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Leçons très privées
EAN13
9782280215039
ISBN
978-2-280-21503-9
Éditeur
Harlequin
Date de publication
Collection
Audace (192)
Poids
114 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais

Leçons très privées

De

Harlequin

Audace

Indisponible
1. ?>Stephen Chu cogna avec force à la porte de l'appartement. Son voyage depuis Hongkong avait duré près de quarante-huit heures et il tombait de fatigue. Les épreuves rencontrées durant son périple avaient été nombreuses et pénibles. Attente interminable à l'aéroport, conversation téléphonique ruineuse en plein ciel pour essayer de sauver l'affaire qu'il avait héritée de son père, douaniers tatillons : rien ne lui avait été épargné. Et maintenant, cette porte qui restait close... Mais ce n'était pas cela qui allait l'arrêter, pensa-t–il, en frappant de nouveau. – Il n'est pas là, fit une voix dans son dos. Stephen se retourna, en agrippant la poignée de sa valise. Bien que peu maniable, ce bagage pourrait toujours lui servir à gagner du temps s'il avait à se battre. Mais très vite, il revint à la réalité. Ce qu'il venait d'entendre, c'était une voix féminine, plutôt amicale et encore lointaine. Une gamine blonde surgit alors de la pénombre dans laquelle était plongé le couloir. Elle devait avoir seize ans tout au plus, ce qui ne l'empêchait pas de le dévisager sans vergogne. Il lâcha sa valise pour adopter une autre tactique de défense, plus adaptée à la situation : le charme. – Je m'excuse, je ne vous avais pas vue, lui fit-il de sa voix la plus douce. Vous dites que M. Gao n'est pas chez lui ? – Il est en retard, répondit-elle en se laissant glisser au sol. Mais vous n'avez qu'à prendre une chaise, nous allons l'attendre ensemble. Etonné, il parcourut le couloir des yeux. Pas une chaise en vue. – C'était une blague, dit-elle après être partie d'un grand éclat de rire. Mais si vous avez peur de vous salir, asseyez-vous sur votre valise. Il regarda le sol. Il en avait déjà connu de bien pires, celui-là était même presque propre. Cela ne l'aurait pas dérangé de s'y asseoir, mais s'il le faisait, il craignait de ne jamais pouvoir se relever. – En fait, reprit-il, ce n'est pas M. Gao que je cherche, mais Mlle Tracy Williams. Savez-vous où elle se trouve ? – Elle est avec Nathan, évidemment. Lorsque, ensuite, elle lui sourit, il put se rendre compte de deux choses. Tout d'abord qu'elle était sans doute plus âgée qu'elle ne lui avait semblé au premier abord. Il y avait en effet dans son regard un sérieux qui contrastait avec la bonne humeur qu'elle affichait. Et cette tristesse dans ses yeux, présente même lorsqu'elle souriait, ne pouvait qu'être le fruit de l'expérience. Et ensuite qu'elle était extrêmement belle. Si belle qu'il se demanda comment cela avait pu lui échapper. Mais elle, imperturbable, continuait de parler de Nathan et Tracy. – En ce moment, ils ne font pas un pas l'un sans l'autre, dit-elle. Comme des jeunes fiancés, quoi... – Je sais, ils s'entendent bien. C'est pour cela que je suis ici. Mais... Le sens des mots qu'elle venait de prononcer le frappa soudain. – Vous avez dit « fiancés » ? – Exact. Tracy et Nathan vont se marier. Qu'est-ce que vous lui voulez à Tracy, d'ailleurs ? – Elle est... Enfin, elle était... Maudit décalage horaire qui l'empêchait de penser correctement et de formuler une phrase complète ! – Fiancée ? reprit-il. A Nathan ? Mais pourquoi ? – Peut-être parce qu'ils sont amoureux, lui répondit la jeune fille après s'être fendue d'un nouvel éclat de rire assez peu distingué. Il me semble que c'est comme ça que ça marche d'habitude. Malgré le sarcasme, il décela dans sa voix une pointe d'amertume à laquelle il souscrivit en silence. Ses parents, eux aussi, avaient été amoureux, d'après ce qu'on lui avait dit. Mais cela lui paraissait difficile à croire. Et si, un jour, cela avait pu être vrai, ce n'était déjà plus le cas lorsqu'il avait été ce petit garçon livré à lui-même. Etait-ce l'amour, se demanda-t–il alors – ou son absence –, qui était la cause de la tristesse qui se lisait sur le visage de cette fille ? Visage décidément magnifique. Ses immenses yeux d'un bleu cristallin lui rappelaient le ciel de la steppe mongole.
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