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Trentième anniversaire de l’abolition de la peine de mort en France

La loi du 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort consacre un long combat deux fois centenaire. En décidant le 25 mai 1981 de commuer en réclusion criminelle à perpétuité la peine de mort prononcée contre Philippe Maurice, le président François Mitterrand accorde la dernière grâce présidentielle d’un condamné à mort en France. Le 26 août, le Conseil des ministres approuve un projet de loi abolissant la peine de mort et la remplaçant par la réclusion criminelle à perpétuité.

Défendu par Robert Badinter, le projet de loi est présenté à l’Assemblée nationale, réunie en session extraordinaire le 17 septembre 1981. Au terme de débats parlementaires houleux, l’abolition de la peine de mort est votée. En 2007, l’interdiction de la peine de mort est inscrite dans la Constitution.

Pour commémorer le trentième anniversaire de l’abolition de la peine de mort en France, nous vous proposons une sélection bibliographique.

Bourreaux et supplices (1500-1800)

Seuil

23,00

De la fin du Moyen Âge au tournant du XIXe siècle, le gibet trône en plein cœur de Paris comme de Londres ; la souffrance et le supplice, le spectaculaire de l'exécution sont parmi les pièces maîtresses du système pénal. Cette omniprésence de la peine de mort est-elle le signe d'une société violente ? D'un processus de civilisation encore inachevé ?
Loin des idées reçues, ce livre révèle la place centrale et jamais démentie de l'exécution capitale dans l'histoire culturelle de l'Europe. À l'appui d'archives, de récits contemporains, de documents iconographiques, Pascal Bastien dresse une véritable cartographie de la mort à Londres et à Paris et redonne la voix aux suppliciés, tout en restituant le quotidien des bourreaux. On entend s'élever les clameurs de la foule et on comprend, enfin, que la peine capitale a pu constituer et préserver le lien social.


6,98

«Si je prouve que la société en faisant mourir un de ses
membres ne fait rien qui soit nécessaire ou utile à ses intérêts,
j'aurai gagné la cause de l'humanité.» Par ces mots, Cesare
Beccaria invente en 1764 l'abolitionnisme qui ouvre le débat sur
la peine de mort au siècle des Lumières. De Voltaire à Camus,
en passant par Lamartine, Victor Hugo ou Jean Jaurès, la peine
capitale est denoncée comme l'expression d'une justice aussi
sommaire que cruelle et contraire à la simple humanité.

De fait, ce pouvoir - laisser vivre ou «donner la mort» -
suscite un malaise grandissant dans la France catholique.
Fonctionnant à l'aube depuis 1832, à même le sol et non plus
sur une estrade depuis 1870, la guillotine finit par être reléguée
en prison en 1939, tandis que les circonstances atténuantes
et la grâce présidentielle réduisent sans cesse le nombre de
têtes abandonnées au bourreau. Cependant, de 1959 à 1981,
dix-sept personnes sont encore décapitées.

En racontant plus de deux siècles de débats politiques et philosophiques,
appuyés sur une riche et rigoureuse documentation,
l'historien Jean-Yves Le Naour éclaire cette part d'ombre au pays
des droits de l'homme. De la Terreur des révolutionnaires à la
guerre d'Algérie, la guillotine fut, on ne le sait pas assez, trop
souvent élevée au rang d'instrument de gouvernement.

Il faudra attendre 1981 et Robert Badinter, ministre de la Justice,
pour clore le débat : «Le temps est venu d'assumer nos angoisses
et de nous appliquer à en réduire les causes. Le temps est
venu de se comporter en adultes, même devant le crime.» Grâce
à lui, la peine de mort fut officiellement abolie le 9 octobre 1981.


écrits 1970-2006

Le Livre de poche

8,70

Né à Paris en 1928, avocat et professeur de droit, Robert Badinter a défendu des causes célèbres, comme le procès de Patrick Henry. Parallèlement, il milite pour les droits de l’Homme et adhère au Parti socialiste en 1971. À son arrivée au pouvoir, François Mitterrand le nomme Garde des Sceaux. En tant que ministre de la Justice, il fait voter, le 9 octobre 1981, la loi abolissant la peine de mort. On lui doit également des mesures telles que l’abrogation du délit d’homosexualité, la suppression de la Cour de sûreté de l’État et des tribunaux permanents des forces armées, les droits des victimes et l’amélioration de la condition carcérale. Président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995, il préside la commission d’arbitrage de la CEE sur la paix dans l’ex-Yougoslavie. Depuis 1995, il est sénateur des Hauts-de-Seine. Robert Badinter est l’auteur de nombreux ouvrages historiques et politiques.


Souveraineté et peine capitale

Presses universitaires de France

30,50

Le nœud théorique de cette étude réside dans la problématisation du rapport entre pouvoir souverain et peine capitale. L’auteur remet en cause les raisons qui attribuent à l’autorité politique le droit de vie et de mort sur les citoyens. La tentative de redéfinir un concept de souveraineté à soutien de la position abolitionniste dévoile le lien théologico-politique légitimant « le pouvoir de donner la mort ». Si la dimension transcendantale incarnée dans le pouvoir souverain est antéposée à l’identité morale de l’individu, alors la mise à mort du criminel peut bien être justifiée. Le défi philosophique de cet ouvrage est précisément de renverser ce paradigme afin de fonder l’inviolabilité de l’individu contre le pouvoir souverain lui-même et d’affirmer l’inadmissibilité morale de mettre à mort un homme, quel que soit le crime qu’il ait commis.

Daniela Lapenna est docteur de recherche en Philosophie politique et juridique et membre de l’équipe de recherche PHILéPOL de l’Université Paris Descartes.


Suivi de "Je vois qu'il y a lieu de recourir à la peine exemplaire"

Points

3,50

Depuis la Révolution française, la peine capitale a été l'objet de prises de position politiques très fortes. Lorsqu'en 1981, un projet de loi sur l'abolition de la peine de mort est enfin débattu devant l'Assemblée nationale, Robert Badinter, garde des Sceaux et orateur de talent, fait un discours qui marquera les annales de la V° République. En contrepoint, le discours de Maurice Barrès, en 1908, vient rappeler combien le sujet fut polémique et anima les passions tant dans la population française qu'au sein des hémicycles.
Des discours qui ont marqué l'Histoire,
incarnés par des figures d'exception