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Roman

Lê, Linda

Bourgois

  • Conseillé par (Librairie Dialogues)
    28 janvier 2016

    Fiction contre réalité, folie contre raison sont autant d'ambiguïtés que Linda Lê nourrit dans son dernier roman.
    L., la narratrice est une écrivaine sensible et fragile psychologiquement ou plutôt incomplète aurait dit sa mère depuis la mort de son frère cadet à la naissance.
    L. vit avec B., un homme rationnel, réaliste et réconfortant.
    Suite à une rupture d'anévrisme, L. revisite les différentes strates de son cerveau en quête de son alter ego, ce frère sublimé qu'incarnera peut-être Roman, un jeune homme écorché vif en proie à de violentes crises d'angoisse.
    Autofiction, mise à nu, on poursuit L. dans la quête borderline de sa moitié.


  • Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
    25 janvier 2016

    Une funambule de haute-volée

    Sur un fil narratif de haute-volée, Linda Lê livre un récit dense et intense qui explore « les territoires du rêve et de la réalité » incarnés par deux personnages que tout oppose. Un cheminement saisissant sur la corde raide de la passion, aux frontières de la folie, tenu de bout en bout par un subtil jeu de balancier.

    Jouant du glissement des situations et d'une riche palette de nuances, le nouveau roman de Linda Lê tisse une immense toile d'interrogations sur notre troublant rapport à autrui et sur notre difficile relation au monde. Qui trouvons-nous dans ceux que nous rencontrons et aimons ? Que percevons-nous d'eux ? Qu'attendons-nous d'eux ?
    Formidablement incarnée, cette toile saisissante, assemblée par un flux narratif de haute-volée aux enchaînements précis, étoffée par une progression romanesque soutenue et intense, ne manque pas non plus d'être habitée par notre rapport à littérature, territoire s'il en est du rêve et de la réalité.


  • Conseillé par
    22 février 2016

    Obsession de l'âme soeur

    Ce livre aurait dû être dédié «aux déjantés qui n’en mènent pas large.»

    L. a frôlé la mort suite à une rupture d’anévrisme. Elle subira deux embolisations mais s’en sortira indemne sans aucune séquelle intellectuelle. Sauf peut-être une part d’elle-même qui meurt.
    Écrivain, elle vit avec B., un peintre très cartésien qui ne veut pas entendre ses souffrances au sujet d’un frère mort à la naissance. Toutefois, ce «sans-nom» a toujours hanté L., elle n’a de cesse de le retrouver dans chaque homme qu’elle aime.
    Et c’est peut-être en Roman qu’elle trouve quelqu’un susceptible d’entrer dans sa fiction.
    Ce jeune homme, né à Montevideo d’une jeune fille abandonnée par son amant marié et morte en couches, a été élevé à Paris par une famille française aisée. Ce pays de naissance qu’il ne veut pas connaître est pour Roman une fêlure qui brise son âme.
    «Sa vie avait commencé le jour où il s’était pris de passion pour les livres et n’avait plus eu pour horizon qu’une certaine littérature, celle, âpre, des écrivains qui ne mâchaient pas leurs mots, celle poignante de ceux qui cherchaient leur chemin dans la mélancolie, des auteurs qui pourtant ne manquaient pas d’humour noir.»
    Quand il découvre les livres de L., il se reconnaît en ses personnages et commence à écrire à l’auteur. S’en suivent une correspondance soutenue et une longue amitié. C’est Roman qui fera découvrir à L. «les aimantes inouïes» que furent Taos Amrouche, Catherine Pozzi et Camille Claudel. Trois femmes amoureuses de grands hommes égocentriques (Jean Giono, Paul Valéry et Rodin) étouffées par leur passion amoureuse et qui resteront toujours des clandestines.
    Roman, cet inconsolé, parle à la face nocturne de L.. Il sait comprendre ce qu’elle écrit et peut aller jusqu’à jouer la figure du frère perdu. B., s’il en avait su davantage sur Roman, l’aurait éloigné de
    «L. se trouvait aussi prise entre, d’un côté, un cartésien qui ne manquait jamais de rappeler à quel point il se différenciait de ceux qu’il nommait les illuminés, faute d’un qualificatif plus désobligeant, d’un autre côté, un imaginatif qui voulait toujours aller voir ce qui se passait au-delà du visible, s’exposant de cette manière au danger de ne plus savoir quel chemin emprunter pour revenir parmi les siens.»
    Si B. Est aussi un exilé, il n’en tire aucun regret. L., non plus n’a pas le mal du pays qu’elle a quitté à l’âge de onze ans. Seul Roman en refusant d’entendre parler de Montevideo, en reniant Paris et en allant chercher la sérénité en Asie erre à la recherche de lui-même.

    Linda Lê, vivant en France depuis ses plus jeunes années, tout comme sa narratrice, sait manier la langue française et joue avec l’ «Idyllique Royaume des Mots» que lui suggère l’IRM subie à l’hôpital. Elle sonde l’âme de L., cette jeune femme meurtrie par l’absence d’un frère, qui vacille d’homme en homme à la recherche de son double. Si fidèle au fonctionnement d’une âme perturbée, les pensées reviennent en boucle entre le cartésianisme de B. qui refuse de tomber dans les errements de sa femme et la fragilité mentale de Roman si proche de L. mais si dangereux pour son état mental.
    Heureusement, les échappées sur les « aimantes inouïes » permettent parfois de sortir de cette boucle obsessionnelle qui frôle souvent la répétition