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Le rendez-vous du cauchemar
Format
Poche
EAN13
9782012095809
ISBN
978-2-01-209580-9
Éditeur
Hachette
Date de publication
Collection
Bibliothèque verte (1105)
Nombre de pages
252
Dimensions
18 x 11 cm
Poids
187 g
Langue
français

Le rendez-vous du cauchemar

De

Illustrations de

Hachette

Bibliothèque verte

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e9782012033269_cover.jpge9782012033269_pagetitre01.jpgTABLEPrologue
1. Cauchemar sur carte postale
ValpierrePierre et Valérie aiment chercher ensemble des endroits mystérieux pour y broder des histoires. Ils pensent qu'un des moyens d'être bien dans sa peau, c'est de savoir en sortir et de cultiver son imagination. Voilà comment, à eux deux, ils sont devenus Valpierre.
Philippe JozelonNé en Suisse en 1966, Philippe Jozelon vit aujourd'hui à Paris, où il s'adonne à la bande dessinée (La Chauve-souris de Berlin dans Hara-Kiri), à l'illustration... pour tous et, surtout, à la peinture.© Hachette Livre, 1996.43, quai de Grenelle, 75015 Paris.978-2-012-03326-9Des mêmes auteurs dans
Vertige fantastique
• Le tarot du Diable
Eclipse• Journal d'une créature
(à paraître en janvier 1999)PROLOGUEGuillaume soupesa le colis. Sans doute une liasse de feuilles, un dossier épais d'une centaine de pages. C'était souple et lourd, ça glissait des mains.Dehors la neige tombait depuis dix minutes environ, à flocons serrés. Une neige qui tiendrait, pour une fois, qui mettrait un peu de rêve autour du bâtiment A de la résidence de Cercy.Guillaume n'y prêtait aucune attention. Il regardait le paquet qu'il venait de trouver dans la boîte aux lettres.Expéditeur : Victor Lémery, 11, rue de l'Église, Chennes.Victor ! Depuis la Toussaint on ne le voyait plus. Il avait même arrêté de traîner avec des groupes de filles à la sortie du collège.Guillaume réussissait facilement, il avalait la classe de seconde à quatorze ans à peine. Victor, lui, redoublait sa troisième... à quinze ans. Victor s'embourbait dans son échec et Guillaume faisait de son mieux pour venir à son secours. C'était loin d'être facile. Victor voulait de l'aide et ne la voulait pas, il croulait sous les tonnes de sa paresse. A partir de novembre, il avait cessé de téléphoner. Et c'était tant mieux, au fond. Tant de choses les séparaient maintenant !C'est depuis la mort de son père que ça ne va pas, se dit Guillaume pour la centième fois. Depuis trois ans.Il grimpa chez lui, au deuxième étage, son paquet sous le bras.C'est peût-être la liste de ses conneries...Il songea au jean déchiré, aux cheveux bruns en bataille, à une certaine façon de traîner les pieds. Pas le genre de look qui séduisait le censeur. Les filles, par contre... Ç'en était énervant. Parfois Guillaume se demandait si ce n'était pas Victor qui avait raison. A d'autres moments, il remarquait ses yeux cernés, son air triste, et il ne l'enviait plus du tout.Expéditeur : Victor Lémery.Guillaume dénoua la grosse boucle qui lui fit penser aux cadeaux du schtroumpf farceur. Bizarre, tout de même. Victor ignorait l'usage de la poste et de la boîte aux lettres. Oui, même pour une farce, ce n'était pas dans ses manières.Une façon quelconque de faire signe ? De ranimer une vieille amitié qui tombait en ruine ? Un catalogue d'avions, de cerfs-volants, de figurines en plomb ?Victor a changé depuis trois ans, oui... mais surtout depuis trois mois. Depuis la rentrée. Depuis qu'il m'a raconté quelque chose. Son vélo avait crevé. On a pris le bus tous les deux, on était très en retard. Et pourtant il me racontait quelque chose. Ah ! oui, un rêve. Un cauchemar qu'il avait eu. C'était quoi, déjà ?Guillaume appuya son front contre la fenêtre de sa chambre. Dehors, la neige s'amassait. Le paysage se laissait envelopper et seuls les grands placards de publicité s'obstinaient à projeter leurs messages, qui paraissaient encore plus criards.Il déchira l'enveloppe. Un dossier apparut. Un long texte manuscrit. Guillaume identifia parfaitement l'écriture. Mais depuis quand Victor écrivait-il si bien ? Les mots ne pendaient plus en fin de ligne. Le trait était nerveux, presque adulte.Il libéra les feuilles une à une en soulevant son pouce. Quelques noms, photographiés au passage, apparurent : Vézelay, Maïté, LA CLÉ DES SONGES.Signature : Victor Lémery. Impossible, pensa