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Vendu par Livre au trésor
- État de l'exemplaire
- BROCHE. 2018. 160 PAGES. COMME NEUF. PHOTOS SUR DEMANDE
14.00 (Occasion)
Autre version disponible
«Jef, mon fils, Je souhaite, bien sûr, que tu sois heureux. Mais si tu es désespéré, je veux que tu sois fort ! Je t'aime, Papa.»
Ce recueil est une sorte d’autobiographie composée de textes et de photos anonymes ou déclassés.
Ceci est un livre. Un livre de lecteur. Un livre (presque) uniquement composé de readymades : textes & photos défraîchis glanés dans mes lieux de prédilection : poubelles, marchés aux puces, allées désertées des bibliothèques ou franges (non moins terreuses) du web, etc. Documents non grata voués à disparaître - pourtant animés d’une énergie tenace, au point de laisser contre toute attente une empreinte.
Aucune pierre philosophale n’expliquera jamais pourquoi une phrase, un cliché anonymes soudain émeuvent. Simplement, des énoncés, des photos parviennent à un stade de leur histoire où ils sont partageables - ou, pour parler comme un juriste, ils entrent dans le domaine public. Certains le sont d’emblée parce qu’ils ont du chien - ou, pour le dire proprement, parce que leur littéralité les rend sensibles au plus grand nombre. D’autres, besogneux, obtiendront une reconnaissance plus tardive, patinés par l’attention têtue qu’on leur aura prêtée. Les autres, indécrottables - l’immense majorité - on aura beau les ressasser dans des best-sellers ou au cours de soirées commémoratives (l’enfance, les vacances etc.), ils resteront désespérément personnels, provoquant d’inexorables bâillements chez des générations de spectateurs. C’est - à mon avis - qu’ils relèvent plus d’un marketing familial que d’une autobiographie partagée. Et ce n’est pas une question de technique - de flou ou de cadrage douteux par exemple. Non, c’est une affaire de spectres - de spectres familiers.
Mes romans - c’est le lot, au fond, de tous les livres - ne sont qu’un montage de samples de la vie ordinaire et de friches telles que celles que je publie ici. Si la perspective d’un récit m’oblige à les métaboliser pour les inclure dans un plan-séquence - ou un paysage - ici je les restitue sans y toucher autrement que le restaurateur ne s’y prend avec un tableau. Pas de bouture complexe, pas de thérapie génique alambiquée. Tout juste la juxtaposition avec une photo en guise de catalyseur, histoire d’amorcer la machine à rêves.
Mais exposer ce butin n’a pas vocation de restaurer la mémoire de textes condamnés, bien au contraire : je combats l’affairisme nostalgique, la réédition coûte que coûte d’ouvrages désuets, la mémoire par l’accumulation. Dans le brouillamini hétérogène et inégal qui constitue aujourd’hui la somme des écritures, je veux juste rappeler qu’un regard est nécessaire pour agencer ces pièces, qu’un lecteur seul peut raviver ces vestiges. Lire c’est relire (= lire après un autre lecteur), et relire c’est écrire. Donc écrire c’est relire. Et prendre une photo, c’est littéralement prendre une photo : se l’accaparer pour la fondre dans sa galerie de mythes.
Écrire, photographier, lire, même combat : on fait une proposition. Au moment de publier ce recueil, un trouble me saisit : j’ai désormais le sentiment non plus de rendre hommage à de méritoires inconnus, vénérables figures de cire, mais au contraire de livrer mes carnets les plus intimes, mes secrets de famille que je croyais les mieux gardés.
Ce recueil est une sorte d’autobiographie composée de textes et de photos anonymes ou déclassés.
Ceci est un livre. Un livre de lecteur. Un livre (presque) uniquement composé de readymades : textes & photos défraîchis glanés dans mes lieux de prédilection : poubelles, marchés aux puces, allées désertées des bibliothèques ou franges (non moins terreuses) du web, etc. Documents non grata voués à disparaître - pourtant animés d’une énergie tenace, au point de laisser contre toute attente une empreinte.
Aucune pierre philosophale n’expliquera jamais pourquoi une phrase, un cliché anonymes soudain émeuvent. Simplement, des énoncés, des photos parviennent à un stade de leur histoire où ils sont partageables - ou, pour parler comme un juriste, ils entrent dans le domaine public. Certains le sont d’emblée parce qu’ils ont du chien - ou, pour le dire proprement, parce que leur littéralité les rend sensibles au plus grand nombre. D’autres, besogneux, obtiendront une reconnaissance plus tardive, patinés par l’attention têtue qu’on leur aura prêtée. Les autres, indécrottables - l’immense majorité - on aura beau les ressasser dans des best-sellers ou au cours de soirées commémoratives (l’enfance, les vacances etc.), ils resteront désespérément personnels, provoquant d’inexorables bâillements chez des générations de spectateurs. C’est - à mon avis - qu’ils relèvent plus d’un marketing familial que d’une autobiographie partagée. Et ce n’est pas une question de technique - de flou ou de cadrage douteux par exemple. Non, c’est une affaire de spectres - de spectres familiers.
Mes romans - c’est le lot, au fond, de tous les livres - ne sont qu’un montage de samples de la vie ordinaire et de friches telles que celles que je publie ici. Si la perspective d’un récit m’oblige à les métaboliser pour les inclure dans un plan-séquence - ou un paysage - ici je les restitue sans y toucher autrement que le restaurateur ne s’y prend avec un tableau. Pas de bouture complexe, pas de thérapie génique alambiquée. Tout juste la juxtaposition avec une photo en guise de catalyseur, histoire d’amorcer la machine à rêves.
Mais exposer ce butin n’a pas vocation de restaurer la mémoire de textes condamnés, bien au contraire : je combats l’affairisme nostalgique, la réédition coûte que coûte d’ouvrages désuets, la mémoire par l’accumulation. Dans le brouillamini hétérogène et inégal qui constitue aujourd’hui la somme des écritures, je veux juste rappeler qu’un regard est nécessaire pour agencer ces pièces, qu’un lecteur seul peut raviver ces vestiges. Lire c’est relire (= lire après un autre lecteur), et relire c’est écrire. Donc écrire c’est relire. Et prendre une photo, c’est littéralement prendre une photo : se l’accaparer pour la fondre dans sa galerie de mythes.
Écrire, photographier, lire, même combat : on fait une proposition. Au moment de publier ce recueil, un trouble me saisit : j’ai désormais le sentiment non plus de rendre hommage à de méritoires inconnus, vénérables figures de cire, mais au contraire de livrer mes carnets les plus intimes, mes secrets de famille que je croyais les mieux gardés.
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