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Dino Buzzzati - Nouvelle autopsie

« Le jeune prêtre Giacometti prit place dans le confessionnal ».
« Alberto Santini décida de faire une petite promenade dans le parc en ce bel après-midi de mai».
« Ce soir là, Sélina et son amie Catarina, discutaient autour d'un verre au bar Cellini».
C'est l'un des instruments utilisés par Buzzati pour commencer bon nombre de ses nouvelles : la banalité. L'univers est connu, en tout cas il ne sort pas de l'ordinaire, aucun élément ne perturbe, intrigue, ou choque. Tout est là pour rassurer le lecteur et lui donner cette impression d'atmosphère commun et rassurant.
Mais très vite...
Un élément vient électriser la narration et éveiller l'attention. Cela peut être une parole dite par l'un des protagonistes, un geste, une vision, un bruit, une musique dans l'air. Un petit rien. Cependant ce grain de poussière va donner à la lecture une toute autre épaisseur. Le quotidien est lentement balayé pour qu'un autre monde puisse émerger. Tout l'art de l'écrivain tient dans un mot : le glissement.
Le glissement est ce passage, cette phrase, cette expression qui va faire entrer le lecteur dans l'autre partie du récit. Là où les voitures parlent, où l'amour d'une mère pour son enfant est capable d'arrêter les obus d'une armée, où des créatures fantastiques suivent le héros pour lui offrir richesse et gloire, où le personnage soumis à sa petite amie s'est finalement transformé en chien. En exacerbant certaines situations de la vie courante, Buzzati permet au lecteur une réflexion plus profonde, plus directe, parfois dérangeante, souvent ironique, toujours avec cette envie de bouleverser.
Toutes les nouvelles de l'écrivain ne suivent pas ce schéma, il arrive à Buzzati d'entrer dans le vif du sujet dès le départ. On peut alors voir le diable faire la grève du mal, Dieu détruire quelques vies bien choisies pour que le monde reprenne la bonne voie, des anges, des démons, des fantômes, des êtres humains dotés de pouvoirs magiques. Le plus intriguant reste ces nouvelles où il se met lui-même en scène, brouillant ainsi la limite déjà brumeuse dans ses écrits du réel et de l'imaginaire.
Il règne chez l'auteur des ambiances multiples, rarement légères, elles ont le plus souvent ce goût âpre qui laisse un drôle goût dans la bouche. Buzzati explore les bassesses de l'Homme, sa folie, ses vices, ses peurs, sa solitude, ses obsessions, et lorsqu'il investit ses personnages de brefs instants de droiture et de courage, ces derniers n'en sont pas forcément récompensés. Il aime renverser les idées reçues, inverser la tendance, secouer, ce qui donne à plusieurs de ses nouvelles cette saveur à la fois ferme et fraîche. Et cela même s'il a la particularité d'inviter une personnalité pour le moins oppressante.
La Mort.
Divinité, ombre, sentence, ou à peine suggérée, elle flotte dans son œuvre, omniprésente. Tout comme le temps qui court et qui ne peut être rattrapé, la solitude et la trahison. Le désespoir est alors au rendez-vous. Ponctuel. Il ne reste que le froid de la nuit pour réchauffer les âmes esseulées.
Avec ses nouvelles, Buzzati embrasse de nombreux genres, fable, fantaisie onirique, conte métaphysique, apologue, récit fantastique ou de science-fiction, il surprend par sa diversité et sa capacité à instaurer rapidement des tensions lors de moments pauvres en substance. Un recueil de Dino Buzzati peut être perçu comme un ciel étoilé, où certains du nord au sud, de l'est à l'ouest, verraient la même chose, des points lumineux sur un fond noir. D'autres, en regardant plus attentivement, apercevraient la ceinture d'Orion, la Grande Ours, le Verseau, des constellations... des tas d'univers qui se caractérisent par leur forme et leur différence.

(Rudi, Librairie Grangier)

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carnets

Robert Laffont

10,10

« J'écris avec un crayon. Un vieux bout de crayon, trouvé dans une vieille boîte par hasard. Je l'ai taillé et sur le peu de papier blanc qui me reste ce soir, j'écris. »
Dino Buzzati

Pendant près de vingt ans, de 1944 à 1962, Dino Buzzati a tenu un journal. Un étrange journal en réalité, qui loin de se borner à l'évocation d'anecdotes concrètes et quotidiennes, se saisit de la réalité pour en donner une version fantastique, la transformer en réflexion ou en dénonciation, en conte ou en parabole. En prenant bien souvent pour point de départ une situation banale, vue ou vécue, comme la file d'attente d'un guichet, une soirée mondaine ou une halte dans les toilettes d'un hôtel, Buzzati l'inscrit dans son monde intérieur, l'associe à ses thèmes fondamentaux, à ses obsessions et à ses angoisses. On retrouve les vieux démons de l'écrivain : la mort, le mensonge et l'inutile comédie humaine, la peur, le rêve et le questionnement inlassable de l'univers par l'homme, qui reste sans réponse. En 1950, Buzzati fait paraître ces carnets sous le titre En ce moment précis. L'aspect en est singulier, les formes variées (dialogues, chroniques, petits récits, réflexions, choses vues), mais on redécouvre au fil des pages le style incisif et ironique de l'auteur, sa plume marquée par le travail de chroniqueur, la profondeur spirituelle et l'inquiétude inhérentes à son oeuvre. Entre la célébration des choses insignifiantes et le regard désabusé sur les objets, Buzzati exprime sous un mode symbolique sa vision angoissée du monde contemporain, domaine des occasions perdues ou règne le sentiment d'un quiproquo irrémédiable, celui qu'entretient l'homme avec la vie.