encore fugitivement Guillaume. Victor n'écrit pas. Il est trop nul, de toute façon.Mais Victor avait écrit.Cette énigme agit comme un aimant. Guillaume se plongea immédiatement dans la lecture. Il avait deux heures de tranquillité avant le retour de ses parents. Il s'installa sur le lit et s'attaqua au manuscrit.Quelques minutes plus tard, il s'interrompit, épouvanté. Il jeta un œil au-dehors. La neige avait tout recouvert. Les voitures rampaient dans un monde fantomatique, les cris d'enfants s'arrondissaient, à la fois lointains et extraordinairement proches. Le silence et le blanc avaient gagné.La main de Guillaume tremblait. Il avala sa salive, tourna la page.1CAUCHEMAR SUR CARTE POSTALESalut, Guillaume !Tu te souviens de mon cauchemar ? Non ? Je te l'ai raconté, pourtant. Oh ! ça remonte au début d'octobre...Oui, Guillaume, c'est bien moi. C'est bien Victor qui t'écrit.Victor qui t'a fait corriger tant de rédactions, Victor dont l'orthographe était... plus qu'approximative.Eh bien, voici un texte rédigé par ce nullard de Victor sans l'aide de personne, pas même de « notre chère Émilie », à l'intention de Guillaume Becker, l'intellectuel, le fin littéraire.Une blague ? Tu t'imagines que je me fatiguerais à noircir des pages juste pour le plaisir de te faire avaler des bobards ? Allons, tu me connais mieux que ça...Ne pense pas non plus que j'ignore toutes les questions que vous vous posez à mon sujet. C'est un beau concert, de ma mère à toi, en passant par Émilie ! Vous vous croyez discrets, tous les trois ?J'ai un secret, Guillaume, un secret vraiment lourd à porter. Et aujourd'hui j'ai besoin de me confier. Même si je n'en ai pas le droit. Je ne sais pas si je t'enverrai tout ça, mais je commence déjà à l'écrire, pour me soulager.Alors, tu te souviens de mon cauchemar ?Un jour d'octobre, le 4 précisément, vous m'avez trouvé, Émilie et toi, le teint pâle et les yeux cernés. J'entends encore vos commentaires sur mon air de « zombi ». Pour vous, pas de doute, j'avais regardé un film au milieu de la nuit, pendant que ma mère me croyait au lit. Je vous ai laissés dire. C'est seulement quelques jours plus tard que je t'ai raconté le cauchemar. Il était revenu, tu comprends ? Revenu. Et c'est par lui que je dois commencer.e9782012033269_i0001.jpgLe début est vague. Je marche, je ne sais pas où je suis, mais je marche. Je respire des odeurs d'herbe, de campagne.Puis le paysage se précise. Il fait nuit. Une claire nuit d'été, étincelante d'étoiles. Tantôt je monte, tantôt je descends. Je devine un pays de collines. Je vais à travers champs, foulant des prairies d'herbe haute et je m'aide d'une... d'une épée ! Elle me sert à faucher l'herbe. Des touffes d'herbes immenses, une vraie jungle. Ça me rassure un peu, cette lame brillante qui fend l'air devant moi avec de grands sifflements. Soudain, ce n'est plus qu'un bâton ! Non. C'est une canne, une canne de vieux monsieur, avec pommeau d'argent. Ma canne. Et au moment où je la reconnais, je sens la peur me tordre le ventre. Alors je commence à courir. Mais je suis lent, si lent ! Mes jambes pèsent des tonnes, la terre est une boue gluante dans laquelle je m'enfonce, glisse et tombe.Le ciel tourbillonne au-dessus de moi. Une étoile grossit. Puis une autre. Puis une autre encore. Elles se rapprochent de la terre à toute vitesse, elles vont m'écraser. Le ciel...Ce n'est plus le ciel. C'est une caverne, sombre et suintante. Je me relève.Une vapeur salée s'enroule autour de moi, brûle mes yeux, mes poumons. Je vois des ombres. Elles crient, s'agitent, cognent les murs avec des cannes semblables à la mienne. Je voudrais les rejoindre mais il y a ce bruit terrible, ce grondement sourd qui fait trembler le sol, les murs.Non ! Ce n'est pas possible ! J'étends les bras, pousse de toutes mes forces. Ce sont les murs qui bougent ! Les parois de la caverne se resserrent autour de moi. Et, gravés sur la roche, des signes apparaissent, des lignes, qui se mettent à grouiller comme des serpents. Je sens ces courbes de pierre vivantes onduler sous mes mains, me forcer à lâcher prise. Je deviens fou, je pleure, j'étouffe. Je vais mourir broyé.Mais pas si vite, non ! Ce n'est pas déjà terminé. Tout va au ralenti. J'ai le temps d'avoir peur, de pleurer, de hurler en entend...
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