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La valse de Valeyri, Histoires enchevêtrées

Guðmundur Andri Thorsson

Gallimard

  • Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
    7 mai 2016

    Douceurs islandaises et faux-semblants

    Ballet d'histoires et de personnages enchevêtrés les uns aux autres tandis que la brume apporte doucement son voile opaque et que le narrateur dévoile peu à peu les secrets de chacun. C'est long et lent comme une brume approchante, doux comme un petit vent marin frémissant qui met les sens en alerte et éveille les consciences. Derrière une apparence douillette et confortable, se cachent les inimitiés et les non-dits. Tout en douceur...


  • Conseillé par
    28 mai 2016

    A Valeyri petit port de pêche d'Islande, la brume tombe doucement en cette fin d’après-midi. Les seize habitants se connaissent tous, ou du moins ils le pensent. En cette journée du 24 juin, Kata rejoint en vélo la salle où elle va diriger la chorale. C’est ce moment qui sert de point de départ à ces histoires enchevêtrées où l’auteur nous dépeint ces instantanés de vies. Mais pas que. Car l’histoire de chacun est liée à celle des autres. De l’ancien pêcheur au curé qui joue tout ce qu'il possède au poker, du poète au commerçant brouillé avec sa sœur, d’une femme qui s’interroge sur son mon mari, tous ont une histoire présente, passée et quelquefois probable pour l’avenir. Car avec talent et sans que cela choque le lecteur, Guomundur Andri Thorsson introduit des possibilités.
    Les récits se déploient avec grâce et poésie. Et la brume est elle-même une voix "Je ne suis qu'une conscience. J'arrive de la mer, je longe la langue de terre, bientôt, j'aurais disparu avec la brume. Je suis la brise d'une fin d'après-midi quand je viens rendre visite aux gens vers quatre heures et demie, puis une heure plus tard, le vent m'emporte vers ce chez-moi, lequel est dans le passé, le révolu". Et au fil des pages, ces vies s'emboîtent révélant la vérité loin des suppositions et des non-dits.
    Il y a du Jon Kalman Stefansson dans cet univers où l'on retrouve des questions sur le sens de la vie, sur nos existences et sur les difficultés économiques d'un pays balayé par la crise.

    C’est immensément beau et ces portraits dépeints nous révèlent des fissures, des souffrances, des amours impossibles, des rancœurs, des espoirs mais sans jamais verser dans le pessimisme. Les personnages, leurs questionnements ou leurs états d’âme m’ont touchée-coulée.
    La superbe traduction d'Eric Boury s’accorde à merveille au rythme et une douce mélancolie nous enveloppe sans nous alourdir.
    Un livre hérisson et beaucoup de passages à relire au choix pour la beauté, pour les propos qui sèment des graines de réflexion.

    "Il lui arrivait de se dire: Tout cela n'est pas la vie. Ce n'est que l'existence. Nous lions trop intimement notre bonheur à notre réussite, nous lions trop intimement notre réussite à notre confort - et nous lions trop notre confort à notre consommation."