On reçoit son langage, on crée sa parole

« Où demeures-tu, dans ta Parole où dans ton image ? » Éternelle question posée par les psychanalystesLa Parole est bien plus qu’une simple association de mots obéissant à des règles de grammaire, condition du langage… Si la Parole se sert du langage, elle est se situe bien au-delà, dans la mesure où elle nous plonge au cœur de la mystérieuse condition humaine et où elle nous relie à l’appel de l’être. Ce faisant, elle révèle en nous l’intuition de « quelque chose de plus grand que nous », que nous ignorons et ne savons dire. Que sommes-nous donc venus faire sur cette terre sinon répondre « en vérité » à cet appel qui nous fait advenir en tant que sujet humain, nous verticalise, nous sort de l’image spéculaire idolâtrique, nous pousse à communiquer les uns avec les autres et à poursuivre en nous-mêmes notre part la plus haute, toujours inaccessible ?Cette Parole nous précède en faisant de nous des êtres symboliques qui s’expriment au travers du Désir, comme disent les psychanalystes. Elle demande à ce que l’on se l’approprie entre naissance et mort pour en devenir sujet (su-Je). C’est le travail d’humanisation d’une vie entière ; cela implique de créer des relations de qualité, de donner du sens, en lien avec les autres et en choisissant des valeurs afin de s’engager dans des actions qu’on appelle éthiques, notamment celles en faveur de la justice et de la protection de la planète.La Parole se sert du langage (mais tout n’est-il pas langage ?) en invitant chaque être humain à poursuivre son accomplissement, en quête d’une unité intérieure toujours différée parce que inappropriable. Ne serait-elle pas le fondement de la dignité humaine ?