Soumission

Encore un roman miroir où le lecteur a tout le loisir de projeter ses phantasmes, désirs et analyses. J'avoue pour ma part avoir bien ri à la lecture de Soumission mais c'est aussi un livre très finement écrit au style impeccable.

"Toujours, nous chercherons chez les écrivains, et particulièrement chez les romanciers, un fragment de la vérité de ce monde où nous sommes jetés et qui nous angoisse", disait Bernard Maris, un ami disparu de Houellebecq...

Tous les grands thèmes de Houellebecq sont présents, la fatigue de l'individu et de la société, la recherche du sexe, la déprime masculine, la critique de la pensée progressiste de 68, etc mais on pourrait dire comme en mode mineur par rapport à ce qu'on avait pu lire dans ses précédents romans.
Mais ici il ne pose pas seulement son regard habituellement pessimiste sur les hommes pris dans les tourmentes intimes d'une époque médiocre, il est maintenant persuadé de la fatigue généralisée et culturelle de tout un peuple qui se soumettrait presque avec soulagement à un nouvel ordre, vu comme un remède au fond adéquat (et c'est là que le livre de l'auteur fait polémique) face à l'apathie nationale.
Un livre qu'on lit comme on se laisserait aller à un penchant morbide. Au lecteur de se faire son opinion d'autant que les événements récents permettent de le lire sous un jour plus cru.
Houellebecq n'a sans doute jamais été aussi politique et cela peut-être au détriment de sa littérature.

François, professeur à la Sorbonne, reconnu pour ses recherches sur Huysmans et qui n’a que son métier dans la vie, assiste à des élections présidentielles historiques : Le Front National contre La Fraternité Musulmane. Quelles seront les conséquences pour le pays tel qu'il l’a toujours connu ? Pour commencer, on propose à tous les professeurs de l'université de prendre leur retraite anticipée ou bien de se convertir à l’Islam! François, dont le passe-temps était de séduire ses étudiantes, n’a plus de repères face à cette évolution rapide. Il a le choix entre s’adapter comme certains de ses collègues, ou bien résister et partir comme d’autres… Mais pour aller où ? Pour le moment, il cherche quelle est sa place dans son "nouveau" pays. La trouvera-t-il ? Et quelle sera-t-elle ?

C'est l'occasion de découvrir l'écriture de Michel Houellebecq, sa plume virulente et son univers averti tant sur notre société individualiste et désenchantée, que sur la religion arrivée au pouvoir. Cela donne des passages justes, amusants, mais aussi alarmants.

Conseillé par Céline L.


**dessin de Cabu publié en 2013 dans Charlie Hebdo. **© les échappés

Certains crient au chef d'œuvre, d'autres au scandale: une fois de plus, Michel Houellebecq se retrouve au centre de l'attention et alimente une de ces polémiques qui va monopoliser les rubriques littéraires pendant quelques jours. Tout dépend de la manière dont on envisage ce livre: est-ce l’œuvre d’un islamophobe peignant Mahomet sur la muraille pour effrayer les foules, ou le récit d’un écrivain doué qui pratique la dérision et surtout l’autodérision comme il respire ? Je pencherais pour la deuxième hypothèse. Et le seul qui devrait vraiment s’indigner dans cette affaire, c’est François Bayrou qui, pèlerine de Justin Bridou au vent, est considéré comme « irremplaçable parce que parfaitement stupide ».

L’intrigue est à la fois simple et effrayante: François Hollande a accompli mollement ses deux mandats, et lors de l'élection présidentielle de 2022, la France, coincée entre deux extrémismes, doit choisir entre la peste et le choléra: le Front National et la Fraternité musulmane. C'est ce dernier parti qui l'emporte et, sponsorisé par les petrodollars, le pays se transforme peu à peu en monarchie islamique. Les femmes s’évaporent du monde professionnel, les universités privées n'acceptent que des professeurs convertis à l'islam, et chacun d'eux verra son salaire augmenter sensiblement pour pouvoir entretenir les deux ou trois (voire plus) femmes auxquelles la polygmamie lui donne droit.

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C'est avant tout d'une satire (féroce) de la France d'aujourd'hui. Il y est question de politique, de religion, de solitude et de misère sexuelle... et aussi de littérature fin de siècle: Jean Lorrain (un peu), Huysmans (beaucoup).
Je l'ai lu avant les attentats et vais le relire bientôt. C'est très drôle. Un peu déprimant aussi... Bref, c'est du Houellebecq, quoi !