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    2 mars 2013

    Roman de Stephen King. Illustrations de Bernie Wrightson.

    Depuis plusieurs générations, les loups descendent de Tonnefoudre et enlèvent les enfants de la Calla. Quand les enfants reviennent, ils sont crânés et toute étincelle d’intelligence et d’âme a disparu : ils ne sont plus qu’« un corps énorme sous une tête vide. » (p. 31) Dans ce pays où ne naissent presque que des jumeaux, les loups n’enlèvent qu’un enfant par paire et nul ne sait pourquoi, ni ce qu’il advient des enfants à Tonnefoudre.

    Pendant ce temps, Roland et son ka-tet ne savent pas comment ils ont quitté le palais de cristal vert, ni ce qui s’est passé après leur rencontre avec John Farson, l’ennemi juré du pistolero qui se fait aussi appeler Marten. Mais ils ont compris qu’il existe une rose : si fragile soit-elle, elle possède une puissance extraordinaire. « Il y a deux pivots dans l’Existence. […] Deux ! […] La Tour… et la rose. Pourtant, elles ne sont qu’une seule et même chose. » (p. 195) Alors, quand la Calla se dresse soudain sur le chemin des pistoleros, ils doivent choisir s’il faut d’abord protéger la rose ou sauver les jumeaux de ce pays.

    Dans le tome précédent, au cours de sa longue confession, Roland avait appris à ses amis l’existence de boules de cristal capables de faire voyager les hommes. La plus terrible d’entre elles est la Treizième Noire. Si elle peut aider les membres du ka-tet à partir vaadasch, elle peut également se retourner contre ceux qui l’utilisent et quand elle est aux mains d’une puissance malveillante. Ainsi, chaque voyage qu’Eddie entreprend vers New York pour tenter de sauver la rose est une traversée pleine de dangers.

    Le ka-tet rencontre le prêtre Callahan qui leur raconte son terrible passé, aux prises avec l’homme en noir, les vampires et les hommes en manteau jaune. Ces derniers, Stephen King en a déjà parlé dans Cœurs perdus en Atlantide, le roman qui m’a justement ouvert les portes de La Tour sombre. Dans ce cinquième volume, on entend aussi parler des Briseurs de Rayon. Et on croise Andy le robot et Mia fille de personne. De nombreux récits s’intercalent dans l’intrigue et ralentissent la quête. Ou plutôt, sauver les enfants de la Calla est une quête dans la quête.

    Stephen King met en abyme ses propres textes, mais également des histoires de la culture américaine et moderne. Ainsi, on croise quelques éléments échappés de La guerre des étoiles ou de l’univers d’Harry Potter, ou encore des comics Marvel. Sous la plume de Stephen King, la culture populaire devient mythique et compose un palimpseste à la fois drôle et subtil.

    J’ai beaucoup aimé ce tome, même s’il s’éloigne un brin de la Tour sombre. Et j’ai été particulièrement touchée par Jake : le garçon perd peu à peu son innocence et le pistolero ne peut s’empêcher de souffrir de ce qu’endure son jeune ami. « Non, tu n’as pas demandé à être amené ici. Moi non plus, je n’ai pas cherché à te voler ton enfance. Pourtant, nous voici ici et le ka se tient au bord de la route et se rit de nous. Il nous faut agir selon sa volonté ou bien en payer le prix. » (p. 379) Et maintenant, vivement le tome suivant, à la poursuite de Susannah et des deux monstres qu’elle abrite. Non, je n’en dirai pas plus !