Si le soleil se dérobe

Lorsque Patsy obtient son visa tant convoité pour l'Amérique, c'est
l'aboutissement d'années de désir de retrouver Cicely, sa plus vieille amie et
son amour secret, qui a quitté la maison des années auparavant pour le « pays
des opportunités ». Les plans de Patsy n'incluent pas sa mère obsédée de
religion ni même sa petite fille, Tru, qu'elle laisse derrière elle dans un
sillage doux-amer de tristesse et de soulagement. Mais Brooklyn n'est pas du
tout ce que Cicely décrivait dans ses lettres, et pour survivre en tant
qu'immigrante sans papiers, Patsy est obligée de travailler comme préposée aux
toilettes et, ironiquement, comme nounou. La voilà donc plongée dans
l'intimité des Américains, des Blancs, passant ses journées à prendre soin
d'enfants qui ne sont pas les siens. Elle refuse néanmoins de baisser les bras
et de rentrer en Jamaïque. Rencontre après rencontre, elle finit par tirer un
trait sur son histoire avec Cicely et tombe amoureuse d’une femme jamaïcaine
qui l’aide à s’épanouir et à vivre sans honte son homosexualité. Pendant ce
temps, en Jamaïque, Tru grandit au sein de sa nouvelle famille, élevée par un
père qu’elle n’avait autrefois que vaguement rencontré. Sa mère lui manque
terriblement, mais au fil des années, Roy se révèle attentionné et protecteur.
Il encourage sa passion pour le football et, contrairement à leur entourage,
se moque qu’elle passe pour un garçon manqué. En grandissant, Tru se débat
avec ses propres questions d'identité et de sexualité, aux prises chaque jour
avec ce que signifie être abandonnée par une mère qui n'a pas l'intention de
revenir... et sur comment se construire en tant que jeune femme résolue à ne
pas respecter tous les codes imposés par le pays qui est le sien. Passionnée
et émouvante, Patsy est une représentation obsédante de l'immigration et de la
féminité, ainsi que des fils silencieux de l'amour qui s'étendent à travers
les années et les océans du monde entier. Nicole Dennis-Benn est une auteure
féministe, qui explore à travers ses écrits les thèmes du genre, de la
sexualité, de la vie jamaïcaine et de sa diaspora. Elle a quitté la Jamaïque à
17 ans, et elle a déclaré quelques années plus tard : « Je me sentais comme si
j'étais la seule lesbienne dans un pays où la police ferme les yeux sur la
violence collective contre les homosexuels et les rapports sexuels entre
hommes sont punis par la loi. » En 2012, Nicole Dennis-Benn épouse sa compagne
en Jamaïque. Leur mariage fait sensation sur l'île, considéré comme le
"premier mariage lesbien".