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Jours tranquilles, brèves rencontres

Eve Babitz

Éditions Gallmeister

  • Conseillé par
    17 mai 2016

    Brèves, parfois de comptoirs, à L.A.

    Romancière américaine née à Hollywood et vivant à Los Angeles. Personnage incontournable de la scène californienne, son premier ouvrage a été édité en 1974. Celui-ci est le premier traduit et publié en France.
    Chronique attendrie, mais pleine d’humour d’une femme libérée dans le Los Angeles des années 1970.
    Eve Babitz est aussi connue pour une superbe photo d’elle nue et jouant aux échecs avec Marcel Duchamp en costume, elle corps blanc, pions noirs, lui costume noir, pions blancs dans un décor futuriste.
    Titres des chapitres :
    Bakersfield. Le séquencier. Dodger Stadium. Héroïne. Le sirocco. La pluie. Mauvaise journée à Palm Springs. Emerald Bay. Le Garden of Allah.
    Dans « Le séquencier », on croise un acteur qui découvre que le rôle qu’il joue depuis cinq ans dans un feuilleton va soit mourir, soit devenir un « légume ».
    Toute américaine qu’elle est, elle n’avait jamais été invitée à un match de base-ball ! Un long paragraphe sur la drogue qui commençait à se répandre dans le monde artistique. Le vent et la pluie lui inspirent quelques très belles lignes, en particulier celles de Rome: connaissez-vous « Le Quaalude » qui, d’après l’auteur, est un puissant aphrodisiaque mais à manipuler avec précaution ? Ce médicament serait responsable de la mort de Jimi Hendrix !
    Moult personnages dans ces brèves rencontres, il est parfois question de gens connus (la scène rock californienne) et d’autres sublimes inconnus comme ce propriétaire d’un vaste domaine vinicole à Bakerfield. On rencontre beaucoup de personnalités du monde de la musique décédées à l’époque : Janis Joplin que l’auteur a juste aperçu, Jimi Hendrix, Phil Ochs qui, miné par la drogue et l’alcool, se suicide, Jim Morrison ou disparu depuis, George Harrison, entre autres.
    Il est aussi fait mention d’auteurs notoires, Raymond Chandler, Virgina Wolf, elle parle aussi de Joan Didion, son exacte opposée !
    L’autre personnage phare de ce livre est « Shaw », bisexuel amant de Eve, mais ne crachant pas sur les aventures masculines.
    Une belle écriture, précise, mais simple. Un ouvrage qui se lit très bien, et cerise sur le gâteau me rajeunit.
    Je suis un grand fan de ce genre d’ouvrages, succession de textes n’ayant apparemment pas grand lien ensemble. Mais ici, c’est une version artistique du Los Angeles des années 1970 que nous découvrons, ou plutôt que nous revisitons de l’intérieur.
    Mi- récits, mi- souvenirs, un témoignage d’une époque qui marquera des profonds changements dans la société américaine, puis mondiale. Changements qui ne seront hélas qu’un feu de paille, l’argent roi balayera tout cela !
    Contrairement aux « Jours tranquilles à Clichy » d’Henry Miller, il n’est pas question ici de débauche sexuelle. Même si on se doute que certains personnages masculins de ce livre furent des amants de l’auteure. Chose dont elle ne se cache pas d’ailleurs dans plusieurs textes.
    Elle a créé plusieurs pochettes de disques dont celle de « Buffalo Springfield Again » des Buffalo Springfield.