www.leslibraires.fr
Brouillards de peines et de désirs
EAN13
9782707348166
Éditeur
Les Éditions de Minuit
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
français

Brouillards de peines et de désirs

Les Éditions de Minuit

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782707348166
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    18.99

  • Aide EAN13 : 9782707348173
    • Fichier PDF, avec Marquage en filigrane
    18.99

Autre version disponible

Affects, émotions ou passions forment quelque chose comme nos indéfectibles
milieux de vie : des atmosphères en mouvement. C’est l’air que nous respirons,
que nous traversons, qui nous traverse de ses turbulences. Ainsi marchons-nous
dans l’affect, de jour comme de nuit. L’aube même de la littérature européenne
ne fut d’abord que parole donnée à l’affect : lorsque Homère commença l’Iliade
sur la nécessité de chanter une émotion de colère. On y voyait Achille,
accablé par la mort de son ami, pris dans un « noir nuage de douleur » :
s’allongeant alors dans la cendre et la poussière, comme pour se fondre dans
le brouillard de peine qui venait juste de l’envahir. Ce livre est une
traversée ou, plutôt, un vagabondage dans la multiplicité des « faits
d’affects ». Dans leurs théories, pour lesquelles il aura fallu convoquer de
l’anthropologie et de la phénoménologie, de la psychanalyse et de
l’esthétique... Il y fallait aussi des images (de Caravage et Friedrich à
Rodin et Lucio Fontana) puisque les affects s’y « précipitent » souvent. Non
moins que des poèmes (de Novalis et Leopardi à Marina Tsvétaïeva et Henri
Michaux) qui savent en rephraser l’intensité, et des chroniques (de Saint-
Simon et Marcel Proust à Clarice Lispector) qui savent en raconter le devenir.
Enfin il y fallait des gestes puisque nos peines et nos désirs s’expriment
sans fin dans nos corps, nos visages ou nos mains par exemple. Affects,
émotions, passions : forces ou faiblesses ? Spinoza, Nietzsche et Freud — qui
osa écrire que « l’état émotif est toujours justifié » — en ont établi la
puissance en dépit de l’impouvoir même où nous nous trouvons lorsque nous
sommes émus. Mais de quel genre de puissance s’agit-il ? Comment se
déploie-t-elle ? Où situer sa fécondité ? Quelles transformations produit-elle
dans l’économie de nos sens (sensibilité) comme dans l’organisation même du
sens (signifiance) ?
S'identifier pour envoyer des commentaires.