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L'affaire Caravage
EAN13
9782352883623
ISBN
978-2-35288-362-3
Éditeur
City Edition
Date de publication
Collection
CITY EDITIONS
Nombre de pages
464
Poids
637 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Code dewey
849

L'affaire Caravage

De

Traduit par

City Edition

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Repères historiques

Cette histoire a été inspirée par la perquisition d'un entrepôt des Ports-Francs, à Genève, au cours de laquelle les Carabinieri ont découvert plus de dix mille antiquités illégalement mises au jour, d'une valeur de près de trente-cinq millions de dollars. L'enquête qui s'ensuivit impliquait la Mafia, ainsi que quelques-uns des plus grands musées du monde, des collectionneurs et des maisons de vente aux enchères, dans le commerce international illégal de produits culturels.

Toutes les descriptions et informations fournies sur les œuvres d'art, les artistes, les voleurs, la contrebande d'antiquités, les « orphelins », les fouilles illégales et l'architecture sont exactes, en dehors de celles du Desposito Eroli de Rome, que j'ai déformées pour servir mon propos.

Pour obtenir davantage d'informations sur l'auteur, ainsi que l'histoire, les personnages, les lieux et les œuvres d'art qui figurent dans les autres romans de Tom Kirk, merci de vous rendre sur le site www.jamestwining.com.

Extraits de l'Amherst Papyrus, rapports juridiques originaux datant du règne de Ramsès IX (environ 1110 av. J.-C.) – traduits en anglais par JH Breasted, Ancient Records of Egypt, Book IV (1904).

Nous avons ouvert les cercueils et les sarcophages dans lesquels ils reposaient. Nous avons trouvé l'auguste momie de ce roi... Les sarcophages d'or et d'argent étaient incrustés de pierres précieuses.

Nous avons arraché l'or que nous avons trouvé sur l'auguste momie de ce dieu, ainsi que les amulettes et les ornements de son cou, et le sarcophage où il reposait. Nous avons retrouvé également l'épouse du roi. Nous avons tout dérobé sur elle aussi. Nous avons volé les objets que nous avons trouvés à côté d'eux : des vases d'or, d'argent et de bronze.

Nous avons partagé en huit parts l'or trouvé sur ces deux dieux, sur leurs momies, ainsi que les amulettes et les ornements.

Extrait d'une lettre écrite par Thomas Bruce, septième comte Elgin, à Giovani Lusieri, 1801.

J'aurais aimé conserver, de l'Acropole d'Athènes, des exemples de chaque chose, chaque ornement architectural, chaque corniche, chaque frise, des plafonds décorés, des colonnes – des spécimens des différents ordres architecturaux et des variantes de chacun des ordres –, des métopes, si possible. Au bout du compte, tout ce qui a trait à la sculpture, aux médailles et aux marbres étonnants que l'on peut mettre au jour grâce à des fouilles assidues et inlassables.

Prologue

Je vois des guerres, des guerres terribles,
et le Tibre écumant se colorer de sang.

Virgile, L'Enéide (6, 1.86)

Ponte Duca d'Aosta, Rome, Italie

15 mars – 2 h 37

Un baiser froid le réveilla.

Une caresse taquine, timide, qui joua d'abord avec son oreille, puis prit de l'assurance, glissa le long de son cou, effleura sa gorge nue.

Les paupières serrées, la joue plaquée contre le pont du bateau, Luca Cavalli savait qu'il devait profiter de ce répit. Priant qu'ils ne remarquent pas qu'il était réveillé, il resta immobile, recroquevillé dans les ténèbres, bercé par le doux balancement du bateau glissant sur les eaux, concentré sur la cadence lourde et régulière de sa propre respiration.

Devant lui, près de l'étrave, une petite flaque de pluie roulait d'un bord à l'autre, sous l'effet des flots qui cinglaient les côtes de bois de l'embarcation et la faisaient tanguer. Des traînées d'huile nappaient l'eau de reflets arc-en-ciel, imprégnant sa gorge d'un matelas capiteux. Il éprouvait un besoin étrange, urgent et irrépressible, de déglutir, de goûter la vérité brute de cet instant, avant qu'il ne soit trop tard.

