www.leslibraires.fr
Les droits de l'homme ne se négocient pas
EAN13
9782809801552
ISBN
978-2-8098-0155-2
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
POLITIQUE, IDEE
Nombre de pages
236
Dimensions
22,5 x 14 cm
Poids
310 g
Langue
français
Code dewey
323.094

Les droits de l'homme ne se négocient pas

De

Archipel

Politique, Idee

Indisponible
e9782809802689_cover.jpg

DU MÊME AUTEUR

Combattre l'obscurantisme avec Robert Redeker,
entretiens avec Dominique de Montvalon,
Jacob-Duvernet, 2007.e9782809802689_i0001.jpg

www.editionsarchipel.com

Si vous souhaitez recevoir notre catalogue et
être tenu au courant de nos publications,
envoyez vos nom et adresse, en citant ce livre,
aux Éditions de l'Archipel,
34, rue des Bourdonnais 75001 Paris.

Et, pour le Canada,
à Édipresse Inc., 945, avenue Beaumont,
Montréal, Québec, H3N 1W3.

ISBN 978-2-8098-0155-2

Copyright © L'Archipel, 2009.

La haine, c'est la colère des faibles.

Alphonse Daudet

Ce qui m'effraie, ce n'est pas l'oppression
des méchants, mais l'indifférence des bons.

Martin Luther King

Sommaire

DU MÊME AUTEUR
Page de titre
Page de Copyright
Epigraphe
INTRODUCTION
1 - UN HOMME EN COLÈRE

INTRODUCTION

Le 4 novembre 2008, sur fond de crise économique majeure induite par la mondialisation, la France attend fiévreusement les résultats de l'élection présidentielle américaine. Fait sans précédent, les chaînes de télévision et de radio de l'Hexagone ont multiplié les émissions en direct des États-Unis ; les journaux et Internet, quant à eux, ont communiqué jour après jour les conclusions des enquêtes d'opinion réalisées outre-Atlantique. En quelques mois, la campagne électorale de Barack Obama est devenue un phénomène mondial. Le succès du candidat démocrate, le 4 novembre 2008, provoque un raz-de-marée d'enthousiasme.

Mais pourquoi un tel engouement ? Les commentateurs français n'ont cessé de répéter qu'Obama, s'il était élu, serait le premier président noir des États-Unis et que, en le choisissant les Américains ne se limitaient pas à un choix idéologique – démocrates contre républicains – mais faisaient concrètement respecter le premier précepte des droits de l'homme : l'égalité, quelle que soit l'origine ethnique.

Pour incroyable que cela paraisse aux jeunes générations, c'est seulement en 1965 que les Noirs américains se sont vu accorder le droit de vote – auparavant, ce droit était conditionné au versement d'une somme trop élevée pour la plupart d'entre eux. Cette avancée indispensable sur le chemin de l'égalité faisait suite à une gigantesque mobilisation autour du pasteur Martin Luther King. Chacun connaît la phrase du leader noir américain de la non-violence, prononcée devant le Lincoln Memorial, lors de la Marche vers Washington, le 28 août 1963 : « I have a dream... »

Le rêve de Martin Luther King, c'était qu'enfin la nation américaine admette l'évidence : les hommes naissent libres et égaux. Parce qu'il avait osé faire à haute voix ce rêve, parce qu'il prônait la non-violence dans son combat pour l'égalité entre Noirs et Blancs, King a été assassiné en 1968. Quarante ans plus tard, la nation américaine, en élisant Obama, prouve qu'elle a enfin entendu le message du pasteur. Quarante ans de discours, de menus événements ou d'actions spectaculaires auront donc été nécessaires pour qu'enfin l'Amérique renonce, par l'intermédiaire d'un scrutin national, à juger inférieure la population noire du pays. Car, en élisant Obama, les Américains ont reconnu que la compétence n'avait rien à voir avec la couleur de la peau.

Il est des combats qui ne connaissent pas de frontières. La lutte contre le racisme est de ceux-là, et la France peut s'enorgueillir d'y avoir participé activement par le biais d'organisations indépendantes de défense des droits de l'homme et à travers ses institutions. L'affaire Dreyfus, à l'aube du XXe siècle, avait élevé l'antisémitisme au rang de valeur nationale. À la fin des années 1920, tandis que, de l'autre côté du Rhin, Hitler rassemblait les masses populaires en scandant des slogans de haine envers les Juifs, les Tziganes, les homosexuels et les handicapés, les premières associations antiracistes voyaient le jour en France. Depuis qu'en 1945 elle a découvert l'horreur des camps d'extermination nazis, la France n'a eu de cesse de lutter contre la recrudescence des idéologies d'exclusion. Non seulement elle s'est dotée d'associations politiquement indépendantes, mais elle a aussi légiféré. Car, telles les braises d'un foyer prêtes à s'enflammer, les remugles racistes n'en finissent jamais de renaître et de se manifester.