25,00

À l'occasion du centenaire de la naissance de Dino Buzzati, ce premier volume d'un diptyque rassemble quarante-neuf nouvelles inédites en France.
Dino Buzzati excelle dans l'art de la nouvelle, il y a trouvé la forme qui correspond à son idéal de conteur. Textes imperceptiblement fantastiques, ces Nouvelles inquiètes ouvrent la porte de l'«autre monde» de Buzzati, ou «souvent rien n'est ce qu'il paraît, ou passé et présent se confondent, ou réalité et imagination sont des paroles qui n'ont pas de sens». L'inquiétude naît alors de ce que nous découvrons que le rêve a une puissance insoupçonnée, que la frontière réputée infranchissable entre la vie et la mort est poreuse, que les hommes invraisemblables qui y sont décrits sont pourtant bien nos semblables.On retrouve dans ces textes les thématiques récurrentes de Buzzati : la fuite du temps, l'omniprésence de la mort, la critique de la société et les difficiles rapports que les hommes y entretiennent. Mais toujours l'évocation du poids du destin qui pèse sur nous s'accompagne d'ironie, parfois mordante.


Publication des dernières nouvelles inédites en français de Dino Buzzati : la pièce qui manquait encore au puzzle...
Après Nouvelles inquiètes, la collection " Pavillons " publie Nouvelles oubliées, un nouveau recueil de textes inédits en français. Avec cet ouvrage, le lecteur français a désormais accès à toute l'œuvre narrative de Buzzati. Le choix a été fait de classer ces textes selon l'ordre chronologique de leur publication en Italie : la période couverte s'étend sur plus de vingt-cinq ans ; de 1942 (" Élégance militaire ") à 1968 (" Le mausolée "). Le lecteur retrouvera dans les premières nouvelles l'Afrique que Buzzati connut durant la Seconde Guerre mondiale où, en tant que journaliste, il fut correspondant de guerre et envoyé spécial. À l'autre bout de l'échelle du temps, "Le mausolée" propose des textes d'une tonalité très différente : citons " L'autre Venise ", texte poétique qui nous fait découvrir une Venise inhabituelle que seul révèle le crépuscule. Mais le lecteur rencontrera aussi des thèmes qui hantent Buzzati tout au long de sa vie, de son œuvre : des questionnements sur le temps, la mort, le destin, les difficiles relations humaines (parents/enfants, homme/femme, supérieur/subordonné). Sans épuiser la totalité du volume, on peut repérer quelques axes qui lui donnent sa tonalité propre : l'évocation de la vie militaire, la religion et la croyance, et la figure de l'écrivain au travail, qui nous livrent quelque chose de Buzzati, comme homme et comme auteur...Il est aussi frappant de voir que, déjà dans ces Nouvelles oubliées, les questions du temps, de la mort, du messager qui vient nous signifier qu'il est l'heure de partir, obsèdent l'auteur.


Pocket

Neuf 7,00
Occasion 2,10

UNIVERS POCHE (440)


Robert Laffont

« Le monde de Buzzati, comme celui de Kafka, est plein de détours, à la manière de labyrinthes »
Marcel Brion, L'Art fantastique.

Dino Buzzati s'est toujours rangé du côté de l'imaginaire, du merveilleux, du fantastique. Ses textes nous font pénétrer dans un monde en tous points semblable au nôtre mais ou pourtant il y a comme une fêlure, infime et dérangeante. C'est par cette fissure que l'auteur nous fait accéder à la dimension mystérieuse du réel, à une méditation sur la fuite du temps, sur la fatalité du destin et sur l'absurdité de la condition humaine.
Et, si au centre de l'œuvre de Dino Buzzati se trouve l'Homme, ses angoisses, ses incertitudes, ses peurs, son univers n'en est pas moins peuplé d'animaux qui peuvent l'aider, l'éclairer, le dissuader, mais aussi lui mener la vie dure. Dans ce recueil d'articles parus dans la presse et de nouvelles sur la thématique du bestiaire, les animaux sont devenus les principaux personnages. Un chien devient un homme ("L'arriviste"), un invisible crapaud se transforme en un monstrueux géant ("Le Falstaff de la faune"), un « Tyrannosaurus Rex » s'apprête à écraser une ville...
Au fil des textes se dessine ainsi une sorte d'humanité intermédiaire, inférieure par certains côtés et privilégiée par d'autres. Car les animaux enseignent la rédemption à l'homme, en le protégeant contre quelque chose qui pourrait le submerger.

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