Les Jours de Saveli

Les Jours de Saveli est un petit traité de survie, écrit de manière très
originale de la perspective d’un chat, mélange de tendresse, d’humour, de
tristesse et de résignation, et non en dernier lieu une métaphore de la vie
humaine. Préfacé avec enthousiasme par Evgueni Vodolazkine et auréolé de deux
grands prix littéraires en Russie, Les Jours de Saveli séduit par son langage
rafiné et fluide, par une écriture délicate, pleine d’humour et de douceur. Le
chat Saveli voit le jour dans le jardin de l’immeuble délabré des Morozov,
dans l’ancien quartier marchand de la Taganka et ouvre les yeux dès l’instant
où il vient au monde. Il aperçoit sa mère pour la première fois et constate
qu’il est différent de ses frères et sœurs, qui gardent leurs yeux fermés. Un
fragment de Vivaldi, un carton de bananes, un parfum de rose : voici les
premiers souvenirs de Saveli. Le chat moscovite Savva, comme le dorlotaient sa
mère et ses sœurs, saisit toutes les chances qu’un destin fastueux met sur sa
route. Doué d’une curiosité à part pour tout ce qui se passe autour de lui,
Saveli déambule en continu et met son museau dans chaque coin, attentif aux
plantes, humains ou toute autre forme de vie. Il est attiré par des lieux
inconnus, non explorés, et veut tout découvrir en même temps. En un seul jour.
Au fur et à mesure qu’il grandit, son intuition se développe et parvient à
deviner les émotions des gens. Il aime observer leurs gestes et leurs
réactions, anticiper leur prochain mouvement avec la précision d’un joueur
d’échecs. Du jour où Vitia décide de le prendre chez lui, l’existence de
Saveli change et les aventures s’enchaînent l’une après l’autre : il cohabite
avec un perroquet fou et narcissique, officie comme employé officiel de la
galerie Tretiakov, devient le compagnon d'un Tadjik livreur de sushi à vélo,
participe à une commune de chats dans la cour de la cathédrale de Elokhovo…
Puis dans sa vie arrive Greta la douce. Saveli apprend à nommer chaque
sensation et chaque sentiment qui traverse son âme de félin : nostalgie,
amitié, reconnaissance, perte, acceptation, regret. En même temps qu’une
pseudo-biographie écrite le sourire en coin, Les Jours de Saveli est une
déclaration d'amour pour la ville de Moscou d’hier et d’aujourd’hui, une
Moscou de légendes, au-dessus de laquelle flotte un passé enduit de la
nostalgie des vieux bâtiments. Comme Saveli, cette Moscou élégante d’avant les
bolcheviks, semble posséder plusieurs vies. En dépit des dangers, elle garde
son charme et surtout son esprit libre. Parmi les plus belles pages il y a
celles dédiées aux journées que Saveli a passé en tant qu’employé de la
Galerie Tretiakov avec une mission essentielle pour la sauvegarde des tableaux
: celle d’attraper les souris qui n’hésitaient pas à se régaler des grands
chefs-d’œuvre de l’humanité. La nuit, Saveli nettoie les réserves de la
fameuse galerie des ennemis rongeurs, aux côtés d’une armée de félins affectés
à la même mission. Au lever du soleil, avant l’apparition des premiers
visiteurs, Saveli regarde les tableaux. Ses observations sur le monde des
humains immortalisé dans les chefs-d’œuvre exposés deviennent anthologiques.
En inventant Saveli, Sloujitel, digne héritier de la littérature classique
russe, aborde avec fraîcheur ses thématiques récurrentes tout en les adaptant
à la Russie d’aujourd’hui. Son roman peut être vu comme une rétrospective
nostalgique d’une Russie marquée par de grandes personnalités. Grigori
Sloujitel est né en 1983 à Moscou. Il est diplômé de l’Ecole internationale de
cinéma de Moscou et de la filière «mise en scène» de l’Académie russe des arts
du théâtre (GITIS). Il travaille comme comédien au Studio d’art théâtral (STI)
de Moscou, il a joué dans de nombreux films et pièces de théâtre. Il chante
également au sein du groupe O’Casey. Les Jours de Saveli, paru en 2018, est
son premier roman. En 2019, il a remporté le prix littéraire Iasnaïa Poliana
dans la catégorie «Choix des lecteurs» et s’est classé deuxième dans les deux
catégories (jury et lecteurs) du grand prix littéraire Bolchaïa Kniga.