Terre promise terre interdite

Tout ce qu’on a retrouvé de François-Jean Armorin (1923-1950), disparu à Bahreïn dans une mystérieuse catastrophe aérienne, c’est la serviette contenant le reportage qu’il venait d’accomplir dans le sud-est asiatique. Joseph Kessel et tous ses confrères ont vu en lui un ardent continuateur d’Albert Londres.

Peu avant la création d’Israël – il a alors vingt-quatre ans – il est indigné par le sort réservé aux Juifs, survivants de la Shoah, qui quittent les enfers éteints de l’Europe pour la terre promise… et interdite, la Palestine étant alors toujours sous mandat britannique. Déguisé en médecin, il embarque à bord d’un cargo pirate surchargé d’émigrants à la recherche du bonheur. Il est, comme eux, pourchassé violemment par les Anglais et interné à Chypre au camp de Xylotymbou. Il a revécu, avec une vérité criante, la tragédie de l’Exodus qui bouleversa l’opinion mondiale et la presse du monde entier : « On ne s’attendait pas à une telle conduite de la part d’un gouvernement britannique, encore moins d’un gouvernement travailliste » (Manchester Guardian).

Grand reporter et grand ami de Joseph Kessel, François-Jean Armorin (1923-1950) fut l’auteur de plusieurs ouvrages et de reportages de guerre, en particulier en Asie. C’est en revenant d’une mission qu’il décéda dans un accident d’avion, au large de Bahreïn.

« Des Juifs quittent l’Europe ne prétend rien d’autre que d’être le visage quotidien et angoissé, pris sur le vif, dans la confusion des sentiments, de notre société assiégée et déjà à demi défaite. La tentation barbare se retrouve en toutes ces pages et le talent de l’observateur est grand qui, ici, nous redonne cette vie déchirée », David Rousset.

« Navires clandestins, émeutes siciliennes, Tour de France, hameau cévenol, crime banal, tout éclatait, fourmillait, vivait et durcissait comme au feu par la vertu de son talent », Joseph Kessel.