Il laissa échapper un hoquet étranglé. Aussitôt, le goulot froid s'écarta de sa peau avec un grondement féroce et les dents tranchantes d'un couteau crénelé mordirent sauvagement sa chair. Une main l'agrippa sans ménagement pour le forcer à se mettre sur pied. Il ressentait une sourde brûlure aux épaules, due aux liens tranchants de ses poignets, attachés derrière son dos. Clignant des yeux, il distingua trois hommes. Un à la barre, les mains solidement arrimées au gouvernail. Un autre sur le banc face à lui, un pistolet fourré dans la ceinture de son jean et une cigarette aux lèvres. Le troisième, tout près de lui, maniait le couteau qui lui caressait la joue quelques instants auparavant et se pressait à présent sur son ventre.

Tous trois demeuraient silencieux. Pourtant, leurs visages découverts lui faisaient l'effet d'un bruit assourdissant, d'un cri d'orgueil, comme s'ils voulaient lui faire savoir qu'ils ne se feraient jamais prendre.

C'était sans doute pour cela que, plus il les fixait, plus leurs traits se brouillaient. Leurs visages cruels se mêlaient alors aux ombres noires qu'il imaginait tantôt portées par le vent, tantôt recluses dans des cavités obscures où la lumière craignait de s'aventurer.

Ils affichaient une sérénité quasi monastique. Muets, les yeux fixés sur l'horizon, ils semblaient avoir été choisis pour accomplir un devoir sacré, divin. Une partie de lui enviait leur solennelle détermination, leur absolue certitude dans la poursuite de leur objectif, aussi vil soit-il. La loyauté de ces hommes était indéfectible, et leur confiance inébranlable. Ils étaient de vrais croyants. Peut-être que, s'il avait partagé leur foi, il aurait échappé à sa présente damnation ? Cavalli poussa un soupir résigné et jeta un bref regard sur le côté. La rivière engorgée dévalait et les ondulations de sa surface d'ébène trahissaient les aspérités de son lit boueux. Au-dessus d'eux, les lumières des rues filtraient à travers les branchages des arbres alignés sur les rives, et dont les ombres squelettiques s'étiraient sur la surface liquide. Les rues étaient paisibles. De temps à autre, les feux d'une voiture perçaient les ténèbres, tel un phare lointain lui indiquant la voie du salut.

Cavalli se rendit compte que le moteur était éteint et que le bateau était emporté à travers la ville par le muscle puissant et silencieux du courant. Ainsi, comme par quelque enchantement, il ne laissait derrière lui aucun sillage en dehors de menus plis sur le velours sombre de la rivière, qui disparaissaient aussitôt.

Lorsqu'ils passèrent sous le Ponte Cavour, le grincement de la potence des arbres interrompit ses pensées. Il jeta un regard inquiet à la masse cylindrique et imposante du Castel Sant'Angelo, dont l'usure ancestrale des murs était masquée par des halos lumineux. A l'arrière se trouvait le Passetto, un couloir qui avait servi des siècles durant de passage secret entre le Vatican et le sanctuaire fortifié du château. L'espace d'un instant, il s'imagina pouvoir lui aussi trouver une échappatoire, un chemin caché vers la liberté. Si seulement c'était réalisable.

Mais le courant les entraînait inlassablement vers le Ponte Sant'Angelo et ses anges sculptés, le long de ses balustrades, qui semblaient attendre son ultime confession. Une pensée étrangement réconfortante, bien qu'au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient, il comprît que cette inoffensive requête lui serait refusée. Les pâles statues lui tournaient le dos, comme inconscientes de sa présence.

Soudain, le timonier émit un sifflement, brisant le code du silence qu'ils avaient religieusement observé jusqu'alors. Sur le pont les surplombant, une lumière clignota deux fois. Quelqu'un les attendait.

Aussitôt, le moteur revint à la vie, comme si le timonier luttait contre le courant pour les diriger vers une arche, sur la gauche. Les deux autres hommes se levèrent brusquement. L'un d'eux s'empara d'une corde, tandis que l'autre maintenait les défenses le long du plat-bord. En passant sous l'arche, le timonier renversa le moteur et rapprocha habilement le bateau de la jetée de pierre, faisant grincer les défenses, dont l'écho résonna sous la voûte. Il fit un signe de tête à ses comparses qui se précipitèrent vers la poupe pour attacher l'embarcation à l'anneau de fer rouillé encastré dans le mur, laissant suffisamment de jeu pour que le bateau roule sur les ondulations de la rivière. Puis il coupa le moteur.

Instantanément, une corde d'un orange éclatant descendit des ténèbres, et l'extrémité s'enroula à la proue du bateau. Le timonier s'avança et t...
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