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Lectures d'été et au-delà - La sélection des libraires

L'année touche à sa fin et les rythmes ralentissent. Le moment parfait pour vous rappeler tous les livres qu'on a vu passer et qu'on a adorés, vous entretenir de ceux qui nous sont chers et qu'on aimerait vous voir adopter sur la plage. Des livres publiés cette année ou bien avant.
Rendez-vous donc à la librairie pour découvrir la petite sélection que vos libraires ont concoctée!

Contre-Allée

16,00

« Il avait tellement pris l'habitude de voyager à l'instinct que c'en était devenu une seconde nature. Mon père multipliait les virées en terres étrangères sans jamais quitter ses pénates. [...] Il détalait en compagnie des écrivains de plein air et des marins débarqués. Il montait à bord des bateaux qui étaient amarrés dans sa tête. Regardait droit devant. Levait sa casquette à visière ornée d'une ancre de marine dorée en passant de l'autre côté de la ligne d'horizon.

Au fil des ans, le lien qui s'était discrètement tissé entre nous n'a cessé de s'affermir. Il s'est nourri de faits subtils, graves ou anodins, de moments de bonheur et de drames sans nom. Il s'est étoffé en courant sur plus d'un demi-siècle. Il doit beaucoup à nos lectures, à nos solitudes, à nos dialogues et à nos silences.

À la disparition de son père, les souvenirs de l'auteur affleurent et l'invitent à raconter l'histoire de ce « voyageur empêché ».

Habité par des rêves d'aventures et de longues traversées, ce jeune Breton voit ses aspirations anéanties lorsqu'il tombe malade à l'âge de dix-sept ans. Il devient alors un « débarqué », un homme condamné à rester à quai. Lui restent les récits des matelots rentrés au port, et les livres, en particulier ceux de Caldwell et de Steinbeck, grâce auxquels il transmettra à l'auteur le goût de la lecture et des mots.

Débarqué est le portrait d'un homme et celui d'une époque, d'un monde peuplé de personnages, souvent déclassés, en bout de course. Ce récit est aussi celui de leur histoire, leur quotidien, dans les terres comme en mer.


Reportages / Dégustations / Reflexions

Collectif

Thermostat 6

20,00

Moins c'est mieux, mais c'est toujours trop !
L'édito de 12°5 #4

En décembre 2017, l’association de consommateurs de l’UFC Que choisir dévoilait les résultats de tests réalisés sur 38 grands crus de Bordeaux, millésimés 2014 dans leur grande majorité. L’association a fait rechercher 177 molécules. Au final, ces vins de Bordeaux contenaient toujours des résidus de pesticides, mais trois fois moins qu’en 2013, et seules 3 bouteilles ne présentaient aucune trace.

Très vite, certains confrères se sont réjouis de cette nouvelle et ont appelé
à trinquer aux efforts accomplis. À la rédaction, nous n’avons pas sorti le champagne, même bio, et encore moins applaudi à tout rompre. Nous nous sommes contentés de reconnaître que certains vignerons allaient dans le sens de l’histoire. Nous avons aussi eu une pensée – désabusée – pour les autres, les irréductibles, qui maintiennent que l’on ne peut pas faire autrement, qu’ils n’ont pas le choix et qu’ils ne croient pas aux solutions alternatives pour sortir du modèle dans lequel ils sont enfermés.

Au même moment, nous recevions les premiers textes de nos journalistes partis sur le terrain des premiers jours du printemps aux derniers de l’été. Dans leurs besaces, des reportages bio sur Michèle Aubéry du Domaine Gramenon, dans la Drôme ; Xavier Courant du Domaine de l’Oubliée, à Bourgueil ; Delphine et Julien Zernott au Pas de l’Escalette, dans l’Hérault ; Nicolas Joly de La Coulée de Serrant, à Savennières ; la tribu Arena à Patrimonio, en Corse ; Jérôme Binda sur l’île de Tinos en Grèce et Thomas Mousseau, producteur de whisky dans le Berry.

