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Conseils de lecture

18,50
Conseillé par
4 février 2018

Marek Hłasko (1934-1969) est un écrivain polonais qui a fui le communisme en 1958 et n'a jamais pu retourner dans son pays. Il a mené une vie aventureuse et folle entre la France, les Etats-Unis et Israël. A l'instar de Jack Kerouac auquel il est parfois comparé, ses récits entremêlent réalité et fiction. Il sera obligé d'occuper moult emplois pour vivre, l'écriture ne le nourrissant pas. Converti à Jaffa (écrit en 1965) est le deuxième livre traduit en français par les éditions Mirobole, le premier -que je n'ai pas lu- est La mort du deuxième chien.

Ma première impression de lecture est hésitante : on accompagne pendant une petite partie de leur vie ces deux escrocs à la petite semaine. C'est une tranche de vie, une fois que la lecture est finie chacun retrouve ses pénates. Le livre est très dialogué et se rapproche de lectures d'auteurs étasuniens de l'époque, tant des romans classiques que des polars. Il faut aimer le genre. Ce qui n'est pas a priori mon cas. J'avoue à ma grande honte -le rouge me monte aux joues- n'avoir jamais lu Kerouac ni n'avoir envie de le lire. Malgré mes hésitations, j'ai suivi les tribulations des deux héros sans m'ennuyer mais sans doute sans tout comprendre. Pourtant, l'écriture est très accessible, familière, et le livre peu épais. Tout pour plaire quoi.

Ce que j'aime bien chez les éditeurs dits petits, comme Mirobole, c'est qu'ils me font découvrir des auteurs oubliés ou d'autres actuels pas encore connus, d'autres pays avec donc des cultures et des apports très différents. Mission remplie encore une fois avec ce roman à découvrir qui débute ainsi :

"Tout irait bien, si ce n'était Robert. On a engrangé un peu de fric à Tel Aviv, et nous voilà en route pour Tibériade avec un nouveau chien. J'examine la bête pendant que les passagers de l'autocar dorment." (p.15)


Neuf 19,00
Occasion 17,00
Conseillé par
4 février 2018

Mathieu Burniat met en dessins le roman de Marcel Rouff (1887-1936), La vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet, qui fut écrit un peu avant la grande guerre et publié un peu après, en 1924, car au sortir de la guerre il eut été inopportun et malhabile de faire la promotion d'un livre qui met en exergue une passion à laquelle beaucoup de gens ne pouvaient même par rêver.

Futilité et légèreté sont au rendez-vous dans le fond mais aussi dans la forme, car le dessin de Mathieu Burniat prête aux sourires : voyez ne serait-ce que la couverture. Les festins sont pantagruéliques, je ne sais même pas comment ils faisaient à cette époque pour ingurgiter autant de victuailles et surtout pour être toujours capables d'en sentir le moindre aliment, la plus petite épice. Moi, il y a longtemps que mes papilles et mon estomac auraient décliné toute responsabilité dans les effets secondaires.

Ces considérations personnelles sur la faiblesse de mon foie et des mes organes digestifs évacuées, je dois dire que j'ai passé un très bon moment avec cette BD originale. Dès lors, deux options s'ouvrent à vous :

- soit vous la lisez le ventre vide et risquez de vous précipiter sur votre garde-manger ou réfrigérateur pour faire bombance mais vous exposez à une déception avec ce que vous avez en réserve par rapport aux menus de Dodin-Bouffant

- soit vous la lisez le ventre plein, mais attention, le risque dénoncé ci-dessus n'est pas pour autant exclu.

Bon appétit.


18,00
Conseillé par
4 février 2018

Un roman assez inégal pour moi, écrit en deux grosses parties et deux plus petites. La première est celle de la rencontre, intitulée Moi, Émile Brami. Elle n'est point sous-titrée "roman" et laisse donc penser à une certaine réalité. C'est celle qui raconte comment Émile et Azed se rencontrent, comment Émile en est venu à fréquenter cette famille qu'il fuyait auparavant. Pas mal, mais un peu longue et pas toujours captivante, sans doute parce qu'alourdie par des détails inutiles et des conversations qui auraient méritées d'être raccourcies.

La deuxième partie, intitulée Lui, Abraham Zeitoun, dit Azed, et sous-titrée "roman" et nettement plus vive, plus émouvante. C'est Azed qui raconte sa vie dans une famille soumise au père tout puissant et repliée sur elle-même. C'est le ton dont use Émile Brami qui la rend plus attrayante : il n'y a plus de dialogues ou peu et débute par cette phrase que j'aime beaucoup : "Je ne t'apprendrai pas, Émile, que l'histoire des fils commence bien avant eux, avec celle de leur père." (p.107). Émile va au plus profond de son personnage, Azed, et nous lecteurs de nous demander ce qui est de la fiction et de la réalité et de s'en moquer ensuite, puisque le récit drôlement bien mené suffit à nous emballer et que le plus important n'est pas de savoir ce qui est né de l'imagination du romancier ou ce qui est de son expérience personnelle, les deux s'entremêlant sans doute très fortement.

