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2, Les fous de lumière T2 : Gabrielle, Les fous de lumière**
Format
Broché
EAN13
9782809800371
ISBN
978-2-8098-0037-1
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Roman français (2)
Séries
Les fous de lumière (2)
Nombre de pages
384
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
492 g
Langue
français
Code dewey
843

2 - Les fous de lumière T2 : Gabrielle

Les fous de lumière**

De

Archipel

Roman français

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DU MÊME AUTEUR

ROMANS :

Du côté de Bombay, Presses de la Cité, 2007.

Jouez cœur et gagnez, Presses de la Cité, 2006.

Mes nuits ne sont pas les vôtres, Presses de la Cité, 2005.

Et tout me parle de vous, Presses de la Cité, 2004.

Ne disons pas au jour les secrets de la nuit (avec Jean-Paul Gourévitch), Presses de la Renaissance, 2003.

Le Roman de Jeanne, Le Pré aux Clercs, 2003.

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La Rose des vents, Presses de la Cité, 2000.

Du côté de Pondichéry, Presses de la Cité, 1999.

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Darjeeling, Jean-Claude Lattès, 1996.

DOCUMENTS :

Une histoire de l'amour, avec Véronique Lesueur, Le Pré aux Clercs, 2001.

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ALBUMS:

Plaisirs d'amour, avec Jean-Paul Gourévitch, Le Pré aux Clercs, 2006.

La Belle et la Bête, les coulisses du tournage, Le Pré aux Clercs, 2005.

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Ce volume constitue une édition révisée de Les Désirs et les Jours (J.C. Lattès, 1993).

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Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-8098-1085-1

Copyright © L'Archipel, 2008.

À ma fille, Laure

« Je songe à Cézanne crispé sur sa besogne ingrate, sourd à tous les bruits du monde, trente ans ferme au milieu des sots, peignant comme un forcené pour le soulagement du monstre qu'il sent en lui seul, oubliant sa toile dans les champs parce qu'il a vu quelque flamme poindre au niveau de son esprit. »

ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes

1875

1

LE 5 JANVIER 1875, la foule se pressait devant l'Opéra. Malgré le froid, les badauds n'en finissaient pas d'admirer l'œuvre de Garnier qui aimait à répéter : « L'architecte fait les monuments, mais c'est le temps qui les parfait. »

Dans un flot continu, les attelages amenaient têtes couronn ées, politiciens ou célébrités. Au bras de Louis Duplessis, son époux, Hortense se laissait griser par le brouhaha. Le regard admiratif des hommes lui prouvait qu'elle était belle. D'un cœur léger, elle gagna le second étage où se situait leur loge.

— Quand je pense à notre malheureuse impératrice ! se lamenta une dame à cheveux blancs en saluant les arrivants. Il est scandaleux qu'elle n'assiste pas à l'inauguration de cet endroit pour lequel elle s'est tant battue.

— Maman, vous n'allez pas recommencer, l'interrompit Gabrielle Carlier. L'Empire est enterré ! Pour vous le prouver, notre président va nous rejoindre dans quelques minutes.

Hortense adressa un sourire complice à sa cousine Gabrielle, puis elle s'assit sur la chaise de velours que lui présentait son oncle André Laferrière.

Pendant qu'Alice Laferrière continuait de regretter un régime qui pendant vingt ans l'avait comblée, Louis découvrait la salle où les ors patinés, les cristaux et le rouge créaient une atmosphère de magie. Lorgnette à la main, des femmes aux noms illustres jaugeaient le public, tandis que les membres du Jockey Club et les célibataires convoités se familiarisaient avec les lieux.

Indifférente au bruit, Gabrielle contemplait le plafond où Lenepveu avait représenté « Les heures du jour et de la nuit ». Son œil exercé de peintre en notait les détails. Alice, sa mère, mit un terme à son observation en lui tapotant les doigts de son éventail.

— La reine Isabel d'Espagne, annonça-t-elle. Mon Dieu, qu'elle est laide !

L'arrivée du lord-maire de Londres en soutane rouge fut à son tour commentée. Suivirent celles des comte et comtesse de Paris, des La Tremoille, des Rothschild et des Pereire. Ce soir, les banquiers et les industriels partageaient les privilèges de ceux qui longtemps leur avaient tenu porte close. On acceptait de brasser les traditions, le pouvoir et l'argent. Dans cet édifice qui ressemblait à tout et à rien, chacun trouvait sa place. Le silence se fit quand, escortés du directeur de l'Opéra, le président Mac-Mahon et son épouse entrèrent dans leur loge. La représentation pouvait commencer. Le chef d'orchestre gagna son pupitre et, bientôt, s'élevèrent les premières mesures de La Muette, une œuvre de Portici.