Face à l’entêtement de certains vignerons à refuser de croire qu’une autre viticulture est possible, nous ne pouvons que leur soumettre quelques réflexions des vignerons rencontrés, comme Nicolas Joly, de La Coulée de Serrant, qui constate à la fin des années 1970, après avoir suivi les conseils
de la chambre d’agriculture d’utiliser des désherbants, que « la faune changeait, le sol se fissurait et s’éclaircissait. […] qu’il y avait quelque chose de pas net ». Au Domaine Gramenon, Michèle Aubéry souligne que le binage manuel permet de combattre l’herbe pour qu’elle ne fasse pas trop concurrence à la vigne et qu’elle ne devienne pas un foyer d’humidité, donc de maladie.

Et quand il y a maladie, soit on trouve des solutions alternatives, et il y en a, soit on traite de façon intensive. D’un côté, le bon sens paysan, de l’autre
la facilité, le refus de changer, de penser à la planète et au bien-être de ceux qui y vivent.

Philippe Toinard, rédacteur chef de 12°5.


1955-1962

Points

9,40

• En 1954, l’Algérie française s’insurge et réclame son indépendance. Très vite, éclate la guerre, sanglante. Mouloud Feraoun couche ses impressions, ses peurs, son désespoir et sa colère dans le journal qui l’accompagna du début de la guerre jusqu’à la fin de sa vie en 1962. L’écrivain n’aura pas la joie de connaître son pays libre, il sera assassiné quatre jours avant la fin des affrontements.

• Mouloud Feraoun est né en 1913 en Haute Kabylie. Il a enseigné plusieurs années en Algérie avant d’être nommé inspecteur des centres sociaux. Son œuvre comprend, entre autres Le Fils du pauvre et La Terre et le sang qui a reçu en 1953 le prix du roman populiste. Mouloud Feraoun est mort assassiné à Alger en 1962, A quelques jours de la fin de la guerre d’Algérie.


Lettres à mon fils

J'ai Lu

7,40

"Voilà ce qu'il faut que tu saches: en Amérique, la destruction du corps noir est une tradition, un héritage. Je ne voudrais pas que tu te couches dans un rêve. Je voudrais que tu sois un citoyen de ce monde beau et terrible à la fois, un citoyen conscient. j'ai décidé de ne rien te cacher"

Dans cette lettre adressée à son fils de 15 ans, Ta-Nehisi Coates revient sur la condition de l'homme noir aux Etats-Unis. Une ode à l'humanité, un cri de colère contre ce mal qui gangrène la société américaine depuis des siècles.

"je me suis demandé qui remplirait le vide intellectuel après la mort de James Baldwin. Sans aucun doute, c'est Ta-Nahisi Coates...Une lecture indispensable."
Toni Morrison


Augustown, quartier pauvre de Kingston, Jamaïque. En cet après-midi d’avril 1982, assise sur sa véranda, Ma Taffy sent dans l’air une pesanteur très particulière. Kaia, son petit-fils, rentre de l’école. Ma Taffy n’y voit plus mais elle sait reconnaître entre toutes l’odeur entêtante, envahissante, de la calamité qui se prépare.
Car aujourd’hui, à l’école, Monsieur Saint-Josephs a commis l’irréparable : il a coupé les dreadlocks de Kaia – sacrilège absolu chez les rastafaris. Et voilà Ma Taffy qui tremble, elle que pourtant rien n’ébranle, pas même le chef du gang Angola ni les descentes des Babylones, toutes sirènes hurlantes. Alors, pour gagner du temps sur la menace qui gronde, Ma Taffy se met à lui raconter comment elle a assisté, petite fille au milieu d’une foule immense, à la véritable ascension d’Alexander Bedward, le
Prêcheur volant.
Oui, à Augustown, Jamaïque, le jour de l’Autoclapse – calamité aux promesses d’Apocalypse – est une nouvelle fois en train d’advenir.
Remarquablement construit, By the rivers of Babylon est un roman puissant – magnifique chant de résistance et de libération.