Suivent une courte troisième et une très courte quatrième parties, dans lesquelles Émile Brami brouille encore plus les pistes sur la réalité et la fiction et s'amuse avec ses lecteurs, même si le propos n'est pas à la rigolade.

Je sors de ce roman un peu mitigé sur la première partie, mais comme les suivantes m'ont bien plu, j'oublie assez vite les réserves des premières pages pour ne garder que le meilleur de ce roman, le premier d'Émile Brami que je lis qui en a pourtant écrit plusieurs ainsi que du théâtre et des essais et une biographie de Louis-Ferdinand Céline.


15,90
Conseillé par
4 février 2018

Karim quitte Bordeaux pour Paris dans la précipitation. Un événement qu'il a subi le fait fuir sa famille. Il trouve refuge chez un homme vieillissant, une relation d'une relation au comportement assez étrange. Karim lui-même ne semble pas aller bien. Très vite, il agit bizarrement, se lie avec de parfaits inconnus et passe à des actes d'une violence inouïe.

Là, je reste volontairement sobre dans mon résumé de ce roman assez court (écrit gros et 180 pages très aérées), heureusement car il est tellement étouffant que plus dense il m'aurait sans doute été impossible d'aller au bout. Karim est en proie à des accès de violence qu'il ne semble pas maîtriser et ses relations aux autres n'ont jamais l'air vraies. Il cherche quelque chose, une lumière comme me l'indique dans sa dédicace Hicham Nazzal. Je ne sais pas trop s'il la trouvera, mais sans doute sa conscience le travaillera longtemps.

Un roman choc est-il précisé en quatrième de couverture, je confirme. Dérangeant, étouffant ai-je écrit plus haut, difficile de tourner les pages par la crainte d'une violence plus forte mais difficile de ne pas les tourner pour savoir jusqu’où Karim peut aller et ce qu'il cherche et ce qu'il trouvera.

L'écriture est vive, acérée, elle colle parfaitement au propos, elle sait se faire également et étrangement sans que cela ne choque, poétique. Roman qui balance entre la classique recherche de soi et le thriller. Inclassable, original et fort, ce premier roman de Hicham Nazzal, par ailleurs acteur et animateur télé ne peut laisser insensible. Il choquera sûrement, heurtera la bien-pensance -tant mieux-, fera réagir quiconque se plongera au-dedans, déboussolera les amateurs des mièvreries de l'année. La littérature sert aussi à cela, à faire bouger, à faire réagir et surtout à ne pas avoir la sensation de lire toujours le même roman.

J'en ressors, comment dire, tout chose, et pourtant j'avais craint une douceur gentillette lorsque j'ai vu les citations en exergue du roman, signées Paulo Coelho et Khalil Gibran ; je crains que Karim ne hante quelque temps mes pensées. Ci-après, les premières phrases pour vous mettre dans le bain :

"On ne peut reporter indéfiniment le besoin irrépressible de sang et de vengeance. Enfouis dans la forêt de l'inconscient, les cadavres trop bien cachés finissent tôt ou tard par remonter à la surface et réclamer leur dû. Surgissent alors les pulsions incontrôlables qui mènent au passage à l'acte, sans que rien ni personne puisse les anticiper et les arrêter, tant la macabre entreprise n'entre dans aucune grille de compréhension logique." (p.9)


Neuf 8,30
Occasion 2,22
Conseillé par
4 février 2018

J'aime assister à la naissance d'un héros récurrent, même si sur ce coup, j'ai quelques années de retard, mais les deux tomes suivants étant édités en poche, je sens que je vais me faire la série. Car Coste, je l'aime bien, lui et son équipe. Olivier Norek en fait un flic réel, pas un super-héros. D'ailleurs son polar est à la fois fictionnel et réaliste, certains détails sont intéressants, comme par exemple "L’obstacle médico-légal" qui est émis par le médecin qui constate le décès pour que le corps soit examiné par un médecin légiste, le magistrat nommé devra lui, demander une autopsie. C'est la première fois que je lis cette procédure, les flics de série allant souvent au plus direct.

Coste et son équipe me plaisent, leurs relations sont bien rendues, j'ai encore des trucs à apprendre mais je le ferai dans les épisodes suivants j'imagine. L'enquête est bien menée et si le lecteur connaît avant les flics le ou les coupables, la tension reste vive jusqu'au bout. Olivier Norek est flic, ce qui aide sans doute à construire une intrigue qui tienne la route et qui paraisse plausible, mais tous les flics ne peuvent pas se targuer de pouvoir écrire des polars.

Construit en quatre parties, j'avoue cependant que je me serais volontiers passé de la troisième qui explique en détails les modus operandi du ou des coupables, mes petits âme et cœur sensibles ont failli ne pas aller jusqu'au bout des descriptions un peu gore. Comme cette partie est la plus courte et que les autres sont très bien, dans ma grande mansuétude, je pardonne à l'auteur, et même comme je le disais plus haut, j'irais bien voir si les autres titres avec le capitaine Coste sont aussi bons que ce premier.