Avec la musique, l'esprit d'Hortense vagabondait. Des bribes du passé revenaient. Son mariage avec Louis, l'amour qui les liait... le départ de son époux pour le front, la séparation, l'absence de nouvelles. Et maintenant, il était là, assis derrière elle. Contre sa nuque, elle sentit son souffle.

— Êtes-vous bien installée ? lui demanda-t-il.

Sans se retourner, elle acquiesça.

Le rideau se leva sur le décor de La Juive d'Halévy. Une excellente soprano autrichienne tenait le rôle principal, mais personne ne prêtait attention à son talent. Le lustre demeurant allumé pendant les deux actes, le spectacle se déroulait dans la salle. D'une loge à l'autre, les rivales s'observaient. Malgré les impératifs du fameux « ordre moral », personne n'avait changé ses habitudes et intrigues, liaisons, adultères se poursuivaient.

Pour la première fois pendant un entracte, les femmes eurent le droit de quitter leurs places pour se rendre au Grand Foyer. Suivies de Louis, Hortense et Gabrielle répondaient aux salutations de leurs amis.

— Duplessis ! Que pensez-vous du travail de notre confrère ? demanda Viollet-le-Duc à Louis. Mac-Mahon est en train de le décorer !

Un mouvement de foule empêcha Louis de répondre. Une femme couverte de bijoux voyants avançait vers le centre de la galerie. Des jeunes gens l'entouraient, impatients d'entrer dans ses grâces.

Flora avait longtemps cru ne pas pouvoir se hisser au rang de « grande horizontale ». Aujourd'hui, elle se trouvait au sommet de la réussite, n'étant plus considérée comme une « dégrafée1 ». Avoir épousé religieusement James Winsley, un Américain riche à millions, en faisait l'une des reines de Paris. Partout, on requérait sa présence et ceux qui autrefois avaient rétribué ses faveurs étaient devenus amnésiques. Qui aurait osé se souvenir qu'à peine arrivée de Narbonne elle était tombée sous l'autorité d'une maquerelle puis s'était imposée dans un milieu où la concurrence poussait à toutes les dépravations. Dans un miroir, elle guetta son reflet. En dépit de l'alcool et des soupers fins, son corps restait svelte. Dévisageant ses chevaliers servants, elle se demanda lequel d'entre eux terminerait la nuit dans son lit. Faire l'amour l'amusait plus que la compagnie de James Winsley qui avait la délicatesse de voyager souvent. Un seul homme avait, autrefois, su l'émouvoir et elle n'était pas guérie de leur rupture.

Indifférent à la présence de son ancienne maîtresse, Louis rejoignit l'homme qui, d'un signe, l'avait appelé.

— Vous tombez bien, Duplessis... Je souhaitais vous parler.

Edmond Surtel s'exprimait avec froideur mais politesse.

— Je viens d'acheter une quinzaine d'hectares à Louveciennes. Un terrain magnifique. Il faudrait que vous le visitiez et que nous réfléchissions au projet d'une maison.

— Votre confiance m'honore, répliqua Louis.

— J'ai vu plusieurs de vos constructions... Elles m'ont plu. Hortense s'approchait. Edmond admira sa silhouette menue. Sans être étudiés, sa démarche et ses gestes étaient harmonieux. Il s'attarda sur les yeux bleu ardoise, le nez fin et droit, la fossette qui marquait la commissure des lèvres.

— Je ne crois pas que vous connaissiez mon épouse, souligna Louis.

— Je sors peu, répliqua Edmond Surtel.

Hortense lui sourit et il eut l'impression qu'une onde de chaleur faisait fondre l'indifférence qui le coupait du monde. L'entracte se terminant, chacun regagna sa place. Dans un tourbillon de couleurs, les femmes ramassaient leur traîne ou rajustaient une étole sur leurs épaules nues ; certaines s'éventaient avec nonchalance, d'autres croquaient des bonbons à la violette. Des rendez-vous s'échangeaient. Irait-on souper au Café Anglais? Gabrielle, qui avait rejoint sa famille, déclina l'invitatio...
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