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Le Guide et la Danseuse

Rasipuram Krishnaswamy Narayan

Zulma

  • Conseillé par
    16 novembre 2015

    Rasipuram Krishnaswami Narayanswami de son vrai nom est né en 1906 et mort en 2001 à Madras. Ce roman, intitulé The guide en anglais, la langue d'écriture de RK Narayan, est publié en 1958, puis en 1990 en français chez Belfond, repris en 2012 chez Zulma puis en poche cette année.

    Quel beau roman les amis, quel beau roman ! RK Narayan sait se faire caustique, drôle, tendre, critique, joyeux, sérieux tout cela par l'intermédiaire de son personnage principal Raju. C'est un jeune homme qui n'aime pas l'école qui préfère aider son père dans sa boutique. Il a des rêves, agrandit le magasin, rencontre Rosie et fait d'elle une danseuse reconnue. Bourré d'amour et d'ambition, il ne fait pas attention aux pièges et pêche autant par cupidité que naïveté. Il est à la fois agaçant et attachant. Peut-on lui reprocher de vouloir accéder à des richesses jusque là rêvées ? Non bien sûr. Peut-on lui reprocher de les vouloir en profitant des autres ? Sans doute un peu... Il devient gourou sans le vouloir, parce que la situation le sert, il a ainsi gîte et couvert sans se donner de mal. C'est une méprise qui lui offre ce rôle, puis la supercherie devient difficile à dévoiler : tout révéler signifie tout perdre et retourner dans sa petite ville d'origine où il sera moqué et regardé comme celui qui sort de prison.

    On peut voir dans ce roman -et l'on doit y voir- une critique des sectes et des gourous de tout poil, ceux qui bâtissent une religion ou qui sont adorés par des illuminés ou des gens en plein désarroi. C'est même assez fou de voir qu'il faut peu d'ingrédients pour que Raju soit vite pris pour un prophète alors que sa vie passée est tout l'inverse de cela, il est très loin de Gandhi ! Mais on peut voir aussi la vie d'un homme amoureux qui se laisse déborder par ses rêves de gloire, de vie facile. La jalousie est aussi l'un de ses défauts, il ne supporte pas que Rosie soit heureuse avec d'autres que lui. Rosie est celle qui le révèlera à lui-même, celle qui à son insu fera naître ou grandir ses mauvais côtés.

    C'est vraiment un pur plaisir que de se plonger dans ce roman indien des années 50. C'est drôle, léger et sérieux, simple à lire, RK Narayan ne nous noie pas sous des déluges de détails typiquement indiens, même s'il est bien ancré dans la société du pays. Phrases simples, rythme assez soutenu pour ne pas perdre le lecteur, et la magie opère sur les à peine 270 pages. Je l'ai commencé un peu dubitatif mais confiant quand même, Zulma me décevant rarement, et dois-je vous préciser que je ne l'ai pas lâché, c'est typiquement le genre de bouquins qui vous font passer un après-midi pluvieux sur le canapé avec d'abord un café (ils en boivent beaucoup dans le roman), puis avec un thé, sans oublier les éventuels gâteaux et verres d'eau entre... (pensez aux pauses-toilettes, parce qu'avec tout ça, elles seront nombreuses et nécessaires, mais en format poche, le livre se trimballe partout, quand je vous disais qu'on ne peut plus le quitter...)