Qu'il s'agisse de poursuivre des criminels de guerre nazis et de faire leur procès, d'empêcher la diffusion d'idées contraires à la vérité historique, de protéger les citoyens de la violence des nostalgiques de l'idéologie du IIIe Reich, ou encore de veiller au respect de la liberté d'expression et de la laïcité attaquées par de nouveaux communautarismes, la méthode passe toujours par la même nécessité : mettre le racisme hors la loi. Pour cela, il est indispensable d'avoir recours aux textes législatifs et à leur application par les structures de la République. Sans leur soutien, la quête des Klarsfeld, par exemple, eût été vaine et Klaus Barbie n'aurait jamais été jugé. Il aura fallu la ténacité et le courage exceptionnels de quelques infatigables militants, héros et porte-parole de la cause des droits de l'homme, pour parvenir à inscrire dans la loi française les principes antidiscriminatoires de l'individu, quels que soient son origine ethnique, sa religion, son orientation sexuelle, son état de santé. En persuadant les politiques de veiller à ce que le racisme jamais ne se banalise, ces militants ont permis une évolution essentielle des mentalités. À leur modeste manière, ils ont probablement contribué au succès électoral de Barack Obama.

Pourtant le combat pour le respect des droits de l'homme ne s'arrête pas là. Les juridictions européennes et internationales doivent nous protéger des crimes contre l'humanité que des dictateurs sans scrupule perpétuent avec le soutien de grandes puissances telles que la Chine ou la Russie. Celles-ci, au nom du refus d'ingérence dans leurs affaires intérieures, prétendent se soustraire au jugement universel. D'autres pays, comme l'Iran, au nom d'un dogme religieux dont ils adaptent l'interprétation à leur volonté hégémonique, décrètent leur intention d'anéantir un pays – Israël – ou condamnent à mort des citoyens du monde qui ont remis en question leurs théories. Les ennemis de la démocratie, en effet, ont bien compris comment détruire nos libertés : alors que les associations antiracistes se servent des institutions pour faire progresser les droits de l'homme, les tenants du racisme ou de l'antisémitisme les détournent à leur avantage, mettant en danger au niveau planétaire la conception même d'égalité entre les peuples et entre les personnes. Quelques mois après la célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, le combat est loin d'être terminé.

1

UN HOMME EN COLÈRE

Mon histoire commence avec une corde. Une grosse corde posée dans un coin de la petite loggia du bureau du cabinet dentaire de mon père. Cette corde est son unique espoir. Pour le cas où. La fenêtre n'est jamais fermée, même en hiver, les volets non plus. Pour gagner du temps. Mon père a tout prévu pour sa fuite vers la liberté. Cette corde miraculeuse en est le sauf-conduit. Un jour, ils viendront, il faudra être prêt, bondir sans se poser de questions, s'agripper à la corde, descendre en rappel et courir, courir vite, sans se retourner, sans penser. Ne pas penser à ce patient abandonné la bouche ouverte, à ces autres dans la salle d'attente, hagards, à la secrétaire éberluée, mortifiée. Il faudra bousculer des passants, slalomer entre les files d'attente devant les magasins d'alimentation, ou plutôt de rationnement, ne pas se retourner sur les poursuivants et, enfin, se soustraire à la police de Vichy et aux forces d'occupation. Il faudra peut-être prier, espérer ne pas tomber sur une autre patrouille.

Lui, le petit Juif roumain qui est arrivé ici pieds nus et sans le sou, qui a fui la misère, les pogroms, la Garde de fer du tristement célèbre Corneliu Codreanu et les austères Carpates... En France, il a enfin trouvé un peu de sérénité, un endroit où fonder une famille. Pourtant, dans ce pays devenu sa vraie patrie, il doit se préparer au pire...

Anciol Goldenberg, dit Armand Gaubert, a tout prévu. Il est serein. Il e...
S'identifier pour envoyer des commentaires.