- EAN13
- 9782384690718
- Éditeur
- Editions Homme et Litterature
- Date de publication
- 25/04/2022
- Langue
- français
Livre numérique
-
Aide EAN13 : 9782384690718
- Fichier EPUB, libre d'utilisation
- Fichier Mobipocket, libre d'utilisation
- Lecture en ligne, lecture en ligne
Mise en Forme
- Aucune information
Fonctionnalités
- Balisage de la langue fourni
Normes et Réglementations
- Aucune information
5.49
S’il est au monde une grande nation qui ait besoin de se replier sur elle-
même, et de sonder par la réflexion les périls de l’avenir cachés au fond des
prospérités présentes c’est bien la république des États-Unis.
Ils s’étaient habitués à considérer leur république comme une création de
l’intelligence, comme l’expression d’une théorie de liberté rationnelle et
d’égalité morale conçue et réalisée par leurs ancêtres. On comprend en effet
que, lorsqu’une nation se fonde dans une fermentation à la fois politique et
religieuse, comme ce fut le cas des colonies américaines, formées par
l’alliance du calvinisme avec l’élément communal et républicain de
l’Angleterre, les deux causes s’unissent et s’entrelacent avec force par leur
besoin mutuel et leur danger commun. L’état alors se formule volontiers, au
milieu de ses premières épreuves, comme l’expression terrestre de l’église
invisible. Plus tard, les orateurs, les prédicateurs et les panégyristes,
parlant à la foule aux jours de fêtes et aux anniversaires nationaux, donnent,
par un pur besoin oratoire, aux hommes du vieux temps des proportions
surhumaines, et à leurs institutions les plus nécessaires et les plus
naturelles des raisons idéales. De là un mélange de mythologie et de
métaphysique où la politique et la religion se fondent en un brillant mensonge
dans lequel le peuple se contemple ; de là, par une conséquence naturelle,
l’idée d’une constitution théorique qui aurait été coulée d’un seul jet, et
qu’on s’accoutume à expliquer par des principes abstraits, d’abord religieux,
ensuite philosophiques, selon les temps et les hommes. Or telle a été
longtemps en Amérique l’histoire des origines nationales, et ce n’est qu’en
ces derniers temps que des recherches sérieuses ont dissipé cette poésie
populaire.
même, et de sonder par la réflexion les périls de l’avenir cachés au fond des
prospérités présentes c’est bien la république des États-Unis.
Ils s’étaient habitués à considérer leur république comme une création de
l’intelligence, comme l’expression d’une théorie de liberté rationnelle et
d’égalité morale conçue et réalisée par leurs ancêtres. On comprend en effet
que, lorsqu’une nation se fonde dans une fermentation à la fois politique et
religieuse, comme ce fut le cas des colonies américaines, formées par
l’alliance du calvinisme avec l’élément communal et républicain de
l’Angleterre, les deux causes s’unissent et s’entrelacent avec force par leur
besoin mutuel et leur danger commun. L’état alors se formule volontiers, au
milieu de ses premières épreuves, comme l’expression terrestre de l’église
invisible. Plus tard, les orateurs, les prédicateurs et les panégyristes,
parlant à la foule aux jours de fêtes et aux anniversaires nationaux, donnent,
par un pur besoin oratoire, aux hommes du vieux temps des proportions
surhumaines, et à leurs institutions les plus nécessaires et les plus
naturelles des raisons idéales. De là un mélange de mythologie et de
métaphysique où la politique et la religion se fondent en un brillant mensonge
dans lequel le peuple se contemple ; de là, par une conséquence naturelle,
l’idée d’une constitution théorique qui aurait été coulée d’un seul jet, et
qu’on s’accoutume à expliquer par des principes abstraits, d’abord religieux,
ensuite philosophiques, selon les temps et les hommes. Or telle a été
longtemps en Amérique l’histoire des origines nationales, et ce n’est qu’en
ces derniers temps que des recherches sérieuses ont dissipé cette poésie
populaire.
S'identifier pour envoyer des commentaires.