate de renom, elle a souffert toute sa vie de sa condition, être une femme dotée de grandes capacités ntellectuelles, car dans son quartier, la réussite n'est pas envisageable. Pire, elle est perçue comme une trahison, un mépris des origines...
    « Ceux du Nord Ouest » est un texte tout aussi « cosmopolite » que le quartier qu'il décrit. Il est à la fois roman d'apprentissage, roman social, roman psychologique et défenseur de la cause féminine.


  • Conseillé par
    1 juillet 2014

    De Zadie Smith, je n’avais lu que « De la beauté », à sa sortie il y a maintenant sept ans, et ce roman où humour et humanité faisaient bon ménage fut un coup de cœur. C’est donc avec enthousiasme que je me suis lancée dans la lecture de « Ceux du Nord-Ouest ».

    J’ai tout d’abord été surprise par son écriture, très différente de celle de « De la beauté », avec une volonté manifeste d’expérimentation, en mêlant notamment bribes de réalité extérieure et flux de conscience, pour un résultat qui m’a plu : j’appréciais ce recours à la Littérature pour décrire une réalité sociale actuelle. Elle nous est présentée au travers de trois personnages. Le premier est celui de Leah Hanwell. Son parcours se laisse découvrir mais Felix Cooper, évoqué ensuite, a davantage retenu mon attention.
    Il reste qu’arrivée au milieu du roman, et alors même que la forme utilisée continuait à me convenir (cette fois, l’auteur optait pour une narration traitée en une longue suite de séquences numérotées), l’ennui est insidieusement venu s’installer, tandis que l’auteur revenait très longuement (150 pages) sur le troisième personnage principal, celui de Keisha/Natalie, l’amie de Leah.
    C’est là que j’ai commencé à me rendre compte que, si j’étais séduite par l’écriture et par certaines remarques ou considérations captées ici ou là, il n’y avait guère qu’au personnage de Felix que j’avais un peu accroché : Leah et Natalie, quel que soit le nombre de lignes et de mots qui leur était consacré, demeuraient à distance, des personnages auxquels je ne croyais pas vraiment, si bien que leurs histoires m’apparaissaient comme manquant singulièrement de densité. Bref, tout ça pour ça …

    « Ceux du Nord-Ouest » est un roman dont je crains qu’il ne me reste pas grand-chose, hormis la certitude d’avoir lu une œuvre à l’écriture particulièrement travaillée portant sur une banlieue londonienne dépeinte avec précision et réalisme. Je n’y ai, en tout cas, pas retrouvé la tonalité qui m’avait tant plu dans « De la beauté ».


  • Conseillé par
    24 avril 2014

    "Une vaste colline traverse le nord-ouest de Londres. Elle démarre à Hamstead et s'étend à travers Kilburn, Willesden, Brondesbury, Cricklewood. La littérature la connaît bien. (..) Même Dickens s' y aventure parfois, pour boire une pinte ou enterrer quelqu'un " et il s'agit d'une ligne de démarcation non matérialisée entre quartiers riches et quartiers pauvres. Leah, Keisha devenue Natalie, Félix et Nathan ont grandi dans la cité populaire de Cadwell où l'on croise différentes nationalités. Leah et Keisha sont deux amies d'enfance. Si Leah s'est très vite laissée tenter par le sorties, l'école buissonnière, les garçons et la drogue, Keisha a vu dans les études une porte de sortie pour accéder à un autre milieu social et essayer de gommer ses origines jamaïcaines.

    A l'aube de la quarantaine, Leah la seule "blanche "de peau consacre désormais son temps aux associations caritatives. Elle ne s'est pas éloignée de son quartier d'enfance et vit à Kilburn avec Michel son compagnon d'origine française qui est coiffeur. Il veut un enfant mais pas elle. Leah n'ose pas le lui dire sans compter qu'elle doit supporter la pression de sa mère qui insiste car selon elle l'enfant est la continuité du couple-appartement-travail. Keisha qui se fait appeler Natalie a réussi : une belle carrière, un beau mari, deux enfants et un bel appartement. Natalie et son mari aiment recevoir. Ainsi Natalie et Leah continuent de se voir même si elles ne font plus partie du même milieu et que leurs aspirations en apparence sont différentes. Nathan dont Leah était amoureuse à l'adolescence fait la manche pour acheter de quoi se droguer. Felix pense enfin s'accrocher à une vie droite loin des embrouilles, de la drogue. Il y croit, il le veut. Mais son rêve s'arrêtera brutalement car le passé se reproduit dans les nouvelles générations.

    Les phrases claquent ou sont des uppercuts! Extrêmement bien écrit, l'auteure joue avec les codes et les formes pour nous surprendre. On pourrait penser qu'elle enferme ses personnages dans un cercle et prêche dans l'accumulation de malheurs ou de déboires. Mais non, ce serait un tort. Le passé pèse sur ses personnages car personne ne peut se défaire de ses origines même la brillante Natalie. Mais Zadie Smith monte une vrai tendresse envers eux.
    Absolument maîtrisé, même si les cent dernières pages s'essoufflent un peu, on ressort bluffé par ces personnages et cette écriture ensorceleuse qui pointe les faux-semblants, les rêves accomplis qui laissent insatisfaits ou tout simplement l'envie de tout laisser tomber comme si c'était inscrit ou quand la volonté, la force ne sont plus présentes. A lire !