La Femme unidimensionnelle

« Mais où sont donc passées toutes les femmes dignes d’intérêt ? S’il fallait en croire la description contem- poraine de la féminité, la réussite de la femme actuelle culminerait dans le fait de posséder des sacs à main hors de prix, un vibromasseur, un job, un appartement et un homme. Bien sûr, nul n’est tenu de croire les émis- sions télévisées, les magazines et les publicités, et beaucoup s’en préservent. Mais tout de même, comment en est-on arrivé là ? Peut-on considérer que le désir de libération des femmes du siècle dernier a trouvé son accomplissement dans le paradis consumériste offrant une consolation « coquine », des pendantifs en forme de lapin Playboy ou une crème dépilatoire adaptée au port du bikini ? Que l’apogée de la prétendue émancipa- tion féminine coïncide si parfaitement avec le consumérisme est un indice misérable du désert politique que nous traversons. La majeure partie du féminisme contemporain, en particulier dans son versant américain, ne semble guère concernée par cette coïncidence. » Ainsi s’ouvre le brûlot de Nina Power – toute jeune philoso- phe anglaise – LA FEMME UNIDIMENSIONNELLE, qui emprunte son titre au célèbre ouvrage de Herbert Marcuse. Mais ce petit livre n’est pas un simple pamphlet tirant à vue sur la misère du féminisme contempo- rain, aussi bien sur le plan politique que théorique. Il est aussi un ouvrage dense, mais redoutablement percu- tant, qui suggère des modes de réflexion alternatifs concernant les transformations actuelles du travail, de la sexualité et de la culture. Et ces alternatives, bien qu’en apparence inatteignables dans le climat idéologique contemporain, cherchent à fournir quelques outils sérieux pour le féminisme du futur. Nina Power y avance une critique combinée du consumérisme et du féminisme et s’attache, pour ce faire, à des sujets aussi divers que la « féminisation » du travail, le rôle des femmes dans les guerres actuelles, la pornographie « vintage » d’avant les années 1950, Sarah Palin ou les femmes voilées. L’édition française de ce livre sera en partie remaniée, et enrichie d’un chapitre sur l’état du féminisme en France. La Femme unidimensionnelle a été remarqué lors de sa parution en novembre 2009, et a reçu un accueil critique élogieux, notamment par le Guardian.

NINA POWER enseigne la philosophie à l’université de Roehampton. Elle a dirigé l’édition et préface le livre d’Alain Badiou sur Beckett. Elle a publié sur des sujets aussi divers que l’Iran, l’humanisme, la pornographie « vintage » et le marxisme.